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Une bonne et quelques mauvaises nouvelles pour les étudiants à Bordeaux

Comme tous les ans, le syndicat étudiant UNEF publie une enquête sur le coût de la vie étudiante en France. A Bordeaux, si le coût moyen des loyers est en baisse, la hausse des transports est parmi les plus fortes. Mais c’est sur la taxe d’habitation que la capitale girondine pèche au point d’être la plus élevée de France.

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Une bonne et quelques mauvaises nouvelles pour les étudiants à Bordeaux

Début août, Élise, inscrite en première année Histoire de l’art et archéologie à l’université Bordeaux-Montaigne pour 2017-2018, fait la queue sur le trottoir de la rue Fondaudège en pleins travaux du tramway. Elle est sixième de la file d’étudiants venus visiter un T2 en location à 350€ toutes charges comprises par mois pour 45 m2. Certes, l’immeuble est « loin d’être chic » mais l’étudiante venue des Landes ne se décourage pas pour autant car « le montant du loyer est dans [ses] cordes ».

Une fois sa visite terminée, Élise a du mal à cacher sa déception :

« C’est un taudis ! Le type demande de faire un bail à 300€ par mois et les 50€ restants sont à payer en espèces pour soit-disant les charges, c’est-à-dire l’eau et l’entretien des communs, alors que l’escalier est dégueulasse et en plus on doit s’occuper des bacs poubelles. »

Pas même le temps de finir son constat que le propriétaire annonce aux personnes toujours en bas de l’immeuble la location de son appartement. Certains lâchent des soupirs de lassitude et Élise, ahurie, dit à voix basse : « un vrai marchand de sommeil ».

Une semaine plus tard, elle signe un bail aux portes de Bordeaux, à Mérignac, pour un studio « dans le neuf » de 25 m2 à 400€. Elise peut se réjouir car, selon l’enquête 2017 de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), le prix est en-dessous du loyer moyen de la métropole bordelaise, passé de 490€ en 2016-2017 à 482€ en 2017-2018, soit une évolution de -1,45%, la baisse la plus importante de l’Hexagone après Toulon (-3,40%). L’étude se base sur les données de Loc Service qui a fourni ses conclusions après avoir comparé les loyers pratiqués dans les principales villes universitaires françaises.

Bordeaux d’abord

Thierry S., un professionnel de l’immobilier, confirme : le loyer que payera Elise est « en-dessous de la moyenne ». Il renvoie vers une étude publiée en 2015 à l’occasion du salon de l’immobilier à Bordeaux :

« 46 % des locations réalisées à Bordeaux sont des logements 1 pièce (7 % de chambres, 32 % de studios et 7 % de T1) ce qui est normal pour une ville étudiante. […] En moyenne, les chambres se sont louées 374 € pour une surface moyenne de 14 m2, les studios 468 € pour 23 m2 et les appartements T1 498 € pour 27 m2… », peut-on lire sur dans cette étude qui considère Bordeaux comme la troisième ville en France recherchée par les étudiants, après Paris et Lyon.

En effet, comme Élise, ils seront plus de 90 000 étudiants à faire la rentrée universitaire à Bordeaux (89 012 en 2016-207, chiffre fourni par L’Étudiant sur lequel on pourrait appliquer une évolution relative de 18% sur les 10 dernières années). Avec ses quatre universités, son institut d’études politiques, ses quatre instituts universitaires de technologie, ses douze écoles d’ingénieurs, ses neuf écoles de commerce, et ses deux écoles supérieures d’art, Bordeaux est à la 7e place des villes étudiantes en France, non seulement grâce à un large éventail de formations de qualité et à son cadre de vie agréable, mais aussi à ses promesses d’emploi (selon L’Etudiant, deuxième ex aequo avec Toulouse après Nantes).

En revanche, certains, comme Elise, seront peut-être contraints de choisir la périphérie de Bordeaux. Comme le fait remarquer Thierry S., 51 % des étudiants locataires qui souhaitent s’installer en Gironde recherchent en priorité sur Bordeaux. Le site de L’Étudiant mentionne :

« Les étudiants ont envahi le centre-ville rénové [de Bordeaux], rendu très accessible grâce à son réseau de tramways et à l’installation notamment de Sciences po Bordeaux [sic], de l’École nationale de la magistrature et du campus de sciences humaines, place de la Victoire. »

A noter que Sciences Po Bordeaux se trouve toujours sur le campus de Pessac-Talence-Gradignan et non pas dans le centre-ville de Bordeaux.

