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Bordeaux va mettre le holà aux locations Airbnb

Un particulier ne pourra pas louer son logement plus de 120 jours par an à Bordeaux. Si ce n’est pas son domicile, il devra déclarer son usage commercial et compenser. La métropole et la mairie viennent de voter les délibérations permettant d’instaurer ce dispositif à partir du 1er mars 2018.

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Bordeaux va mettre le holà aux locations Airbnb

A Bordeaux, seulement 732 loueurs occasionnels de meublés de tourisme se sont déclarés auprès de la métropole, en charge de la collecte de la taxe de séjour. Or les statistiques communiquées par le seul site Airbnb font état de 6000 hébergements bordelais affiliés à la plateforme fin 2016.

C’est deux fois plus que l’année précédente. Depuis le 1er aout 2016, une convention passée avec Airbnb fait que la plateforme récolte directement la taxe de séjour  – cela a rapporté à la ville 1900000 euros en cinq mois, pour 300000 espérés annuellement en rythme de croisière. Mais c’est un autre problème qui inquiète désormais la collectivité.

« Il y a autant de chambres mises en location sur Airbnb que de chambres d’hôtels, constate Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole. Cela représente une perte de recettes pour la collectivité, qui ne perçoit plus la taxe d’habitation sur ces meublés, une concurrence déloyale pour les professionnels du tourisme. Et cela entraine une transformation de certains quartiers, qui ont de moins en moins de résidents permanents ».

Selon le conseiller municipal socialiste Matthieu Rouveyre, qui a lancé un Observatoire national Airbnb, « 83% des logements entiers loués à bordeaux sont dédiés uniquement à location saisonnière, ce qui a participé à l’aggravation sensible des coûts des loyers, et à la raréfaction des biens en centre ville, notamment les petites surfaces pour les personnes seules et les jeunes. »

Entreprise commerciale

Pour lutter contre ce phénomène d’éviction, le conseil de Bordeaux Métropole vendredi, suivi du conseil municipal de Bordeaux ce lundi, ont donc voté deux délibérations permettant d’encadrer les locations saisonnières. Elles ne s’appliqueront pour l’instant qu’à la ville de Bordeaux, où son ampleur inquiète particulièrement.

A partir du 1er mars 2018, les particuliers ne devront pas louer plus de 120 jours par an leur résidence principale – celle-ci étant entendue comme un logement occupé au moins 8 mois par an, elle ne peut donc être louée que le reste du temps, soit maximum 4 mois.

« Nous estimons qu’au delà de 120 jours par an, ce n’est plus de la location entre particuliers, mais une entreprise commerciale, avec les conséquences que cela peut comporter », justifie Alain Juppé.

Tout loueur occasionnel sera désormais tenu de s’enregistrer auprès de la mairie de Bordeaux qui lui attribuera un numéro d’enregistrement. Ce numéro sera obligatoirement transmis à tout intermédiaire (agence immobilière, site internet…) en vue d’une location de courte durée.

Compensation, répression

Si ils louent seulement leur propre résidence (ou une chambre de celle-ci) moins de 120 jours par an, pas de problème. Sinon, ils seront soumis à une autorisation préalable de changement d’usage des locaux d’habitation en meublés de tourisme, comme l’autorise la loi Alur dans les zones tendues. Ils seront alors soumis à une compensation obligatoire : créer un logement offert à la location à bail, de même superficie que celui ayant changé d’usage, et dans la même zone.

Pour l’instant, le dispositif prévoit d’affecter 3 ou 4 agents de la métropole au contrôle des locations. Si l’opposition de gauche au conseil municipal de Bordeaux s’est dite satisfaite de cette « prise de conscience de la ville » et a voté la déibération, Matthieu Rouveyre espère que les mesures seront accompagnées « de moyens coercitifs pour éviter les stratégies d’évitement » – comme des amendes telles qu’appliquées à Paris ou Barcelone, qui ont selon lui « un effet dissuasif important ».

Pour jouer de la dissuasion, l’élu écologiste Pierre Hurmic a quant à lui suggéré que Bordeaux augmente davantage la taxe sur les résidences secondaires – une hausse de 60%, plafond autorisé par la loi, rapporterait selon lui 2,6 millions d’euros de plus que l’augmentation de 20% prévue par la municipalité, qui doit elle permettre de récolter 1,15 million.


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