Sur la plage centrale de Lacanau, l’heure n’est toujours pas à la baignade ou au farniente. Et pour cause, pelleteuses, camions et autres engins de chantiers s’agitent sur l’étroite plage ravagée par les tempêtes de l’hiver 2013-2014. Objectif : boucler les travaux de réenrochement pour y assurer l’accueil des estivants à partir du 4 juillet. La plage nord, moins touchée, a déjà rouvert depuis le 1er mai et les surfeurs ont réinvesti les lieux. La plage sud rouvrira, quant à elle, le 1er week-end de juin.
A Lacanau, comme partout ailleurs sur le littoral aquitain, les plages, pourtant dévastées par les intempéries de l’hiver 2013-2014 se sont refaites une beauté. Les accès sont rouverts, les dunes réaménagées, les postes de secours reconstruits. La saison 2014 est sauvée.
Une crèche ensablée
Reste que le financement de ces travaux réalisés dans l’urgence reste aujourd’hui un sujet délicat. Car la facture est salée…
« Pourtant, l’État a été réactif, précise le maire (Modem) de Lacanau, Laurent Peyrondet. Ses aides ont permis de financer 25% des travaux », estimés par la commune à deux millions d’euros.
Mais pour les 75% restant, il ne voit toujours rien venir.
« C’est très inquiétant, poursuit l’édile. Nous allons nous tourner vers l’Europe, les collectivités locales. Mais de toute façon, la commune va devoir emprunter et des projets devront être mis en sommeil. La crèche qui devait ouvrir à Lacanau-Océan en 2015 attendra 2016. »
A Lège-Cap-Ferret, le discours est identique.
« Sur la presqu’île du Cap-Ferret, les travaux de réparation pour le court terme ont coûté 500 000 euros, constate Michel Sammarcelli, le maire UMP de la commune, dont les deux façades – Atlantique et Bassin d’Arcachon – ont été touchées par les tempêtes de l’hiver dernier. L’État nous aide à hauteur de 80 000 euros. Certes, la commune pourra digérer la différence, mais on démarre quand même l’année avec un découvert de 1 million d’euro. Avec la baisse des dotations et la réforme des rythmes scolaires dont la commune paie le coût, nous aurons un budget plus que serré. »
Encore 4 millions d’euros à pêcher
Sur l’ensemble des communes du littoral aquitain, les dégâts sont estimés à 20 millions d’euros, selon Renaud Lagrave du Gip, le Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain. L’État a accordé une première aide exceptionnelle de 2 millions d’euros (dont 1,6 millions pour la Gironde). Et le Ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie vient d’accorder une aide supplémentaire de 1 million d’euros. Soit une aide totale de 3 millions d’euros. Pour l’instant, le montant total des travaux engagés par les communes concernées s’élève à 7,26 millions d’euros. Il reste donc encore près de 4 millions de financements publics à trouver.
Cet investissement imprévu dont ces collectivités se seraient bien passées. D’autant que chacun sait que ces travaux sont une réponse à très court terme aux problèmes posés par les événements de cet hiver. Personne n’oublie, en effet, sur le littoral, que le trait de côte a reculé de près de 25 mètres en un seul hiver (contre 1 à 10 mètres d’habitude). Et que la question du long terme ne peut aujourd’hui plus être évacuée.
Or, et les élus en ont conscience, lutter contre l’érosion et les risques de submersion nécessite davantage que des mesures d’urgence.
« Les travaux d’enrochement comme de ré-ensablement ne font, à terme, qu’accentuer les effets contre lesquels ils sont censés lutter : en fait ils favorisent l’érosion et fragilisent donc le littoral », s’emporte Guillemette Rolland, de la Délégation Aquitaine du Conservatoire du littoral.
Quoi qu’il en soit, l’été s’impatiente, les plages doivent être opérationnelles. A Lacanau, par exemple, « les réservations ne se sont jamais aussi bien portées », note son maire, Laurent Peyrondet. La saison 2014 peut commencer.
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