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L’impact des paquebots est « négligeable » sur la pollution de l’air à Bordeaux

Les mesures réalisées en avril et mai dernier sur les quais de Bordeaux par l’Atmo révèlent une présence de soufre, d’azote et de particules fines très en dessous des valeurs réglementaires. Les moteurs des voitures polluent toujours beaucoup plus que les navires.

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L’impact des paquebots est « négligeable » sur la pollution de l’air à Bordeaux

Fausse alerte au port de la Lune ? Écologistes et riverains s’inquiétaient de l’impact sur la qualité de l’air des bateaux de croisière maritimes, de plus en plus nombreux à accoster à Bordeaux – 58 mouvements sur l’année écoulée. Ils mettaient en avant une étude réalisée à Marseille selon laquelle un paquebot pollue autant qu’un million de voitures, en termes d’émissions de particules fines et de dioxyde d’azote, et des dépôts de suie constatés sur les quais.

Bordeaux Métropole a donc demandé à l’Atmo, agence chargée de mesurer la qualité de l’air, d’évaluer leur impact. Et les conclusions présentées ce vendredi sont rassurantes. Pendant deux mois, son laboratoire mobile et des micro-capteurs ont mesuré tous les quart d’heure la présence de trois polluants – les particules fines (PM10), le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2) -, émis notamment par les moteurs diesels des navires.

Ces mesures révèlent que, selon l’Atmo, « l’influence des paquebots maritimes est négligeable sur les concentrations des trois polluants étudiés, sur la rive gauche comme sur la rive droite ».

Un bateau qui sent le soufre

Les paquebots sont ainsi « source majoritaire de SO2 mais les concentrations demeurent très faibles » – une moyenne de 0,39 microgramme (µg)/m3, « très inférieures à l’objectif de qualité » (50µg/m3 et par an) comme à la moyenne mesurée sur d’autres sites (2,90 à Bassens, 6,88 à Lacq).

Un pic de 146 µg/m3 de soufre a bien été constaté le 11 avril, lors du départ d’un paquebot. Mais cette valeur reste « très inférieure aux seuils réglementaires » – la limite horaire est de 350 µg/m3, et le seuil d’alerte fixé à 500 µg/m3. Lorsque le Braemar a quitté le port de la Lune, l’Atmo a aussi enregistré un pic d’émissions d’azote (près de 80 µg/m3), en deçà de la valeur limite horaire (200 µg/m3), mais à un niveau suffisamment fort pour que la mairie ait décidé d’engager des discussions avec l’armateur.

La concentration moyenne de dioxyde d’azote s’est quant à elle élevée à 19,2 µg/m3 sur le quai Louis XVIII. C’est deux fois moins que la limite annuelle, mais c’est bien plus que le « fond urbain », c’est à dire la qualité de l’air mesurée par exemple au Grand Parc ou à Talence, où l’Atmo mesure une présence de dioxyde d’azote inférieure à 12 µg/m3.  La faute en revient au trafic routier, mais aussi aux paquebots fluviaux, puisque la concentration s’élève à 42,6 µg/m3 sur le site de mesure près du Hangar 14.

Les polluants sont dans la place

La source majoritaire de pollution aux particules fines (PM10) est également la circulation automobile sur les quais, avec toutefois là aussi des mesures moyennes inférieures à la valeur limite journalière (22,5 µg/mcontre 50) avec toutefois un maximum de 52 µg/m3 atteint le 27 avril (le seuil d’alerte étant lui de 80 µg/m3). Mais l’origine de ces poussières n’est pas forcément celle qu’on le croit, souligne l’Atmo :

« Les concentrations sont un peu plus élevées que sur les autres stations de Bordeaux. Les écarts sont observés lorsque les vents proviennent de l’ouest et que les site n’est pas exposé aux émissions du quai, mais aux poussières du sol de la place des Quinconces ! »

D’une manière générale, l’Atmo et la métropole soulignent de concert que la pollution est à Bordeaux inférieure celle mesurée dans d’autres ports français, où le nombre de mouvements est cependant très nettement supérieur – 250 à Toulon et 182 à Nice, où l’Atmo a aussi fait des mesures, par exemple.

« Il faut savoir si les navires constituent un danger en regard de la réglementation, pour l’instant ce n’est pas le cas, se réjouit Stephan Delaux, adjoint au maire de Bordeaux en charge du tourisme. Le trafic est malgré tout limité à Bordeaux par rapport à Marseille, où passent plus de 700 bateaux en comptant les ferries. Et les paquebots de croisière sont trois à quatre fois plus grands qu’à Bordeaux, où nous ne pouvons recevoir que des bateaux de taille moyenne ».

Pollueurs payeurs ?

L’élu met par ailleurs en avant les mesures engagées pour réduire l’impact des navires : les bornes en cours d’installation sur quatre pontons pour approvisionner les paquebots fluviaux  à Marseille, un investissement de 4 millions d’euros. Ou encore la collecte des déchets des navires par barge, ce qui évite la circulation de camions sur les quais.

Pas question donc pour l’instant de limiter le trafic, poursuit Stephan Delaux :

« Bordeaux doit pouvoir profiter du développement des croisières dans un cadre raisonnable et raisonné ».

Il rappelle en outre que les armateurs devront bientôt respecter des normes d’émissions de soufre plus strictes.

Quant aux élus écologistes de Bordeaux, présents ce vendredi lors du point presse, ils se « félicitent des résultats de cette étude », dont ils revendiquent être « à l’origine ». Pierre Hurmic regrette cependant que la campagne de mesure ne se soit pas déroulée sur une année pleine. Et alors que le Braemar et un autre vieux navire de la même compagnie, le Black Watch, doivent bientôt revenir à Bordeaux, il suggère à la Ville d’expérimenter une prime aux droits de ports pour les bateaux les plus vertueux, comme celle initié par les ports de Rouen et Paris.


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