Dévoilé ce vendredi 12 décembre, le nouveau rapport de l’Observatoire des Subventions et Aides Agricoles (ObSAF) – jeune organisme indépendant créé fin 2024 et basé dans le Périgord –, consacré à la filière foie gras en Nouvelle-Aquitaine pour la période 2022-2025, dresse l’étonnant tableau d’un produit iconique de la région. Celle-ci, avec plus de 1600 exploitations de canards gras, représente 56% de la production nationale de en 2023, soit plus de 10 millions d’individus abattus, selon les données de l’Agreste.
Derrière l’image de tradition gastronomique, la production repose sur une usine à financements publics qui tourne rond. Le document évoque sans détour « un modèle agricole sous perfusion publique ». Les aides cumulées approchent 13,8 millions d’euros au total sur les quatre ans de la période étudiée – aides à l’élevage, à la transformation, ainsi que les aides d’innovation, communication, diversification.
Près de 60% proviennent de l’Union européenne, via le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), 2e pilier de la PAC (politique agricole commune), qui est géré par la Région Nouvelle-Aquitaine. Cette dernière est ainsi un soutien majeur de la filière – notamment via le programme Néo Terra qui présente les plans de modernisation des élevages comme des instruments de transition écologique.
Obstruction
La Région concentre 35,8% des montants identifiés. Mais cela ne reflète pas toute la réalité. L’un des éléments les plus marquants du rapport réside en effet dans la difficulté pour l’ObSAF à obtenir les données nécessaires, d’où sa qualification de « préliminaire ». Sur les 13 administrations sollicitées, seules 7 ont transmis des documents.
Quatre départements affirment ne détenir aucun document relatif à la filière (Creuse, Charente, Lot-et-Garonne et Vienne), quand cinq autres n’ont tout simplement pas répondu -Charente-Maritime, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Landes – alors que ces deux derniers départements sont des fiefs du foie gras.
« La Région Nouvelle-Aquitaine a explicitement refusé de répondre à notre première demande. Face à ce refus, l’ObSAF a sollicité un cabinet d’avocats afin de formuler une nouvelle demande plus précise. »
Dans les cas de refus ou de silence prolongé, l’observatoire a dû saisir la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) regrettant « le manque de coopération de certaines administrations ». Il critique également une « architecture complexe, caractéristique d’une gouvernance multi-niveaux » avec des financements qui se superposent, parfois jusqu’à brouiller la compréhension du public.
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