
Le préfet de Gironde va mettre en place des mesures de précaution étendues contre les épandages de pesticides aux abords des établissements accueillant des enfants. Mais Pierre Dartout dit ne pas avoir autorité pour satisfaire la demande du Collectif Info Médoc Pesticides pour n’autoriser que des traitements bio à proximité de tels équipements.
La préfecture de Gironde a fait savoir aujourd’hui qu’un nouvel arrêté préfectoral pour renforcer l’encadrement de l’épandage de produits phytosanitaires dans les vignes, sera prochainement soumis à la consultation du public.
Conformément aux orientations fixées par la ministre de l’environnement, il renforcera l’application de la loi en Gironde pour l’établissement d’une distance minimale de 50 mètres aux abords des écoles proches des vignes et les nouvelles dispositions introduite par la loi d’avenir pour l’agriculture, favorisant la mise en place de dispositifs de prévention et de protection.
Cet arrêté devrait être mis en application pour la campagne de traitement de 2016. Il permettra d’étendre les mesures de précaution, au-delà des écoles, à d’autres établissements accueillant des enfants (crèches, haltes-garderies,…) ainsi que tout autre établissement pouvant accueillir des personnes vulnérables. Il favorisera l’implantation de dispositifs de protection, notamment la plantation de haies, et encouragera le recours par les viticulteurs à des matériels limitant la dispersion des produits.
Un arrêté prévu avant la pétition ?
L’annonce de cet arrêté intervient après que Marie-Lys Bibeyran ait été reçue par Pierre Dartout, préfet de Gironde. La responsable du Collectif Info Médoc Pesticides était venue remettre la pétition qui a recueilli 84650 signatures pour un traitement uniquement avec des produits homologués pour l’agriculture biologique, et en dehors de la présence des enfants, de toutes les zones agricoles situées le long des écoles et des infrastructures sportives et culturelles :
« Nous ne sommes pas satisfaits de cette rencontre, annonce Marie-Lys Bibeyran. Le Préfet semble avoir déjà préparé son projet d’arrêté sans tenir compte de nos revendications. Il estime ne pas avoir autorité pour répondre à nos revendications et s’en remet aux homologations européennes. Il propose éventuellement que les épandages se fassent le soir après 20 heures… Ce sont les salariés agricoles qui vont être contents ! »
Par ailleurs, la décision de la préfecture coïncide avec la publication des analyses effectuées par l’organisation Générations futures sur des échantillons de poussière prélevés dans 20 foyers situées dans des zones viticoles ou agricoles qui subissent régulièrement des traitements chimiques. Deux de ces foyers se trouvent dans le Blayais et dans le Médoc.
Sur les 22 échantillons de poussière prélevés en juillet 2015 et les 5 autres prélevés en janvier 2016, le tout analysé en janvier 2016, entre 8 et 30 substances composantes des pesticides ont été découvertes. Parmi elles, le diuron, présent dans dans 90% des habitations, est pourtant interdit en France depuis décembre 2008.
Quant au traitement par des produits autorisés en agriculture biologique, s'il est vrai que certains, comme le soufre, (et comme le souligne M. Chateau du CIVB lors de l'interview radiophonique entendu ce jour sur une radio FM) sont irritants, ils ont cependant l'avantage d'être moins nombreux et mieux connus dans leurs effets sur les organismes, et plus facilement repérables que les effets des incessantes nouvelles spécialités issues des synthèses des grands groupes chimiques de l'agro-petro-business...
Il serait intéressant qu'une étude randomisée soit faite sur le thème des traces de pesticides dans l'organisme des habitants, à une échelle assez vaste pour tenir compte de l'accumulation avec le temps et le transport atmosphérique : si François Veillerette avait un bon réseautage avec l'INSERM et s'il existait de bonnes volontés du côté des chercheurs bordelais on pourrait sans doute dresser un bon état des lieux sanitaire de la population exposée directement ou indirectement aux effets de l'agrochimie, avec un million d'habitant sous le vent et la menace des pratiques agricoles du Médoc.