« Sauvons la forêt, l’Europe ne doit pas céder aux lobbys » peut on lire sur le bus devant la salle de la mairie de Sauviac. Affrété par Canopée, il traversera la France, jusqu’à Bruxelles, avec 9 étapes et autant de réunions publiques, dont la première se tient ce jeudi 8 octobre dans ce village du sud Gironde.
La tournée veut alerter le public contre les tentatives des sylviculteurs industriels de repousser, voire d’empêcher définitivement, l’entrée en vigueur à la fin de l’année d’un règlement européen visant à interdire la vente de bois issus de forêts qui se régénèrent naturellement et sont transformées en plantations d’arbres.
« Ce que n’avait pas compris la filière, c’est que ce texte s’appliquera aussi chez nous, et pas juste aux Brésiliens qui transforment l’Amazonie en forêt d’eucalyptus, souligne Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée. Les industriels européens savent que cela va mettre fin aux coupes rases de feuillus. Et c’est pour ça que ça s’agite. »
Sous protection des CRS
Pour une conférence dont le thème n’est a priori pas explosif – « protéger les peuplements semi-naturels de feuillus dans la vallée du Ciron et le massif des Landes » – des dizaines de gendarmes et de CRS sont déployés, casques et boucliers aux pieds. Car une contre-manifestation de forestiers et de chasseurs ayant Canopée dans le collimateur est annoncée.
En cette fin de journée, près de 200 personnes venues pour la réunion attendent, pour certains appelés en renfort de dernière minute. Mais les responsables de Canopée entendent bien discuter pacifiquement avec les Entrepreneurs de travaux forestiers (ETF) de Nouvelle-Aquitaine, qui ont appelé à ce rassemblement, et invitent à ne pas provoquer ou répondre aux insultes.
Vers 18h, une cinquantaine de personnes arrivent depuis Bazas dans le village derrière une banderole. « Les conséquences des méthodes des assos extrémistes, c’est aussi ça ! », y est-il écrit à côté d’une photo d’engin forestier incendié en Dordogne l’été dernier.
Attiser le feu
Président des ETF, Steve Cazorro affirme au micro que « plus de 175 actes malveillants ont été commis en cinq ans contre des forestiers en Nouvelle-Aquitaine, contre 4 seulement entre 2018 et 2020″… c’est-à-dire avant la création de Canopée, dont il accuse les « vidéos virales au ton violent et aux images choquantes » de donner envie à des militants « d’aller plus loin ».
« Ces associations se disent pacifiques mais elles attisent la haine envers les travailleurs », poursuit-il, appelant Canopée à un « devoir de modération ». L’entrepreneur médocain cite l’exemple d’un commentaire – « Il faut cramer leur machine » – publié sous une vidéo de l’ONG le 11 avril dernier, et demande « des enquêtes sur ces intimidations ».
« Quand on voit ces messages d’insultes ou de menaces, ils sont supprimés », lui répond Bruno Doucet, chargé de campagne de l’association, rappelant la difficulté de filtrer tous les commentaires, alors que la vidéo en question en a suscité 3500.
« Pourquoi les gens s’énervent ? Parce qu’ils voient des coupe rases », avance-t-il. Et en l’occurence, dans le post du 11 avril, celle d’une forêt de chênes de 7 hectares dans l’Indre, coupée par la coopérative géante Alliance Forêt Bois sans les autorisations nécessaires, selon Canopée. Ce pour fabriquer notamment des copeaux destinés à alimenter une chaudière à Tours, malgré la volonté de la ville de ne pas se fournir avec du bois « issu de forêts ravagées », d’après Bruno Doucet.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.
Contribuez à consolider un média indépendant à Bordeaux, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.
- Paiement sécurisé
- Sans engagement
Déjà abonné⋅e ?
Connectez-vous
Chargement des commentaires…