Le cortège est moins long que pour la première manifestation mercredi 9 mars mais ça n’enlève pas le sourire aux jeunes manifestants marchant devant les drapeaux de Force Ouvrière, de la CGT éducation et de la CGT Ford. Dans la matinée, les lycéens n’ont finalement pas provoqué de blocage de leurs établissements, préférant faire des sit-in et des forums pour débattre. Le mouvement souhaite tenir la distance et « préparer la journée du 31 mars où on va tout bloquer », selon Clémence Pineau, l’une des coordinatrices du mouvement lycéen.
Deux adolescentes marchent avec une pancarte « l’avenir nous appartient » aux côtés de deux baby-boomers. C’est toute une génération qui se cherche explique Clémence Pineau :
« On est une génération déchue, la Génération Bataclan [appellation donnée par le quotidien Libération au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, NDLR]. Les jeunes veulent marquer autrement leur nom dans l’Histoire, et pas en restant cantonné dans la technologie [référence à la génération Y, NDLR] et la précarité. Il y a un ras-le-bol plus général. On demande le respect. »
Comme pour la précédente mobilisation, les témoignages se succèdent autour du mot d’ordre : On vaut mieux que ça. Bertille, 24 ans, ni syndiquée ni encartée, est gréviste car elle s’inquiète de son sort. Diplômée d’une « grande école » après six ans d’études, elle a « galéré » pendant 5 mois avant d’ « exploser de joie en obtenant un service civique » :
« Pour en arriver là, je me dis qu’il y a un problème », estime-t-elle.
Sa voisine, Clara a le même âge et se promène avec un carton qui clame « Génération précaire ». Après six ans d’études sup, elle a travaillé six mois dans le milieu politique et peut donc avoir droit au chômage. Elle cherche un poste dans l’économie sociale et solidaire. Pour elle, « cette loi travail abolit tout ce qui permet de faire société. »
« Besoin d’amour »
Toutes deux cherchent des raisons d’espérer. Bertille pense que les jeunes ne s’engagent plus dans « les syndicats et les partis qui sentent la poussière », mais dans les associations, qui prennent plus d’initiatives et offrent des solutions. Pour Clara, si le syndicalisme va mal c’est parce qu’il est impossible de s’y intégrer quand on reste six mois dans une entreprise. Elle rêve de revenu de base ou de salaire à vie pour pouvoir retourner la table.
Clémence Pineau s’enthousiasme :
« J’ai l’impression que tout est violence et cette loi divise salarié et patronat alors qu’il y aurait besoin d’amour… ça fait vraiment hippie », conclut-elle en riant.
Dans le calme et sans assemblée générale, La manifestation s’est dispersée place de la Victoire au slogan : « le 31, on bloque tout ! »
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