Une quarantaine de personnes, représentants d’associations, élus et citoyens engagés, était réunie ce matin rue Claude-Bonnier pour attendre la sortie de la délégation reçue par le secrétaire général de la préfecture.
« Ils sont rentrés avec un dossier gros comme ça » mime Nathalie pleine d’espoir. Elle est l’une des deux marraines républicaines de Drita Kurtzmajlaj.
Un peu après 10 heures, les cinq représentants du Collectif pour Drita sortent de l’audience. Parmi eux, des représentants de la Ligue des droits de l’Homme, du Réseau éducation sans frontières, du Secours Catholique et du Collectif solidarité réfugiés 33, ainsi que Brigitte, la seconde marraine de Drita.
« Nous avons apporté des éléments au dossier que la préfecture n’avait pas, telles que les réquisitions signées par les institutions pour que Drita réalise des traductions », rapporte Brigitte Lopez, de RESF 33.
Munie de toutes les preuves accumulées d’intégration de la jeune femme et de sa famille, la délégation a demandé une admission exceptionnelle « et tout à fait justifiée » ajoute Brigitte Lopez qui a fait le vœu, au micro, que le préfet prenne en compte ces nouveaux éléments.
Elargir le soutien
Aux côtés de Drita, émue, Brigitte Lopez énumère les premières victoires telles que les 2500 signatures de la pétition, la création du Comité de soutien, l’engagement des élus politiques (Alain Juppé, Jean-Luc Gleyze, Emmanuelle Ajon, Franck Raynal, Loïc Prudhomme, Michèle Delaunay, Matthieu Rouveyre, Denise Greslard Nédelec et Clément Rossignol ont signé la tribune parue hier) et appelle à élargir le soutien.
« Si le préfet ne va pas au-delà, il faut en appeler au ministre voir au président » propose un membre de l’AREVE.
« C’est déjà fait » explique Loïc Prudhomme qui, en accord avec le Collectif, a alerté le ministre de l’intérieur.
« Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas, d’un côté être exploitée et de l’autre expulsée » résume le député France Insoumise.
Pour l’élu PS Matthieu Rouveyre, « c’est le rapport de force qui pourra faire avancer les choses ». Le Collectif a notamment prévu de démarcher tous les députés du département « pour donner à ce dossier un caractère national » martèle Brigitte Lopez.
Au cas par cas
« Comment peut-on envisager de renvoyer une famille dans un pays où elle n’a plus aucuns liens, aucuns biens, et nulle part où se réfugier ? » s’insurge Jean-Claude Guicheney de la Ligue des Droits de l’Homme en sortant de l’audience. Au micro, il a déploré la manœuvre du secrétaire général de la Préfecture qui, pendant l’audience, a tenté plusieurs fois de lancer le débat sur la situation générale des réfugiés albanais. « Certes, il existe des réseaux mafieux qui font passer des familles en Europe mais dans le cas de Drita et de sa famille, cela n’a rien à voir » a-t-il expliqué avant de rappeler que les régularisations n’étaient pas globales. « L’examen des demandes doit être traité au cas par cas ».
Parmi les prises de parole, celle d’une étudiante de Sciences Po Bordeaux, la gorge serrée, qui conclut ses propos en citant Martin Luther-King.
« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »
Un membre du RESF renchérit avec une autre citation :
« Dans une chanson, Zebda dit : Intégré je le suis, où est la différence ? C’est pareil pour Drita, Intégrée, elle l’est, où est la différence ? »
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