Avant les vacances parlementaires, le gouvernement a annoncé ce vendredi les grandes orientations des futures régions. Les capitales ont notamment été désignées. Bordeaux devient le chef-lieu « provisoire » de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.
« Ce chef-lieu ne fait pas débat comme il le fait dans d’autres régions » se réjouit Pierre Dartout, préfet de Gironde.
La ville récupère aussi les sièges de la préfecture de région et de la chambre régionale des comptes ainsi que ceux des directions régionales de l’agence régionale de santé (ARS), des finances publiques (DRFIP), des affaires culturelles (DRAC), de jeunesse, sport et cohésion sociale (DRJSCS), des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE).
Poitiers se contentera de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et de l’Insee, quand Limoges se consolera avec celle de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), mais aussi à la création de la commission contentieux du stationnement payant et ses 200 nouveaux emplois promis.
Débat de sourds sur le Rectorat de région
La réforme territoriale impacte également les académies. Le rectorat de région atterrit à Bordeaux. Limoges et Poitiers gardent tout de même leur rectorat.
« Il y a une direction au lieu de trois, précise Pierre Dartout. Il y aura toujours trois rectorats mais un seul interlocuteur : le recteur régional à Bordeaux. »
Cette décision échauffe les esprits de deux élus poitevins socialistes qui espéraient accueillir à Poitiers le recteur régional. Alain Claeys, député-maire de Poitiers et Jean-François Macaire, président de la région Poitou-Charentes ont d’ors et déjà écrit leur colère au premier ministre Manuel Valls.
« Le symbole est important et je souhaite que les choses puissent bouger », a expliqué Alain Claeys à France Bleu Poitou arguant que, dans d’autres régions, capitale et rectorat seront installés dans deux villes différentes.
Déjà, Pierre Dartout répond et tranche :
« Je ne veux pas rentrer dans le débat. La décision est prise. »
Le préfet décrit alors une grande région regroupant douze départements et 8,9% de la population française, avec 5,867 millions d’habitants. Cette quatrième région française en terme d’habitants deviendra aussi la première région forestière avec ses trois millions d’hectares de surface boisées.
Une direction centralisée aux pôles éparpillés
Cette réforme dite de « simplification » affirme aussi vouloir « renforcer la proximité ». Dans les faits, ce n’est pas si simple. Dans un sens, trois directions régionales n’en formeront plus qu’une seule. Dans un autre, Pierre Dartout affirme que les départements vont se renforcer :
« Les nouvelles directions régionales seront multi-sites et auront des services dans les trois villes [Bordeaux, Limoges, Poitiers, ndlr]. Ces services seront spécialisés et travailleront pour l’ensemble de la région en fonction des besoins des territoires et des compétences. »
C’est ainsi que la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt se trouve à Limoges avec le pôle « Santé animale ». En revanche, le pôle « Grande culture » de la Draaf sera à Poitiers, quand le pôle « Vin, arboriculture et pins maritimes » sera à Bordeaux.
Le directeur régional de l’agence régionale de santé d’Aquitaine et également préfigurateur de la réforme, Michel Laforcade assure que l’ARS sera renforcée dans ses délégations départementales :
« Par exemple, dans le Limousin, les départements auront une trentaine de fonctionnaires de l’Etat et d’agents de l’assurance maladie. Et ce même dans les plus petits départements. »
Des économies non-chiffrées, des mutations « à la marge »
Des chiffres restent plus difficiles à trouver… ceux en terme d’économies. Pourtant, c’est bien l’objectif pour le préfet :
« On a un objectif de réduction. Ce qui change c’est la méthode : soit c’est la technique du rabot, par exemple en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, soit c’est la réforme de structure. Elle devra permettre d’aboutir à un système plus efficace avec moins de moyens. »
Une baisse de moyens déjà chiffrée ?
« Non, pas précisément. »
Pas chiffré non plus, le nombre du mutations. Il devra rester à la marge indique le préfet :
« Il faut éviter le plus possible la mobilité géographique des fonctionnaires. »
Il revendique en revanche une forte « mobilité fonctionnelle » à venir, autrement dit 15 à 23 % des fonctionnaires devront avoir une formation voire une aide psychologique. Michel Laforcade avance même que « les personnes vont avoir reconversion professionnelle très importante ».
La mission des deux hommes est loin d’être terminée. Rejoints par le recteur de l’académie de Bordeaux et par huit directeurs régionaux – six hommes, deux femmes, ils ont trois ans pour faire appliquer dans leurs services le bouleversement de cette nouvelle région.
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