Sous les pierres dorées de Saint-Émilion, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, des milliers de travailleurs saisonniers s’activent chaque année dans les vignes. Mais à l’ombre des chais prestigieux, c’est une toute autre réalité qui se joue : celle du mal-logement.
Dans un rapport publié ce vendredi 4 juillet, la Chambre régionale des comptes (CRC) Nouvelle-Aquitaine dresse un constat sévère. À Saint-Émilion comme ailleurs en Gironde :
« Le nombre et, dans certains cas, les caractéristiques des logements ou hébergements disponibles ne sont pas en adéquation avec les besoins des travailleurs saisonniers. »
Le nombre de saisonniers est difficile à évaluer précisément, en raison de l’absence de méthode de comptage unifiée entre l’Insee, l’Urssaf ou la MSA. En 2021, une estimation faisait état de plus de 250 000 en Nouvelle-Aquitaine, soit près d’un cinquième du total national.
Pourtant, leur hébergement reste le parent pauvre des politiques publiques. Les besoins sont extrêmement hétérogènes : certains travailleurs recherchent des logements fixes, d’autres – notamment dans l’agriculture – préfèrent des aires d’accueil pour véhicules aménagés. Le rapport établit cependant une estimation des travailleurs saisonniers : Saint-Émilionnais 9 000 environ (uniquement
saisonniers agricoles) – Libournais 6 100 environ – Médoc 19 000 environ.
Une obligation ignorée par la commune
La majorité des saisonniers travaillent dans des zones touristiques ou littorales, déjà frappées par une forte tension immobilière. Résidences secondaires, Airbnb, loyers prohibitifs : le marché privilégie les touristes fortunés aux travailleurs précaires.
Depuis 2016, les communes touristiques sont tenues de signer avec l’État une convention relative au logement des saisonniers. Cette convention « devrait permettre de réaliser un diagnostic plus fin des besoins en termes du logement des travailleurs saisonniers, de définir ou de mettre en cohérence les actions qu’elles mettent déjà en œuvre dans ce domaine ».
« En Nouvelle-Aquitaine, 260 communes sont soumises à cette obligation, dont 189 dénommées touristiques et 71 stations de tourisme classées », précise la CRC. Or, celle-ci a constaté que sur les territoires couverts par son enquête, « 23 seulement des 44 communes concernées se sont conformées à cette obligation, souvent plusieurs années après le délai imparti pour le faire (décembre 2019) ».
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