A 15 h, rue Jules-Guesde, la prière de vendredi vient de se terminer et les fidèles musulmans ont rejoint la foule déjà massée devant la mosquée, pour cette marche blanche voulue par Bordeaux Partages, association pour le dialogue entre les religions. Les représentants des cultes sont tous là, avec des élus de toutes les tendances politiques.
Devant les locaux de la Fédération musulmane de la Gironde, Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, est le premier à s’exprimer sur les attentats de vendredi 13 novembre qui ont frappé Paris :
« C’est un acte pour diviser, créer des frontières et des cloisons. Nous sommes affectés parce que nous sommes concernés, de part notre religion et les actes barbares qui ont été commis au nom de celle-ci.
L’Islam a une histoire. Sept siècles d’histoire sont bafoués par cette barbarie. Notre condamnation est totale et radicale. Ces actes ont été commis pour tuer des gens, des chrétiens, des juifs, des musulmans, et des non-croyants. Je crains que la prochaine étape touche les mosquées. »
Avec notamment en tête de cortège le maire de Bordeaux Alain Juppé et le président de la région Aquitaine Alain Rousset, la marche inter-religieuse part de la rue des Douves pour remonter le cours de la Marne jusqu’à la place de la Victoire.
Une foule de 2000 personnes selon les organisateurs, 700 personnes selon la police, emprunte la rue Sainte-Catherine pour rejoindre la synagogue, où une minute de silence a lieu. Elle se rend ensuite au temple de la rue du Hâ pour une deuxième minute de silence. Une troisième est respectée devant la cathédrale, place Pey-Berland.
« Tous concernés »
Réunis dans la cour de l’Hôtel de ville, les représentants de Bordeaux Partages délivrent une déclaration commune devant une grande partie des participants à la marche pour manifester leur « profonde compassion à l’égard de leurs familles des victimes ».
« Tous concernés, en tant que citoyens français, qui plus est, en tant que responsables religieux, nous réaffirmons notre attachement aux principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
Nos convictions et notre foi nous engagent à travailler ensemble à une communauté de destin autour des valeurs fondamentales de la République. Nous sommes ici car il est de notre responsabilité de témoigner ensemble pour la paix.
Nous exprimons notre rejet total de toutes formes de violence et notamment lorsqu’elles touchent les innocents.
Ce combat quotidien contre toutes formes d’extrémisme et de terrorisme, nous devons tous le mener dans un esprit d’union nationale autour de nos valeurs communes.
Nous nous mobilisons pour faire barrage à toutes formes de fanatisme perpétrées en se réclamant d’une religion.
Soucieux de maintenir un climat de paix, de dialogue et de cohésion, nous lançons un appel au refus des amalgames, pour l’unité, le respect, la solidarité à l’égard de tous les citoyens et de toutes les communautés et particulièrement en direction de la jeunesse. »
Alain Juppé prend également la parole :
« Nous ne sommes pas tous les mêmes, nous sommes tous différents. Nous n’avons pas la même couleur de peau, nous n’avons pas les mêmes origines, nous n’avons pas les mêmes sensibilités politiques… c’est ce qui fait la richesse de notre pays. Cette diversité n’aurait pas de sens si nous ne partagions pas un bien commun : les valeurs de la république et l’amour de la France. Contre l’oppression, la liberté ; contre le racisme et l’injustice, l’égalité ; contre la haine et la mort, la fraternité. »
Avant de se disperser, la foule entonne La Marseillaise. En berne toute la semaine, le drapeau français est hissé au dessus de la mairie.
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