Natif de Lyon, Didier Lallement a été entre autres préfet de Saône-et-Loire puis de la région Basse-Normandie, ou encore directeur général de l’aviation civile. Président de section à la Cour des comptes avant sa nomination à Bordeaux par le gouvernement, il souligne surtout dans son parcours son poste de secrétaire général du ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, de 2007 à 2010.
En charge de l’administration du super ministère mis en place par Nicolas Sarkozy, brièvement dirigé par Alain Juppé, puis par Jean-Louis Borloo, et qui a piloté le Grenelle de l’environnement, le préfet affirme l’avoir fait par conviction :
« Je crois à la nécessité d’un sursaut environnemental des organisations », affirme-t-il. « J’ai contribué à l’émergence d’un puissant ministère de l’écologie, afin que celui-ci soit équivalent au ministère de l’intérieur car c’est une absolue nécessité (…). Nous avons connu une relative stabilité des phénomènes climatiques, ceux qui arrivent après nous seront confrontés à des phénomènes différents, plus violents. Nous sommes une génération qui constate de visu le changement climatique », poursuit-il, citant la disparition des insectes et de la faune, et l’érosion du littoral.
Dans son action en tant que représentant de l’État, Didier Lallement assure donc qu’il mettra en musique la priorité à la transition écologique annoncée par le président Emmanuel Macron et son ministre Nicolas Hulot. Exemple sur les problèmes de transport dans l’agglomération bordelaise, ou le préfet semble écarter l’option d’un grand contournement autoroutier pour dévier les poids-lourds en transit sur la rocade :
« Il n’y a pas une solution miracle, mais une multiplicité de solutions à apporter à un problème : une zone de stockage des poids-lourds (pour leur interdire la circulation sur la rocade aux heures de pointe, NDLR), l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence, le développement du fret ferroviaire… Créer un barreau autoroutier (à l’est de l’agglomération, NDLR) mettrait 20 ans, il faut imaginer des solutions à l’échelle de temps de nos concitoyens, pour qu’ils voient des changements concrets. Il suffit d’emprunter la rocade pour connaitre leurs difficultés insupportables. »
La chèvre et le chou
Didier Lallement se place en fait dans la ligne de Pierre Dartout, qui lors des Assises de la mobilité avait plaidé pour un droit à l’expérimentation de solutions innovantes. Reste à voir si l’Etat passera ce coup-ci aux actes, étant donné l’ancienneté de ces requêtes du côté de la métropole bordelaise.
Sera-t-il sensible aux pressions d’Alain Juppé et Alain Rousset pour lancer les projets de LGV vers Toulouse et Dax, plutôt qu’aux discours du gouvernement en faveur des transports du quotidien ? Un peu ambigus, ses propos tentent de ménager la chèvre et le chou :
« A partir du moment où on fait arriver la LGV à Bordeaux, il faut qu’il y ait une suite. Il est normal que l’ensemble des interlocuteurs locaux aient cet objectif. Encore faut il que la déclaration d’utilité publique (DUP) ne soit pas annulée par la justice et qu’il y ait une faisabilité financière, ce qui dépasse le cadre du préfet de région. L’équation budgétaire a profondément changé du fait de la suspension de la taxe poids-lourds (qui devait financer les nouvelles infrastructures de transport, NDLR). »
Le discours est en revanche sans ambiguïté sur la « fermeté » affichée (et réclamée aux préfets par le ministre de l’intérieur) sur l’immigration clandestine, à droite toute :
« Il faut que nous accélérions les reconduites aux frontières des personnes déboutées du droit d’asile. Sinon le système n’a pas de sens pour les citoyens qui sont en situation de nous demander des comptes sur les différences entre les nationaux et les étrangers en situation irrégulière bénéficiant d’avantages acquis auxquels ils n’ont pas droit. Ce n’est pas simple car nous sommes dans un système où la convention européenne des droits de l’Homme fixe un certain nombre d’obligations (…). L’autre raison c’est que de vrais réfugiés arrivent et même si nous augmentons le nombre de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile, il faut que d’autres sortent du dispositif. »
Didier Lallement s’empresse alors d’ajouter que le droit à l’hébergement d’urgence est « inconditionnel, quelle que soit la régularité du séjour » des personnes. S’agirait-il là d’une façon de couper court à la polémique naissante sur l’accélération des expulsions comme moyen pour Emmanuel Macron de respecter son engagement qu’il n’y ait plus un migrant à la rue d’ici la fin de l’année ?
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