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Maurin : « Des réponses concrètes au mal-être des gens »

Candidat du Front de gauche à Bordeaux, Vincent Maurin veut séduire les déçus du hollandisme. Directeur d’école et conseiller municipal (PC), il décrit ses idées phares, comme la gratuité des transports, la priorité au logement social ou le soutien à l’économie du fleuve.

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Maurin : « Des réponses concrètes au mal-être des gens »

Maurin
Vincent Maurin, candidat du Front de gauche (Photo Anne Chaput/Rue89 Bordeaux)

Rue89 Bordeaux : Avec 7% des intentions de vote, vous pourriez être le troisième homme des municipales à Bordeaux. Un plus pour la gauche ou un risque d’hypothéquer le deuxième tour pour le PS ?

Vincent Maurin : Ce sondage montre que ma candidature atteint beaucoup de citoyens. Ils se retrouvent dans notre liste pour défendre la gauche qui s’assume et qui bataille, la gauche qui mobilise contre l’austérité et appelle à battre la droite sur le fond, pas sur la forme. On mobilise ainsi des électeurs perdus, qui ne comprennent pas que François Hollande n’ait pas répondu aux attentes immenses de la population à son égard, et n’étaient pas prêts à voter socialiste.

Pourquoi n’être alors pas parti avec Philippe Poutou, qui  partage en plus avec vous certaines idées, comme la gratuité des transports en commun ?

Nous n’avons pas pu nous entendre car le NPA (nouveau parti anticapitaliste) avait un a priori à toute discussion, ne pas appeler à battre Juppé au deuxième tour. Mais on ne peut pas faire comme si le PS et l’UMP, c’était bonnet blanc et blanc bonnet. Il faut rappeler aux électeurs qui se sont mobilisés pour virer Nicolas Sarkozy qu’Alain Juppé est un pilier de l’UMP et qu’il applique un vrai programme de droite au niveau local : Bordeaux est une des villes où l’enseignement privé se porte le mieux, où l’aménagement est livré aux promoteurs, etc.

Quelle serait votre priorité ?

On ne doit pas tergiverser sur la place du logement social si on veut donner des réponses concrètes et locales au mal-être des gens. La logique actuelle, c’est de laisser faire le marché, même si certaines choses sont négociées avec les promoteurs – on troque du foncier contre un engagement dans le Grand Stade, ont dit OK pour Ginko à Bouygues Immobilier contre la construction de quelques équipements publics… Nous disons à ces grands groupes qu’ils peuvent faire du business sur les friches, à condition que dans chaque opération immobilière, la moitié des logements soient sociaux et pour 80% des PLUS et PLAI, catégories de logements très sociaux.

Il vous est reproché de vouloir recréer de grands ensembles avec votre proposition de 50% de logements sociaux dans les opérations immobilières…

Cela n’est pas le logement social en soi qui est problématique, c’est la constitution de ghettos. Dans les années 60 et 70, face à la pénurie de logements et à la prolifération de bidonvilles, on a créé des quartiers avec 100% de logements sociaux. C’était du luxe, et ces ensembles ne sont devenus des ghettos qu’à cause de la crise économique. Ce n’est pas ça que je défends. Je veux de la mixité là où on a en a besoin. Quand on propose 100% de logements sociaux pour les 200 logements prévus à Casteja, c’est pour casser un ghetto, celui des riches en centre-ville.

La création d’un établissement public foncier, destiné à maîtriser les prix de l’immobilier en « gelant’ des terrains, est-ce une solution ?

Oui, car les coûts des terrains sont un vrai problème, notamment pour les bailleurs sociaux. C’est d’ailleurs une volonté de la gauche, qui a pris collectivement cet engagement à la CUB, suite au travail d’un groupe dont je faisais partie. Mais si cela régulera un peu l’inflation des prix, ce n’est pas suffisant, quand on sait que Bordeaux est devenue la 4ème ville la plus chère de France pour l’immobilier. Il faudrait investir tout de suite dans les terrains de l’État, les friches ferroviaires ou militaires. Pour l’instant, il n’est question que de la cession de l’ancien commissariat de Casteja, contre la réalisation de 45% de logements sociaux.

Vous proposez donc la gratuité des transport en commun. Qu’avez vous pensé de son expérimentation lors du pic de pollution ?

Si cette idée que certains trouvaient folle s’est imposée ici et à Paris, c’est qu’elle ne l’est pas tant que ça. Et si on l’a fait pour des raisons de santé publique, on est capable de le faire de façon systématique pour des raisons d’équité sociale, d’environnement et d’économies pour les finances publiques. Car l’utilisation de voiture en ville, cela coûte cher à la collectivité.

Inversement, rendre les bus et les trams gratuits, cela ne coûterait que 25% du budget actuel de fonctionnement payé par les usagers, à remplacer. Sans compter le économies sur les systèmes de billettique et sur le contrôle. Je note qu’aucune des villes qui se sont engagées dans la gratuité des transports ne sont revenues dessus, et qu’Aubagne a constaté une augmentation de 140% de la fréquentation des transports.

En quoi le maire Maurin agirait-il différemment sur le front de l’économie ?

On a pas d’a priori sur les filières numériques et la création de pépinières, mais on pense que cela ne fera pas le compte. Nous pouvons encourager la diversification de nos activités, qui compte quelques atouts. Avec la proximité de l’océan et la Garonne, on peut soutenir notre industrie de nautique, en installant rive gauche ce pôle de réparation de navires. Si Anne-Sophie Catherineau, patronne d’une grande entreprise locale, y est favorable, c’est qu’elle a quelques idées derrière la tête.

Je milite pour le retour des bateliers, en investissant dans la création de pontons, pour développer le fret sur le fleuve, au delà du transport de granulats. Paris et Lille le font pour la logistique des commerces. On ne peut pas se prétendre ville durable et passer à côté du fleuve et du rail, et je suis pour le bouclage d’une rocade ferrée, avec un tram sur le pont Chaban.

On a aussi la chance d’avoir une grande entreprise de 400 salariés, SAFT, qui produit des batteries électriques de dernières génération. Bordeaux peut l’aider en lui fournissant du foncier, ou en lui assurant des débouchés, par exemple en créant une filière de bateaux électriques. Bref, il faut que la ville soit plus offensive.


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