Ce n’est pas une ZAD insiste Philippe Barre, mais c’est tout comme. Un appel au « combat » a été lancé ce mercredi lors des « Heures heureuses » à la Caserne Niel. Le rendez-vous habituellement festif a été déplacé pour l’occasion à proximité de la ferme, là où un parking pour les voitures est annoncé par Bordeaux métropole aménagement (BMA).
Alors que la société vient de lancer les travaux de la ZAC Bastide-Niel et de récupérer les espacés occupés par l’écosystème, les relations s’enveniment entre les deux voisins et la médiation entreprise par la ville peine à calmer les esprits. La mobilisation de ce mercredi, « Laissons pas béton », a fait le plein : 2000 personnes, et plus d’un millier d’autres bloquées à l’entrée par manque de place.
« Un autre monde »
Les prises de paroles n’ont laissé aucune ambiguïté. Entre une performance musicale et un set de DJ, Philippe Barre se poste sur une pile de palettes pour s’adresser à l’assemblée :
« Ce soir, on est là pour défendre tout ce qui se passe ici. On ne veut plus rien lâcher. »
Le discours est court, mais il entend haranguer une foule à peine attentive. Pascal Lafargue, président d’Emmaüs Gironde, reprend le micro et n’y va pas par quatre chemins :
« Est-ce que vous êtes prêt au combat ? Alors arrêtez de jouer à la gameboy et aux jeux vidéos. Pour ceux qui veulent un autre monde, Darwin a montré le chemin. »
Une pétition en ligne est lancée et a déjà réuni plus de 9500 signatures.
Et ensuite ?
Interrogé par Rue89 Bordeaux, Philippe Barre renchérit :
« Des compromis, on en a fait. On a renoncé à 15000 m2. Aucune association n’a été relogée alors qu’elles devaient l’être. »
Quelle suite pour cette mobilisation ?
« On va rester sur le site pour empêcher de raser les arbres, de raser la ferme, de supprimer les ruches et leurs 1,5 million d’abeilles, de faire disparaître le lycée, de faire partir les mineurs isolés. On veut garder l’intégrité du système alors qu’on veut nous éparpiller. C’est les gens qui font la vie du quartier qui sont là. On n’est pas hors-sol. »
En plus d’une ferme urbaine, Darwin abrite le LEM, lycée Edgar-Morin, un établissement privé d’enseignement général secondaire hors contrat, porté par une association loi 1901 à but non lucratif. Depuis quelques mois, Darwin et Emmaüs Gironde hébergent également des mineurs non-accompagnés dans des tétrodons, eux aussi menacés de disparaître, alors que le Centre d’accueil d’urgence de la caserne a du lever le camp depuis peu.
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