On a presque envie de dire : « Pas la peine de s’énerver ! » Depuis ce 27 juin, jour où Rue89 Bordeaux a révélé le courrier du maire de Bordeaux à son homologue israélien de la ville d’Ashdod pour annoncer la suspension de « toute activité de coopération » entre les deux villes jumelées, les réactions s’enchainent.
A gauche, on se réjouit d’une telle décision, la France insoumise allant jusqu’à crier « Victoire » et considérant que sa pression a payé. A droite, les opposants et candidats aux municipales s’insurgent : Thomas Cazenave (Renouveau Bordeaux) estime que Pierre Hurmic « décide seul », tout comme Nathalie Delattre (Bordeaux ensemble), fustigeant une décision « d’autant plus brutale qu’elle a été prise de manière solitaire » ; tandis qu’Alexandra Siarri (Bordeaux ensemble) dénonce « une instrumentalisation d’un drame humain à but électoraliste ».
Amalgame ?
La réaction du député macroniste, postée sur X, qualifie la décision de « choquante et incompréhensible ». Alors l’ancienne adjointe d’Alain Juppé chargée des affaires sociales se demande « quel est le poids de la diplomatie de la Ville de Bordeaux dans le conflit israélo-palestinien ? ».
La ministre déléguée en charge du tourisme demande à Pierre Hurmic de « revenir sur sa décision »et affirme avoir adressé une lettre au Maire d’Ashdod pour lui faire part de son désaccord avec cette décision.
« Une telle suspension, présentée comme un geste de principe, apparaît en réalité en totale contradiction avec les valeurs mêmes du jumelage : maintenir le dialogue entre les peuples même au cœur des tensions, précisément pour promouvoir la paix et la compréhension mutuelle », écrit Nathalie Delattre.
L’élue rappelle que Pierre Hurmic avait défendu l’idée « que les peuples puissent se parler entre eux indépendamment de la folie meurtrière de certains dirigeants ». Elle cite par ailleurs Céline Papin, adjointe au maire en charge des coopérations territoriales, européennes et internationales, interrogée par Rue89 Bordeaux, qui invitait à ne pas « faire un amalgame entre la politique d’un gouvernement – que nous dénonçons – et le peuple israélien ».
« Dernier échange en 2021 »
Pour rappel, un jumelage est un partenariat officiel entre deux villes de pays différents, fondé sur des échanges culturels, éducatifs ou économiques. Il vise à renforcer les liens entre les populations, favoriser la coopération et encourager la solidarité internationale. Ces relations se traduisent souvent par des visites, des projets communs ou des événements partagés.
Cependant, dans ce même entretien, Céline Papin précise à propos du jumelage entre Bordeaux etAshdod, qu « il n’y a pas de projet actif » en cours :
« Le dernier échange remonte à janvier 2021, dans un cadre mémoriel autour de la Shoah. Depuis, aucun plan d’action n’a été défini, ni d’une part ni de l’autre. Des échanges informels peuvent exister via d’autres canaux commerciaux ou économiques, mais la Ville, elle, n’y est pas impliquée. »
Depuis 2021 donc, plus aucune coopération n’existe avec la ville israélienne d’Ashdod. L’annonce de Pierre Hurmic interpelle d’autant plus qu’il insiste sur « l’activité de coopération », finalement inexistante depuis plus de quatre ans. Alors à quoi bon ?
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