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La nouvelle ligne ferroviaire du gouvernement fait réagir pro et anti LGV Toulouse-Bordeaux-Dax

La position de l’Etat à l’issue de la conférence « Ambition France Transports », donnant la priorité financière à la régénération du réseau existant, relance le débat sur les lignes nouvelles du Sud-Ouest. Tandis que les collectivités membres de la Société GPSO demandent de « ne pas mettre en péril le chantier en cours », les maires de Bordeaux et Bayonne réclament une rénovation de la ligne actuelle vers l’Espagne, sans attendre une toujours plus hypothétique LGV.

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La nouvelle ligne ferroviaire du gouvernement fait réagir pro et anti LGV Toulouse-Bordeaux-Dax
TGV en gare de Bordeaux Saint-Jean

Le chantier de l’A69 a repris, au grand dam des militants et élus écologistes du Sud Ouest, mais l’actualité concernant la Ligne nouvelle du Sud-Ouest pourrait les réjouir. Longtemps partisan de ce projet, l’État, dans un contexte d’austérité et de fortes coupes budgétaires annoncées, envisage de remettre son financement en question.

Alors qu’il s’était engagé à abonder 40% du budget de la LGV Bordeaux-Toulouse, le gouvernement a, à l’issue de la conférence Ambition France Transports, le 9 juillet dernier, demandé une réévaluation du coût et de l’impact écologique des projets d’infrastructures ferroviaires, et le cas échéant d’en abandonner certains pour prioriser l’entretien du réseau existant 

Dans un communiqué publié ce jeudi 31 juillet, les collectivités composant le bureau de la Société du Grand Projet du Sud-Ouest (SGPSO), dont les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et les métropoles de Toulouse et Bordeaux, demandent donc au gouvernement « de ne pas mettre en péril le chantier en cours de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse-Dax, dont les travaux ont débuté il y a plus de 18 mois ».

Seulement 140 millions par an pendant 40 ans

Elles minimisent l’engagement de l’Etat, 40%, « à part égale avec les collectivités », qui représente « un investissement dans l’avenir d’environ 140 millions d’euros par an (130 millions d’euros pour 2026), soit 0,03% de son budget annuel de 445 milliards d’euros », pendant 40 ans. Celui-ci s’ajoute aux 62 millions de nouveaux impôts d’ores et déjà payés chaque année par les contribuables spécifiquement pour ce projet, via les taxes spéciales d’équipement et sur la cotisation foncière des entreprises, et celle additionnelle à la taxe de séjour.

SGPSO rappelle en outre que le rapport de la conférence Ambition France Transports, identifie « plusieurs nouvelles ressources financières, dont notamment, les recettes générées par les péages autoroutiers estimées à 2,5 milliards d’euros par an, ou encore les quotas carbones concernant le transport routier, mis en place par l’Union Européenne dès 2027 ».

« Reculer sur ce projet reviendrait également à priver le territoire d’un financement de l’Union européenne de 3 milliards d’euros, ce qui serait une faute financière et stratégique, ainsi que dramatique en termes d’emploi, 10 000 étant attendus. »

Une alternative vers l’Espagne

Selon le plan de financement des lignes nouvelles, l’Union européenne est en effet censée subvenir à 20% du coût de GPSO (sur 14 milliards au total). Sauf que jusqu’à présent, elle n’a pas apporté les subventions escomptées, rappellent dans un communiqué commun le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, et le maire de Bayonne et président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, Jean-René Etchegaray :

« Le projet LNSO ne figure pas parmi les bénéficiaires de l’appel à projets 2024/2025 contrairement aux années précédentes, sachant qu’il n’y aura pas de nouvel appel avant 2028. »

Dans un courrier adressé au ministre des transports, les deux élus locaux, à l’initiative d’un appel lancé en 2023 pour une liaison rapide France-Espagne, plaident pour que cette stratégie de connexion ferroviaire atlantique « soit reconsidérée à la lumière des conclusions de la dernière Conférence de financement ».

Selon eux, elle doit s’orienter « sans délai vers la requalification à 220 – 250 km/h de la ligne actuelle Bordeaux-Hendaye, qui comporte la plus grande ligne droite de notre réseau, sur laquelle des trains ont jadis battu des records de vitesse au-delà de 300 km/h ».

L’opportunité de la LGV vers Dax

Déplorant que « depuis près de 20 ans, la France bloque délibérément toute autre solution de connexion en entretenant le mirage d’une LGV conçue à une autre époque », ils estiment que « seule cette solution de requalification de la ligne, de moindre coût […], permettrait de tenir nos engagements européens à l’égard de l’Espagne, dans un délai plus raisonnable, après deux décennies d’attentisme, à un tarif plus abordable pour les voyageurs et avec une desserte plus fine du territoire ».

« On ne peut plus tourner le dos à l’Espagne », martèlent les deux maires, reprenant malicieusement les termes d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, tenus le jour même pour défendre GPSO.

Pour l’instant le gouvernement ne s’est pas spécifiquement exprimé sur la question de GPSO. Il a saisi le conseil d’orientation des infrastructures pour évaluation, attendue dans les prochains mois. En 2018, cette même instance avait déjà mis en question « l’opportunité » d’une LGV Bordeaux-Dax :

« Il semble en effet que moyennant des travaux de relèvement de vitesse sur la ligne [NDLR : les voies actuelles], il est possible d’obtenir quasiment les mêmes bénéfices qu’une ligne nouvelle à un coût bien moindre. »


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