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Le blog EducAttentats, « arme d’instruction massive »

EducAttentats est un site participatif bordelais qui vient d’être mis en ligne par Média-Cité. En réaction aux attaques de Paris, il propose des outils et des « kits » éducatifs pour décrypter l’information et dénoncer les rumeurs et fausses images.

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Le blog EducAttentats, « arme d’instruction massive »

Capture écran de la page d'accueil d'EducAttentas
Capture écran de la page d’accueil d’EducAttentats

Comment identifier les images détournées circulant sur les réseaux sociaux ? Comment parler à ses élèves et aux enfants des attentats ? Où s’informer ?  Moins de 48 heures après les attaques qui ont frappé l’Ile-de-France, Média-Cité, une plateforme bordelaise de mutualisation autour de projets numériques en Aquitaine, a mobilisé toute une équipe de contributeurs bénévoles pour mettre en ligne EducAttentats, un blog qui réunit des « outils, démarches, kits et stratégies pour aider les parents, les éducateurs, les enseignants et les médiateurs dans la situation de crise liés aux attentes de Paris » :

« Histoire de répondre à la barbarie avec des armes d’instructions massives. »

Sur une initiative enclenchée le lendemain des attentats, Gérald Elbaze, responsable de Média-Cité, a lancé un appel, via une page Facebook, à toutes les bonnes volontés pour partager les liens et les idées disponibles sur internet. Le résultat « éditorialisé » est mis en ligne dès ce lundi matin pour piocher dans « les ressources utiles à la médiation avec nos enfants… »

« On a pu s’organiser grâce à nos contacts dans toute la France sur la médiation numérique : des lieux et des personnes qui accompagnent les citoyens, les enseignants, les éducateurs sur les usages du numérique, explique Gérald Elbaze. Quand j’ai vu ce flot ouvert des chaines infos, des réseaux sociaux – et notamment l’importance prise par Twitter et Facebook, j’ai fait le lien entre ces personnes autour d’une problématique : lundi tout le monde va être en difficulté. »

Facebook et Twitter, « ce n’est pas l’outil qui détermine l’usage »

Sur la page Facebook, premier lieu de rendez-vous pour les contributeurs, tout un tas d’informations et d’articles ont été partagés. Ces derniers ont été également échangés via twitter avec le hashtag #Educattentats (qui a donné son nom au blog) :

« Ce qui tend à démontrer que ce n’est pas l’outil qui détermine l’usage. Facebook et Twitter peuvent être un poison ou un remède. Tout dépend comme on l’utilise. C’est le principe du pharmakon mis en avant par Stiegler… comme l’arsenic, ce qui compte c’est la thérapeutique, la manière dont on l’administre. »

Sur les moyens mis à disposition, Médias-Cité dispose de ses plateformes d’hébergement, ce qui a donné la réactivité nécessaire à la mise en ligne du projet. Celui-ci, contrairement à la page Facebook fait le tri dans les informations pour les proposer avec des entrées, des descriptions et des thématiques structurées :

« C’est pour cette raison que nous avons dissocié la partie “collecte” via un groupe Facebook et la partie “publication” via un site en ligne. Mais nous avons déjà eu des débats durs ! Notamment autour d’une ressource en ligne qui mettait en avant l’utilisation des consoles PS4 comme outil de messagerie entre personnes radicalisées. L’intervention croisée de deux contributeurs, Yann Leroux et de Vanessa Lalo, nous a permis d’éviter de tomber dans un piège d’une fausse information qui relève d’une légende urbaine, comme il y en a tant sur les réseaux numériques. »

Préparer l’étape suivante : la prévention

Le site propose ainsi des textes allant d’éditeurs comme Bayard Presse à des médias d’informations comme France24, en passant par le portail national des professionnels de l’éducation, Eduscol, et des démarches personnelles de certains enseignants :

« Concernant les droits d’utilisation, nous tentons de rentrer en contact avec les personnes, précise Gérald Elbaze. Et c’est tout l’avantage de ne pas être une ressource “officielle”. On peut dialoguer a posteriori. De plus, tout le monde est dans de très bonnes dispositions. Nous avons même eu dans la nuit de samedi la Community Manager d’un grand éditeur national de manuels scolaires qui est venu nous aider… »

Mais le travail des 168 contributeurs au groupe Facebook (chiffre relevé ce lundi à 10h) ne s’arrête pas là comme l’explique l’initiateur du projet :

« Nous sommes déjà en train de préparer l’étape suivante : repérer les mécanismes de radicalisation en ligne et proposer des solutions aux parents avec des systèmes d’aide qui leur permettront de décoder et de prévenir. Dans le contexte de l’actualité, le premier réflexe de ces parents est d’interdire internet à leurs enfants. Du coup, les pratiques de radicalisation vont être “enterrées” et on aura des difficultés à les repérer. »


#attentat

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