La sortie des pesticides en est à l’âge du oui, mais… D’accord pour en finir avec le glyphosate, cancérogène probable et neurotoxique certain, mais dans 5, 7 ou 10 ans, et si des alternatives sont disponibles, affirment les autorités, alors que la Commission européenne doit se prononcer cette semaine sur la réautorisation de cet herbicide.
Et OK pour diminuer les doses, voire arrêter d’épandre des produits phytosanitaires dans les vignes, à condition de ne pas engager les viticulteurs dans une « impasse technologique ». « Si on enlevait du jour au lendemain telle ou telle molécule, cela pourrait couter cher, car les alternatives son chères », estime Bernard Farges, du CIVB (conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux).
L’organisme se refuse donc à plaider ouvertement pour l’interdiction des produits les plus dangereux, notamment les CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques). L’interprofession met bien au défi l’État de retirer les pesticides imposant le port d’équipements de protection individuels (EPI). Mais elle agit ainsi moins pour accuser les produits eux-mêmes que parce que l’arrêté défausse de toute responsabilité en cas de maladie les fabricants et l’autorité de mise sur le marché si l’utilisateur ne s’est pas arnaché. Deux précautions valent mieux qu’une pour l’industrie chimique et l’Etat, à l’heure où de plus en plus d’agriculteurs les trainent en justice.
Dans le Bordelais, la méthode choisie par le CIVB pour réduire l’usage de ces poisons se fonde sur l’adoption dans les cahiers des charges des appellations de mesures agro-écologiques consensuelles (du point de vue des viticulteurs, du moins). Excepté l’interdiction des herbicides (sur une partie de la surface du sol), elles sont assez peu contraignantes.
Le CIVB assure pourtant que la fréquence de traitement baisse, et veut croire aux alternatives aux fongicides, les plus utilisés en viticulture, notamment pour combattre le mildiou. Lesquelles ? Les pesticides biologiques, notamment à base de micro-algues, sont régulièrement évoqués, tout comme les cépages résistants, auxquels plusieurs AOC bordelaises pourraient consacrer jusqu’à 5% de leur surface, si elles obtiennent le feu vert de l’Europe.
S’agit-il de véritables portes de sorties ou de mirages pour une agriculture toujours accro à la chimie ? Rue89 Bordeaux a voulu comprendre ce qu’il en est aujourd’hui du biocontrôle et des cépages résistants, et ce qui sépare la viticulture « conventionnelle » d’une méthode aujourd’hui déjà 100% sans pesticide, la biodynamie.
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