Après la volonté affichée par Emmanuel Macron au Congrès des Maires de « réformer la Constitution pour assouplir le droit à l’expérimentation », huit départements français prennent la balle au bond et annoncent ce dimanche, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, leur volonté de tester le revenu de base. La Gironde en fait partie.
Jean-Luc Gleyze et 7 présidents des autres départements disent être « les témoins des profondes mutations qui affectent la société : l’intensification et la diversification de la précarité, l’éclatement du salariat, l’érosion des liens sociaux, et même la perte d’estime de soi ». « Refusant la résignation », ils comptent « innover socialement et redonner du sens à un projet de société ».
Ainsi, et reconnaissant le manque d’efficacité du revenu de solidarité active (RSA) pour « vaincre la pauvreté, qui frappe encore 9 millions de personnes en France », les huit présidents, tous socialistes, décident de « prendre [leurs] responsabilités, et avec engagement et pragmatisme ». De ce fait, ils lancent ensemble une étude menée par des chercheurs pour élaborer un modèle de revenu de base « crédible scientifiquement, audacieux socialement et soutenable financièrement » dans le but de conduire un « test invivo en portant un projet d’expérimentation au Parlement ».
Un sujet longuement débattu
Depuis son arrivée, Jean-Luc Gleyze avait affiché un intérêt pour la mise en place du revenu de base en Gironde. A plusieurs reprises, la volonté de son expérimentation sur le département avait été affichée.
En septembre 2016, au terme de la 9e semaine internationale de promotion du revenu de base, la Gironde déclarait vouloir être le premier département français à expérimenter le revenu de base. Le mois suivant, une mission d’information du Sénat avait proposé d’expérimenter rapidement « dans des territoires volontaires » différentes modalités d’un revenu de base.
En février 2017, une concertation pilotée par la Fondation Jean-Jaurès en Gironde avait été menée avec des personnes bénéficiant du RSA, des chefs d’entreprise, et des travailleurs sociaux. Elle a abouti au bout de trois mois à la proposition d’un montant égal à 60% du revenu médian, autrement dit 1000 euros avec 800 euros versés par l’Etat et 200 euros en monnaie locale.
Un vote du Conseil départemental avait confirmé en mars 2017 cette volonté avec l’adoption d’une motion demandant au gouvernement d’autoriser une expérimentation du revenu de base en Gironde… après l’élection présidentielle. Durant cette élection, le président du département girondin avait apporté son soutien à Benoît Hamon qui avait fait de ce revenu une mesure phare de son programme.
En ce mois de novembre, cette tribune semble donner le top départ à cette expérimentation tant attendue. Alors que le porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, vient de lancer un appel de dons (déjà plus de 33000 euros récoltés sur un objectif de 36000) pour financer un an de revenu à une personne qui sera désignée grâce à un tirage au sort.
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