(Source Loc Service)

Bordeaux, 6e hausse nationale des transports

Même si le premier arrêt de tram se trouve à 15 minutes à pied de son studio, Elise s’en réjouit :

« J’ai un vélo, mais c’est toujours plus simple de prendre le tram s’il fait froid ou s’il pleut, ou si je veux tout simplement sortir en groupe. »

Avec le tramway, et pas moins de 65 lignes de bus, la ville est effectivement bien desservie. Même si le trajet dure 45 minutes jusqu’à son université, Elise est satisfaite. Mais un autre critère est soigneusement épluché dans l’enquête de l’UNEF, le coût du transport. « Le prix des transports pèse également dans le budget des étudiant·e·s », précise le syndicat.

Cette année, l’augmentation moyenne nationale des tarifs de transport entre l’année 2016-2017 et 2017-2018 est de 1,52%. Bordeaux se retrouve largement au-dessus avec une moyenne de 2,13%. La métropole figure parmi les six augmentations les plus significatives en France derrière la région parisienne (2,43%), Nancy (2,44%), Rouen (2,51%), Strasbourg (3,91%) et Clermont (3,63%).

Cette hausse n’est pas vraiment une surprise. Rentrée en vigueur le 1er de ce mois d’août, elle a été votée par le conseil métropolitain en juin sur le prix du tickarte un voyage (6,7%), tickarte 10 voyages (+1,6%) et du Pass jeune mensuel (+2,1%).

Bordeaux Métropole espère de cette hausse des tarifs un gain de recettes de 2 millions d’euros permettant de compenser l’augmentation des dépenses dues à la hausse de fréquentation sur les réseau tram et bus et aux prolongations des lignes. « Si ce n’est pas l’usager qui paye, c’est le contribuable, il n’y a pas de mystère », avait déclaré le président de la métropole, Alain Juppé.

Bordeaux, championne de la taxe d’habitation

Si, selon l’UNEF, Bordeaux échappe aux augmentations des loyers pour les étudiants – dont le budget représentent tout de même 53% de leurs dépenses globales –, et résiste mal à la hausse des prix du transport, la ville du port de la Lune fait figure de très mauvais élève en matière de taxe d’habitation. Elle est en haut du tableau (241,92€), loin devant le second, Poitiers (206,22€), et largement au-dessus de la moyenne nationale.

« La taxe d’habitation est une charge supplémentaire à assurer dans le budget des étudiant·e·s décohabitant·e·s dans le parc privé, puisqu’elle représente en moyenne 190,80€ pour l’année 2017. A titre d’exemple, à Bordeaux, la taxe d’habitation coûte en moyenne 241,92€ l’année, ce qui représente plus de 20€ par mois à ajouter aux frais de loyer. »

Ce sont en réalité 4,26€ par mois (la différence par rapport à la moyenne nationale annuelle divisée par 12 mois) qui vient grignoter les 8€ de baisse de la moyenne de loyer mensuel bordelais entre 2017 et 2018.

Ce que l’étude de l’UNEF ne manque pas de critiquer, c’est la baisse annoncée de l’Aide personnalisée au logement par le gouvernement d’Edouard Philippe, le premier ministre d’Emmanuel Macron. Celle-ci, prévue de 5€ par mois, touchera 800 000 étudiants (sur 6,5 millions de bénéficiaires) :

« … le gouvernement doit commencer par reculer sur les mesures envisagées telles que la baisse des APL de 5€ par mois, qui va avoir pour effet de dégrader les conditions de vie de la population étudiante. »

Dans son bilan sur la précarité des étudiants, l’UNEF interpelle le gouvernement qui « ne fait pas de la lutte contre la précarité des jeunes une priorité, ou pire, met en place des mesures ayant pour conséquence concrète de dégrader les conditions de vie des étudiant·e·s, il est urgent d’inverser la donne ». Dans la liste de ses vœux, en plus de l’abandon de la baisse de l’APL, l’UNEF demande « l’exonération de la taxe d’habitation pour les étudiant·e·s, afin de les décharger de cette dépense qui pèse fortement sur leur budget annuel ». Ça ne coûte rien de demander.


#Vie étudiante

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