« Je travaille et parle bien le français mais ne sait pas l’écrire. Je n’aurai pas de titre de séjour », pouvait-on lire sur une des pancartes brandies ce mercredi 17 décembre devant le Grand Théâtre. « J’ai 8 ans, je vais continuer à dormir dehors avec ma famille », affirme une autre.
D’autres messages dénonçaient la rétention des étrangers avant leur expulsion – « Migrer n’est pas un crime, enfermer en est un » –, ou la précarité subie par de nombreux travailleurs contribuant légalement à l’économie française : « Je suis livreur à vélo. Je vais encore rester sans papiers. »
A la veille de la Journée internationale des personnes migrantes, un collectif local de syndicats et associations (FSU, Réseau éducation sans frontières, la Cimade…) a appelé à une mobilisation ce mercredi 17 décembre place de la Comédie à Bordeaux, à laquelle ont participé une cinquantaine de personnes.
« Une journée sans nous »
L’après-midi a été ponctuée par des prises de paroles, de témoignages, et de prestations artistiques et engagées (chorale Unisson, slam…). L’occasion de relayer deux appels, l’un d’entre eux, intitulé « Né·es ici ou venu·es d’ailleurs : pour une France de liberté, d’égalité et de solidarité », dénonce les politiques migratoires actuelles et revendique l’égalité des droits pour toutes et tous.
L’autre, une initiative de la Marche des solidarités, propose la tenue d’ « Une journée sans nous », action sous forme de grève ou d’un arrêt de l’activité des personnes étrangères le 18 décembre afin de rendre visible leurs rôles dans le fonctionnement économique et social du pays.
« L’idée est de montrer que ce pays ne marche pas sans les personnes immigrées », résume Maria Lefort, bénévole à La Cimade.

Le collectif dénonce les restrictions à l’accueil des personnes étrangères, les refus de régularisation ou de renouvellement de titres de séjour, ainsi que le recours aux obligations de quitter le territoire français et à la rétention administrative. Et alerte sur les conséquences de ces pratiques : ruptures de contrats de travail, perte de droits sociaux, difficultés d’accès au logement et situations de précarité.
« La situation des personnes étrangères en France se dégrade de plus en plus. À chaque nouvelle loi ou circulaire, on espère une amélioration, mais c’est l’inverse qui se produit », ajoute Maria Lefort.
La régularisation comme priorité
Elle souligne en particulier « l’impossibilité croissante d’obtenir un titre de séjour », empêchant selon elle de nombreuses personnes de « vivre dignement, travailler légalement, se loger correctement ».
« En faisant attendre indéfiniment les personnes qui demandent une régularisation, ou en ne renouvelant pas des titres de séjour sous des prétextes illégitimes, la préfecture fabrique des sans-papiers », estiment des manifestants.
Pour les associations mobilisées, la revendication principale reste une régularisation « large et durable » des personnes déjà présentes sur le territoire.
« Ce dont les personnes ont besoin, c’est de pouvoir vivre normalement, pas dans des situations de précarité », souligne Maria Lefort, rappelant que les personnes étrangères « ont toujours contribué et continuent de contribuer à la richesse du pays ».

Chargement des commentaires…