C’est une rencontre qui en dit long.
En 2009, une soirée était organisée en hommage à Sophie Viguier, journaliste musicale passionnée emportée quelques jours plus tôt par la maladie. On était quelques musiciens, deux ou trois groupes, réunis pour une dernière pensée chez Alriq.
Le mec derrière la sono, c’était lui. Le Chinoi. On le connaissait de nom, mais c’est tout. On ne savait rien de son parcours avec les plus grands groupes de rock français. Le bonhomme avait une casquette qui lui donnait un petit quelque chose de vécu, de bourlingueur, mais de discrétion aussi et d’humilité.
Le concert démarre, on est à l’aise. Chinoi ne nous a jamais pris de haut, pas une seconde. Il nous a calé le son, et mieux encore, il lâche sa console pour attraper sa Les Paul et taper le bœuf avec nous sur un de nos morceaux.
« Est-ce que je repars pour un tour ? »
Après cette soirée, le Chinoi ne nous a pas oublié. Deux mois plus tard, il s’invite à une de nos sessions d’enregistrement. Curieux, pour prêter une oreille plus attentive au groupe de « branleurs » qu’on était. « Branleurs », toute l’affection du mec est là, tout son cœur dans des mots qu’il choisit comme un papa. Plus tard, il dira :
« Quand je les ai vus, ça m’a fait la même impression que lorsque j’ai découvert les Noir Désir au même âge, un peu avant qu’ils passent leur bac. Alors j’me suis dit “est-ce que je repars pour un tour ?” Et ben oui j’étais reparti ! »
Et ce tour a duré six ans ! A commencer par une première année où il a bossé avec nous sans demander un centime. Il voyait bien qu’il n’y avait pas d’argent.
Surtout qu’on lui a demandé, au culot, de nous faire le son lors du tremplin Caudérock, un coup de fil le matin pour le soir-même. Qu’à cela ne tienne, il déboule à vélo et prend le son en main. Bien lui en a pris ! « Nous avons remporté » le tremplin, comme il disait, déjà en parlant de nous quatre. Ce jour-là, il nous a fait comprendre qu’il croyait en nous, que ça valait la peine de s’investir avec nous.
Et oui, parce que « hé, c’est ça l’histoire ».
Jerem, JB et Nico
des Dätcha Mandala
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