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Les Ford ont un mois pour trouver du Punch et sauver l’usine de Blanquefort

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a fixé ce vendredi à Bordeaux le calendrier pour le projet de reprise de Ford. Le site pourrait être récupéré par le groupe belge Punch. Le nombre d’emploi reste à définir. La CGT veut mobiliser pour aller « arracher la bonne nouvelle ».

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Les Ford ont un mois pour trouver du Punch et sauver l’usine de Blanquefort

« Ford veut partir. Partons de cette réalité. Nous avons un repreneur, Punch. Les collectivités locales et l’État sont solidaires pour aider à cette reprise. »

Voici l’état des lieux succinctement dressé par le ministre de l’économie Bruno Le Maire, ce vendredi à la sortie de sa courte réunion avec l’intersyndicale de Ford Aquitaine Industrie (FAI) à la préfecture de Gironde.

Dans le détail, il reste deux insuffisances de poids : les offres faites par les deux entreprises doivent être améliorées, selon le ministre. Et le fabricant de boîtes de vitesse automatiques Punch « doit préciser son plan de charge et le volume de production » qui s’installerait sur le site girondin.

Convaincre l’industriel américain

Ford doit prendre ses « responsabilités » – un terme martelé par le ministre 12 fois en 7 minutes d’entretien. L’objectif est notamment de convaincre l’industriel américain d’alimenter fortement le carnet de commandes et de définir le nombre de boites de vitesse et de carters commandés jusqu’en 2021.

« Nous ne lâcherons pas le morceau », tonne-t-il.

Bruno Le Maire en appelle toujours à la responsabilité de la multinationale Ford (XR/Rue89 Bordeaux)

Actuellement, 77000 boites sont prévues pour 2019 indique la CFE-CGC. Son représentant, Jean-Michel Caille se montre pessimiste :

« Punch est un repreneur sérieux d’après ce qu’il a fait à Strasbourg (usine de 1300 salariés, NDLR), et d’après les clients qu’il a comme BMW. Ce qui m’inquiète ce sont les années de transition car il faudra plus de deux ans pour amener les produits. On ne voit pas comment Ford pourrait nous amener un volume substantiel de 100000 boites pour les années de transition. »

Il en manquerait donc déjà 23000 par an et pour Jean-Michel Caille, ces chiffres de prévisions peuvent aussi bien être revus à la baisse par la multinationale.

Jean-Luc Gassies, de la CFTC, avance des données complémentaires issues du document de consultation pour les négociations sur le plan de licenciements, dit plan de sauvegarde de l’emploi – un document « qui a pouvoir juridique » :

« La Ford Motor Company justifie son désengagement car elle n’a plus de production à donner à FAI et cela à très court terme, pour fin aout 2019. Bruno le Maire a dit qu’il n’avait pas le pouvoir d’imposer à Ford de donner des volumes à FAI. »

Le ministre n’a en effet avancé aucun chiffre concernant les volumes de productions – pas plus que sur le nombre d’emplois. Il évoque par ailleurs des commandes en négociation en Asie mais surtout il veut faire signer un gros chèque à Ford Motor Company.

« Cette reprise serait énorme »

En effet, faute de carnet de commandes, le ministre veut une participation conséquente du géant à l’enveloppe budgétaire de la reprise – Sud Ouest évoquait ce jeudi un montant de plus de 100 millions d’euros que le constructeur pourrait investir dans l’usine. Punch, entreprise d’un bien moindre calibre, ne peut la financer seule. Et l’État et les collectivités locales ne verseront leur écot qu’en cas d’engagements financiers de Ford (et d’un business plan plus solide de Punch).

La multinationale américaine aurait tout intérêt à investir, car un plan de licenciements de tous les salariés lui couterait très cher.

« Le seul volet social pour 1000 salariés serait de 200 millions d’euros », rapporte Jean-Luc Gassies, s’appuyant sur les données fournies après les fermetures d’usines de Ford à Genk en Belgique et des deux sites en Angleterre.

Philippe Poutou, délégué du personnel CGT, se dit quant à lui « rassuré » de voir que Ford communique enfin sur cette « possibilité de reprise », que le dossier soit repris en main par le ministre lui-même, que l’expert économique de l’intersyndicale puisse enfin participer aux réunions du projet de reprise pour apporter ses analyses et conseils. Bref :

« On ne va pas faire les heureux – car le bilan reste des milliers d’emplois supprimés ces dernières années – mais cette reprise serait énorme. On espère. »

Et en même temps, il souligne que le ministre a parlé de « perte » d’emplois envisagée dans l’effectif, sans doute parmi les 300 « pré-retraitables » sur environ 850 salariés.

Philippe Poutou et l’intersyndical ne baissent pas les bras pour Ford (XR/Rue89 Bordeaux)

Le ministre confirme, évoquant très technocratiquement « un ajustement des effectifs pendant une période temporaire ». Départs volontaires, chômage partiel et chômage technique sont évoqués.

« Nous avons un mois »

Pour permettre la réussite d’une reprise, Bruno Le Maire fixe un ultimatum :

« Nous avons un mois devant nous. Il faut qu’à la fin du mois d’octobre, les salariés de Blanquefort soient fixés sur leur sort. »

Les négociations autour du plan de licenciements se termineront en décembre prochain. Idem pour la recherche de repreneur, rendue obligatoire par la loi Florange. En cas d’échec d’accord avec Punch fin octobre, il ne resterait alors que deux mois pour se retourner.

La CFTC se montre inquiète. Son délégué, Jean-Luc Gassies rappelle que l’avant-veille dans une réunion avec le délégué interministériel aux restructurations d’entreprise Jean-Pierre Floris avait fixé la décision d’ici… quinze jours – quand elle est désormais de plus d’un mois.

« On ne fait que repousser depuis 2014. Les syndicats sont exclus de toute information sur le business plan comme sur les engagements que pourraient prendre Punch ou Ford. En réalité, à part l’aspect médiatique, on a rien à se mettre sous la dent. »

Ce calendrier serré encourage la CGT à agir et mobiliser. « Il n’y a aucune alternative », prévient Jean-Michel Caille. Il reste à « aller arracher une bonne nouvelle » encourage Philippe Poutou.

Les mobilisations vont donc s’enchaîner avec un rassemblement dès ce samedi à 14h Place de la République puis le 9 et le 25 octobre. Une façon de saluer « l’honneur des femmes et des hommes qui ont refusé le salaire de la peur » comme l’écrit le journaliste Sorj Chalandon dans le livre « Ford Blanquefort même pas mort ! » qui vient de sortir aux éditions Libertalia.


#usine du turfu

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