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« Le collège Alice-Milliat est censé être classé REP+ depuis quatre ans » : les enseignants de nouveau en grève à Bordeaux Lac

Les enseignants réclament le classement en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) depuis l’ouverture du collège Alice-Milliat, à Ginko, il y a quatre ans. Une absence de reconnaissance qui pèse lourdement sur le quotidien du personnel, en grève jusqu’à la fin de la semaine, et des élèves.

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« Le collège Alice-Milliat est censé être classé REP+ depuis quatre ans » : les enseignants de nouveau en grève à Bordeaux Lac
Les gréviste ont attaché au portail de l’établissement une banderole sur laquelle on pouvait lire « À Bordeaux-Lac, ça craque. Éducation en danger. REP+ pour nous aider »

Tous les indicateurs sont au rouge… mais rien ne change. Depuis mercredi matin, 92% des enseignants du collège Alice-Milliat (anciennement Ginko), à Bordeaux Lac, sont de nouveau en grève pour réclamer le classement en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) de l’établissement.

« On est censé être classé REP+ depuis maintenant quatre ans [depuis l’ouverture, NDLR]. On nous dit que tous les indicateurs sont favorables à cette issue, que c’est une question ministérielle et qu’on est prioritaire. […] Et sur le plan ministériel, on nous répond qu’ils ne peuvent pas parce que la carte scolaire est figée », soupire Marine Boivin, professeure d’EPS et représentante des enseignants.

Le classement en REP+ est basé sur l’indice de positionnement social (IPS), lui-même calculé en fonction de plusieurs critères comme le taux d’élèves ayant redoublé avant la sixième, le taux d’élèves boursiers ou le taux d’élèves résidant dans un quartier politique de la ville. Plus le chiffre est bas, plus l’école nécessite d’être classée.

Limiter les effectifs par classe

Au collège Alice Milliat, qui accueille une population scolaire issue majoritairement de milieux défavorisés, notamment des Aubiers, il est égal à 85, un chiffre dans la moyenne des établissements REP+. À titre d’exemple, l’établissement Francisco-Goya, dans le centre de Bordeaux, est classé en REP avec un IPS de 114, un élément qui ajoute à l’incompréhension des enseignants.

Cette labellisation impliquerait des effectifs limités à 25 élèves par classe, permettant un suivi plus efficace, un renforcement des équipes pédagogiques avec des enseignants et des assistants d’éducation (AED) supplémentaires ou encore des moyens supplémentaires pour renforcer l’accompagnement dans la réussite au brevet des collèges.

L’établissement recense à ce jour environ 450 élèves. L’équipe éducative se compose quant à elle de 30 enseignants, un CPE et quatre AED. Avec des classes à plus de 30 élèves, ces effectifs ne sont « absolument pas suffisants » pour le public accueilli au collège, assure Marine Boivin. Et cela se traduit sur les résultats, avec un taux de réussite au brevet « très faible », de seulement 56 %.

Un quotidien difficile

Les enseignants témoignent d’un quotidien marqué par des violences verbales et physiques régulières et un nombre « affligeant » de conseils de discipline. Une situation qui complique leur travail, certains se voyant mal continuer dans ces conditions.

« On est une équipe soudée et on s’entend tous très bien, mais il est clair que dans le quotidien, c’est vraiment très très difficile, concède la professeure d’EPS. Et puis c’est un échec pour nous aussi, une frustration permanente de voir nos élèves en échec et de ne pas pouvoir faire plus que ce qu’on fait déjà. »

Pour les parents aussi, la situation n’est pas facile. Laetitia Dupaquier a scolarisé ses deux enfants à Bordeaux Lac, sa fille en sixième et son fils ainé en troisième. Témoin des difficultés rencontrées par l’établissement depuis son ouverture, la représentante des parents d’élèves regrette que le dossier « n’avance pas du tout » :

« On voit bien que par rapport à l’hétérogénéité du niveau des élèves, ils sont beaucoup trop par classe. On en a besoin |du classement en REP+] pour faire diminuer le nombre d’élèves par classe, pour le soutien scolaire, etc. », souligne-t-elle.

Plus de moyens… mais pas de REP+

Contacté, le rectorat assure apporter « toute son attention » à la situation du collège Alice-Milliat, notamment « compte-tenu de sa composition sociale ». Il affirme ainsi que le collège a bénéficié pour cette rentrée du recrutement d’un principal adjoint, de surveillants supplémentaires et de « moyens supérieurs à d’autres collèges plus favorisés pour que des dédoublements de classe soient effectués ».

Les effectifs de la rentrée étant « supérieurs aux prévisions », ces moyens supplémentaires pourraient aussi permettre de « créer des classes supplémentaires à la prochaine rentrée si c’est nécessaire ». Des éléments confirmés, bien que relativisés, par les grévistes.

« La première année, on a eu beaucoup de moyens supplémentaires et depuis trois ans on est très bien suivis sur le plan financier, c’est vrai. Mais c’est ce qui nous est dû : le poste d’adjoint, pour lequel on a bataillé pendant trois ans, les heures et les AED supplémentaires, on aurait dû les avoir à l’ouverture. Ce qu’ils donnent là comme un cadeau, c’est ce qui nous était dû depuis le départ. »

Au sujet du classement en REP+, le rectorat envoie de nouveau la balle dans le camp du ministère de l’Education nationale et maintient que « la carte de l’éducation prioritaire est définie au niveau national et n’a pas été revue récemment ».

Les représentants des personnels de l’établissement seront reçus vendredi par le directeur des services de l’Éducation nationale en Gironde. Une rencontre dont les grévistes, qui entendent déjà poursuivre le mouvement jeudi et vendredi, n’attendent pas beaucoup. « C’est le pansement, le tout petit pansement, sur la jambe de bois », glisse même la représentante des parents d’élèves.


#bordeaux lac

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