Nous sommes en janvier 2017 lorsque j’écris ce texte, et je suis enceinte de 8 mois. Ce qui m’a motivée tient plus du ras le bol que de l’envie de pédagogie. Car si être enceinte n’est pas une maladie, on nous traite souvent comme des malades. Pour ma part, cycliste convaincue depuis longtemps, je fais fi des regards désapprobateurs et autres remarques débiles genre « Oui mais si tu tombes »… facile et surtout applicable à tout le monde, à tout moment !
Quel dommage de penser qu’une femme enceinte deviendrait subitement idiote.
Mon obstétricien est tout à fait confiant, il m’encourage même à continuer le plus longtemps possible même s’il n’est pas lui même cycliste. Pour ma première grossesse il y a 3 ans, j’ai roulé à vélo (classique, non assisté) jusqu’à 8 mois, j’ai accouché 15 jours après pour des raisons médicales qui n’ont rien à voir et il pense que c’est cette pratique qui m’a permis de conserver une bonne tension aussi longtemps. J’ai repris le vélo assez rapidement, avec ma fille en écharpe de portage sur moi. Là aussi, j’ai été traitée d’irresponsable, je mettais ma fille en danger.
Il est régulier qu’autrui se sente autorisé à juger notre façon de gérer nos enfants et encore plus pendant la grossesse, comme si seul un cosy dans une voiture était gage de survie dans notre monde de brute.
Pour cette grossesse-ci, j’ai fait du Brompton (vélo pliant), du vélo classique avec ou sans carriole à l’arrière et du vélo à assistance électrique. Ni ma sage-femme, ni mon obstétricien n’ont tenté de m’en dissuader : le mouvement haut-bas des cuisses masse le bas ventre lors du pédalage, ça permet de bercer le bébé tout en induisant un mouvement pendulaire rappelant la marche sans le « traumatisme » des articulations (on ne porte pas son poids de la même façon puisque le vélo nous porte).
Faire régulièrement du vélo quand on est enceinte évite l’apparition d’œdèmes au niveau des chevilles souvent associés à la sensation de jambes lourdes, ainsi que la prise de poids au dernier trimestre de la grossesse et donc le risque de diabète gestationnel très fréquent chez la future maman et son bébé. Cette activité améliore aussi l’endurance à l’effort lors de l’accouchement car on a plus de souffle, d’énergie et un périnée plus tonique pour mettre au monde notre bébé.
Mon obstétricien pense que j’ai une bien meilleure tension pour cette grossesse-ci parce que je fais encore plus de vélo qu’avant. Je viens de déménager donc je n’habite plus à Bordeaux même mais en première couronne. Même si je ne suis pas loin du centre ville de Bordeaux (15 minutes à vélo !), je fais plus de distance pour mes différents rendez-vous.
Ma sage-femme estime que l’on précarise les femmes en les culpabilisant à outrance alors qu’une femme enceinte, sauf exception, n’est pas « malade ». Elle trouve ça très bien que je pédale encore et m’a demandé mes trucs pour adapter ma pratique.
C’est simple : j’ai baissé un peu ma selle pour pouvoir poser mes pieds bien à plat en cas d’urgence, comme je ne porte jamais d’écouteurs à vélo je reste de toutes façons attentive lors de mes déplacements (à recommander à tout le monde) et je sais être à mon écoute (fatigue, vertiges, petite forme…). C’est tout !
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