Dans la soirée du 25 décembre, peu avant 23h, un véhicule Renault Mégane RS, avec à son bord quatre assaillants, fait irruption dans le quartier des Aubiers. Des coups de feu sont tirés place Ginette-Neveu. Dépêchés sur place, les services de police et de secours constatent qu’un jeune homme de 19 ans gisant au sol est grièvement blessé à la tête. Malgré les soins prodigués au CHU de Bordeaux, ce dernier succombera à ses blessures le lendemain matin.
« L’autopsie a pu être réalisée le lendemain et a permis d’apprendre que la victime présentait trois plaies : deux traversantes, l’une mortelle à la tête, l’autre au niveau de l’abdomen, et enfin une troisième non traversante située au niveau de la cuisse avec la découverte d’une ogive dont le calibre reste à déterminer », détaille le Procureur de la République, Renaud Gaudeul.
Originaire de Trappes, la victime est l’un des quatre membres du commando, probablement atteint par le coup de feu d’une personne présente sur place, et qui n’a pas été retrouvée à ce stade. Elle était déjà connue de la Justice, notamment pour avoir été condamnée à cinq reprises, essentiellement pour des infractions à la législation sur les stupéfiants. La dernière remontait au 3 octobre 2025 ; l’intéressé était sorti de détention le 28 novembre dernier sous le régime de la libération sous-contrainte.
Au moments des faits, le jeune homme de 19 ans était porteur d’un gilet pare-balles, d’une cagoule ainsi que de gants scotchés aux manches de sa veste. Une perquisition menée quelques jours plus tard à son domicile à Trappes a permis de découvrir un fusil à pompe et un pistolet 6.35.
3 suspects arrêtés
Dans la foulée de la fusillade, les forces de l’ordre se sont mises à la recherche du véhicule utilisé par les assaillants. Ce dernier est retrouvé par une équipe de la CDI (compagnie départementale d’Intervention) à Bruges, moteur tournant et les portières avant ouvertes. Le véhicule, muni d’une fausse plaque d’immatriculation, était déclaré volé depuis le mois de novembre à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines).
« Un fusil de type Colt AR-15, pourvu d’un chargeur de catégorie A et de munitions de catégorie C a été découvert dans un jardin qui jouxtait ce véhicule Renault Mégane, continue le Procureur. Quelques instant plus tard, et à 300 mètres de ces lieux, un équipage de la CDI a observé un VTC dont le comportement des deux passagers leur a semblé suspect, de sorte qu’ils ont procédé à un contrôle de ces individus âgés de 20 et 24 ans qui ont ensuite été placés en garde à vue. »
Le lendemain, les services de polices se sont rendus à l’adresse fournie par le chauffeur VTC, celle d’un Airbnb à Artigues-près-Bordeaux : sur place, ils tombent sur un jeune homme de 19 ans, porteur d’un gilet pare-balles et d’une cagoule. La perquisition du logement permet de retrouver des éléments d’armes ainsi que des cartouches.
Une expédition punitive ?
Les trois suspects placés en garde à vue ont été entendus. Ils sont tous originaires de Reims, deux d’entre eux sont frères et seul le troisième était connu de la justice, pour une infraction à la législation sur les armes.
« Les trois individus indiquent être venus à Bordeaux la veille des faits en train, après avoir répondu à un appel d’une tierce personne leur demandant de se rendre à Bordeaux et leur ayant fourni le moyen de transport. Sur place, ils ont été pris en charge par un véhicule qui les a mené directement au Airbnb. Les trois individus indiquent qu’ils ont été rejoints par un quatrième, qui s’avère être la victime qu’on retrouvera le 25 au soir, et que c’est à ce moment là que leur ont été remis les armes, les gilets pare-balles, les cagoules et les gants. »
La suite, on la connaît donc. Les quatre assaillants se rendent aux Aubiers dans la Renault Mégane RS. Une fois sur place, ils sortent du véhicule mais sont eux-mêmes pris pour cible. Des zones d’ombre persistent cependant sur les raisons de la présence de ces quatre assaillants à Bordeaux. Ces derniers « ont varié dans leurs explications », ne permettant pas d’arriver à une version concordante.
« Une expédition, oui, punitive, je ne sais pas », concède Renaud Gaudeul. Le Procureur se permet tout de même d’ajouter que « la piste largement privilégiée est celle d’un lien avec le trafic de produits stupéfiants », notamment en raison du mode opératoire, qui n’est « pas un phénomène propre à Bordeaux » rappelle-t-il, et du lieu des faits.
Le tireur toujours recherché
Les trois individus interpellés sont placé en détention provisoire. Il ont été présentés le 29 décembre à un magistrat de la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux et ont été mis en examen pour tentative de meurtre en bande organisé, association de malfaiteurs ainsi qu’acquisition et transport d’armes et de munitions des catégories A, B et C en bande organisée.
Ils ne sont pas mis en examen pour le meurtre en lui-même, n’étant pas à l’origine des tirs mortels. L’auteur des coups de feu ayant coûté la vie au jeune de 19 ans est, quant à lui, pour le moment toujours recherché.
« Le surlendemain des faits, une opération de fouille de toutes les parties communes dans le secteur des Aubiers a pu être menée et a permis la découverte d’un fusil à pompe ainsi que de quatre cartouches, dont l’une était chambrée, dans les étages supérieurs de l’un des immeubles. Ce fusil à pompe, en l’état actuel, est très ressemblant à l’un des fusils que l’on recherchait dans le cadre de notre dossier. »
S’agit-il de l’arme du crime ? « Nous sommes en attente des expertises balistiques », confirme le Procureur de la République. Quelques témoins ont déjà été entendus mais aucune interpellation sur place n’a pour le moment été réalisée.

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