Plus d’un jeune Aquitain sur trois ne part jamais en vacances. Ils seraient ainsi 246 000 à rester chez eux tout l’été, selon l’Insee (chiffres 2006). Et cette proportion peut même atteindre la moitié des enfants des familles les plus modestes, celles dont les revenus annuels sont inférieurs à 15 000 euros. Pour inciter les parents à envoyer leurs rejetons à la mer ou à la montagne, un nouveau dispositif vient d’être lancé par l’Unat Aquitaine (Union nationale des associations de tourisme et de plein air) : l’Opération Top Départ.
Elle propose aux Aquitains âgés de 14 à 20 ans un catalogue de 453 séjours tout compris sur 12 destinations dans la région et organisés par les 9 associations partenaires de l’Unat (Ligue de l’enseignement, Aroeven, UFCV…). Exemples des thèmes de séjours proposés : initiation au surf ou à la plongée au Pays-Basque, à l’équitation ou au VTT dans les Pyrénées, ateliers découverte de la science ou virées culturelles dans les festivals aquitains…
Les néo-vacanciers passeront ainsi une à trois semaines en collectivité, avec d’autres jeunes de tous horizons.
« Cela favorise la mixité sociale, souligne Muriel Le Moine, de l’Unat. Et grâce à ces séjours, les enfants découvrent de nouveaux territoires, gagnent en autonomie, et apprennent des choses puisque nos associations membres (UCPA, Ligue de l’enseignement…) intègrent des projets pédagogiques dans leurs programmes. »
84 euros de la région Aquitaine
Quel est le plus de Top Départ par rapport aux coups de pouce déjà existants pour financer des vacances, comme les bons de la CAF (caisse d’allocation familiale), utilisables comme des chèques vacances ?
« Les organisations vont directement défalquer du prix du séjour les aides dont bénéficient les familles, et que nous collecterons nous même, répond Muriel Le Moine. Entre les 150 euros versés aux 16-18 ans par l’ANCV (association nationale des chèques vacances), les 84 euros versés spécialement pour Top Départ par la région Aquitaine, les aides de la CAF ou des conseils généraux, les familles peuvent au final bénéficier d’un montant non négligeable. Mais elles doivent multiplier les démarches. A terme, nous souhaitons servir de guichet unique. »
L’Unat tient en revanche à ce que les séjours ne soient pas entièrement gratuits, et que les familles aient un reste à payer minimum de 50 euros.
L’opération concerne les jeunes issus de milieux défavorisés, mais aussi des classes moyennes.
« Soit vous êtes très riche et vous n’avez aucun problème pour envoyer vos enfants en vacances, soit vous êtes très pauvres et vous avez quelques aides pour cela. Aussi les classes moyennes ont de plus en plus de difficultés à faire partir leurs enfants », souligne François Dufour, de la Ligue de l’enseignement 47 (Lot-et-Garonne), qui se félicite de ce nouveau dispositif.
Top Départ trop tardif ?
Pour associer les familles écartées des aides de la CAF si leur quotient familial dépasse 1000 euros, Top Départ prend donc aussi pour critère les revenus fiscaux du ménage, avec divers plafonds (43 154 € de revenu fiscal de référence pour trois part fiscales, par exemple).
L’objectif : faire partir 300 jeunes cette année, 700 en 2015. En Midi-Pyrénées, où le dispositif existe depuis 1996, ils sont 2000 à partir chaque année.
« Mais en Aquitaine l’opération a été compliquée à mettre en place, et lancée trop tardivement, regrette François Dufour. Dans nos trois centres de vacances, notamment celui de Biscarosse, on peut accueillir 2000 enfants. Mais je vais seulement faire partir via Top Départ deux ou trois gamins, au lieu d’une cinquantaine possible. »
Dommage aussi, selon François Dufour, que les aides ne profitent pas aux moins de 14 ans, qui sont ceux qui ont logiquement eu moins d’opportunités pour partir en vacances. Pour les 1000 enfants qui grâce à cette opération pourront s’échapper quelques jours de leur quotidien, c’est toujours ça de pris.
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