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Temps de cochon contre la ferme des 12000 porcs

Au lendemain de la manifestation anti-pesticide, écologistes et agriculteurs se sont à nouveau retrouvés devant la Préfecture de la Gironde. Cette fois-ci une cinquantaine de personnes s’est réunie sous d’éparses averses pour protester contre le projet d’extension de la ferme-usine des 12000 porcs à Saint-Symphorien dans le Sud-Gironde.

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Temps de cochon contre la ferme des 12000 porcs

Une cinquantaine d'opposants à la ferme des 12000 porcs se sont retrouvés devant la Préfecture de Gironde (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)
Une cinquantaine d’opposants à la ferme des 12000 porcs se sont retrouvés devant la Préfecture de Gironde (XR/Rue89 Bordeaux)

Le préfet a reçu ce mercredi après-midi les propriétaires de la porcherie Lelay, ainsi que la Sepanso, fédération d’association environnementaliste, aux côtés du maire de la commune et des représentants du département et de la région. Les propriétaires de la ferme, détenue à 70 % par la coopérative Fipso Industrie, veulent agrandir son plan d’épandage de 413 hectares de terres à 1413 hectares pour « réduire la pression d’azote par hectare » tout en augmentant de 7655 à 11626 le nombre d’animaux-équivalents, nomenclature où une truie vaut 3 animaux.

Zéro pointé

Dehors, sous les parapluies et capuches, des opposants au projet se sont retrouvés. Menant le combat, la Confédération Paysanne de Gironde a reçu une prudente lettre du ministère de l’agriculture. Ce dernier rappelle que « l’enquête publique et les commissions locales de l’eau consultées ont souligné des incertitudes concernant la compatibilité du projet au regard de la qualité de l’eau ». En fait, plus que des incertitudes, l’enquête a donné un avis simplement négatif au projet.

Aussi, la préfecture a demandé à la société de réaliser une étude hydrogéologique complémentaire. Le ministère laisse la porte ouverte pour développer des élevages à la « trajectoire triplement performante sur les plans économique, environnemental et social ». Autrement dit tout l’inverse du projet actuel selon Denise Cassou, de l’association Landes Environnement Attitude :

« Du point de vue environnemental, il y a un zéro pointé. On le sait depuis l’avis du commissaire-enquêteur. Du cuivre et du nitrate sont retrouvés dans l’eau à cause de la nourriture pour les cochons. Ce sont des zones classées vulnérables et on augmenterait ces épandages ? Au niveau économique, c’est une course sans fin pour trouver moins cher ailleurs, alors que ceux qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui font du local et de la qualité. Au niveau social, il n’est pas prévu de création d’emploi et on voit que dans le Sud-Gironde personne n’en veut. »

Elle rappelle les oppositions franches également de l’actuel président du département Jean-Luc Gleyze, du maire de Saint-Symphorien, du parc naturel des Landes de Gascogne, du parc marin, du commissions locales des eaux du Ciron et de l’Eyre.

« En pleine crise de surproduction »

Marie-Claude Leroy, secrétaire départementale de la Confédération Paysanne de Gironde, s’oppose à ce modèle agricole « alors qu’on est en pleine crise de surproduction ». Elle critique également le label d’indication géographique protégé (IGP) Jambon de Bayonne donnée à ces porcs girondins, puisque depuis 1998 l’Union Européenne a accordé ce label aux industriels de la filière pour les porcs du Sud Ouest regroupant Aquitaine, Poitou-Charentes et Midi-Pyrénées.

« Nous avons bien sûr essayé d’apaiser les craintes, a indiqué à France Bleu Gironde Patrick Le Foll, directeur de la Fipso, à la sortie de la réunion. Il y a une discussion approfondie entre les différentes parties et nous avons insisté sur l’importance pour notre élevage de se moderniser pour respecter les normes du bien-être des animaux et travailler le mieux possible. La polémique n’a pas lieu d’être. »

La préfecture devra rendre publique sa décision sur le projet d’extension avant le 21 mars.

« Si le préfet donne l’autorisation, on pourra continuer de manifester, souffle Marie-Claude Le Roy. Mais ce sera fait malheureusement… Sauf s’il y a une grosse mobilisation dans le secteur. »

Elle tentera alors de s’appuyer sur la pétition de la Conf qui a recueilli plus de 53000 signatures.

Aller plus loin

La grogne s’élève contre la ferme des 12000 porcs sur Rue89 Bordeaux

La carte de l’industrialisation de l’agriculture éditée par la Confédération paysanne

Le rapport de la Sepanso sur le projet de Saint-Symphorien

Le rapport de la commission d’enquête publique


#Denise Cassou

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