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Le Signal : mise au point du maire de Soulac

Dans une lettre adressée aux Soulacais, Xavier Pintat, le maire de la commune, a voulu faire connaitre « quelques vérités qui méritent d’être dites » pour riposter « à une logorrhée médiatique dont le sérieux et l’objectivité laisse souvent à désirer ». Sud Ouest cite en exemple un de nos articles.

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Le Signal : mise au point du maire de Soulac

L'immeuble du Signal à Soulac-sur-Mer (SB/Rue89 Bordeaux)
L’immeuble du Signal à Soulac-sur-Mer (SB/Rue89 Bordeaux)

Dans un document de quatre pages adressé à ses concitoyens, le maire de Soulac Xavier Pintat tente de dédouaner la commune de sa responsabilité dans la construction du Signal. Il rappelle « que le permis de construire a été délivré par le préfet au nom de l’État le 28 avril 1965 », et que ce sont aussi les services de l’État qui ont privilégié l’implantation en avant et non en arrière du boulevard du Front de mer, contre l’avis de la commune de Soulac-sur-Mer.

Les copropriétaires du Signal ont fait appel du jugement du tribunal administratif du 25 septembre 2014, les déboutant de leur action contre l’Etat et les collectivités locales, afin de les obliger à prendre en charge la protection de l’immeuble contre l’érosion.

« Si les contribuables soulacais devaient supporter l’acquisition de l’immeuble Le Signal au prix propre à satisfaire tous les copropriétaires, soit plus de 8 millions d’euros, le taux d’imposition qui relève de la commune bondirait de 270 % », indique Xavier Pintat dans son courrier.

Dans leur réponse, qu’ils comptent rendre public le 31 mai sur le parking du bâtiment, les copropriétaires nient avoir demandé l’acquisition de l’immeuble par les contribuables soulacais et accusent le maire de vouloir « les liguer contre les sinistrés du Signal ».

« Pas une réponse à Rue89 Bordeaux »

Dans sa lettre, l’élu UMP de Soulac-sur-Mer fait au passage une mise au point avec la presse :

« Les Soulacais ont le droit d’être informés de la véritable situation de l’immeuble Le Signal et de ses copropriétaires, qui alimente régulièrement une logorrhée médiatique dont le sérieux et l’objectivité laisse souvent à désirer. »

Un article de Sud Ouest, au sujet de cette lettre, rapporte que « visiblement, l’élu, agacé par une publication de nos confrères de Rue89, qui évoque “une grève de la faim dans l’indifférence” et bien d’autres aspects du dossier, a pris la mouche… »

La mairie de Soulac écarte cette interprétation du quotidien régional :

« On n’a pas écrit une lettre de quatre pages pour répondre à Rue89 Bordeaux, mais à la grève de la faim faite par 5 des 78 copropriétaires de l’immeuble parce qu’ils s’estiment victimes d’une injustice. De nombreux médias relatent l’affaire du Signal et on voulait donner des éléments d’information. La logorrhée vient plutôt des médias nationaux que locaux. Tout le monde se demande quel est le devenir de cet immeuble visible, il se raconte n’importe quoi sur le sujet. Nous voulions notamment rappeler que nous ne sommes pas propriétaires du bâtiment, que nous avons la responsabilité de sa mise en sécurité, et que ce n’est pas nous qui allons le démolir comme ça, en claquant des doigts ».

« Une grève de la faim dans l’indifférence »

En effet, dans l’affaire de l’immeuble Le Signal à Soulac, les copropriétaires, défendus par l’avocate Corinne Lepage, ont fait appel des conclusions rendues le 25 septembre 2014 par le tribunal administratif de Bordeaux.

Ils veulent bénéficier du fonds Barnier après leur expulsion du bâtiment menacé par l’érosion et accusent le maire de n’avoir rien fait pour défendre le dossier alors qu’ « il a bien traité celui de l’Amélie où lui et sa famille possèdent de nombreux biens ! » s’insurge une des copropriétaires.

Pour se faire entendre, cinq copropriétaires âgés entre 60 et 70 ans avaient ont mené durant une dizaine de jours une grève de la faim. Face à cette situation, Jean-José Guichet, président du syndicat des copropriétaires, avait déclaré à Rue89 Bordeaux :

« Je regrette le manque d’implication et d’intérêt des élus [pour cette grève]. La mairie n’a même pas eu la bonne idée de tirer un câble pour leur fournir l’électricité. »

Corinne Lepage affirmait de son côté que c’est grâce à Jean-François Pintat, maire dans les années 1960 et père de l’actuel maire de Soulac, que Le Signal a été construit :

« Certes ce n’est pas le maire qui délivrait le permis de construire à l’époque, mais il s’était impliqué pour que ce bâtiment soit réalisé. »

Droit de réponse sans réponse

Et pour cause : c’est la municipalité de l’époque qui avait vendu à un promoteur 20 hectares de terrain en front de mer pour la construction d’un ensemble d’immeubles, dont seul Le Signal a finalement été construit, rappelle à Sud Ouest Jean-José Guichet, le président du conseil syndical des copropriétaires.

L’ancienne ministre dénonçait également le « deux poids deux mesures entre L’Amélie et Le Signal ». Elle sous entend que la requalification du quartier de l’Amélie en zone bleue foncée alors qu’il était en zone rouge ressemblait à une manœuvre pour sauver les intérêts de la famille de Xavier Pintat. La zone bleue est une zone urbanisée exposée à des risques contre lesquels des dispositions peuvent être entrepris par les pouvoirs publics.

Rue89 Bordeaux a plusieurs fois tenté de joindre Xavier Pintat, par téléphone et par mail, lui proposant de nous répondre directement ou d’adresser un droit de réponse à ces accusations.

Nos demandes étaient alors restées sans réponse.


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