A l’issue d’une rencontre avec les responsables du groupe Punch, candidat à la reprise de l’usine Ford de Blanquefort, les représentants de l’Etat et des salariés ont salué une offre « solide » et « sérieuse », et pressé Ford de l’accepter.
« Les acteurs sont tous unis derrière l’idée d’une reprise car un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) serait une catastrophe, a affirmé Didier Lallement, préfet de la Gironde ce mardi à Bordeaux. Il peut y avoir des licenciements, mais dans le cadre d’un projet de reprise solide et étayé. »
Le son de cloche est similaire du côté des salariés : selon Philippe Poutou (CGT) et l’expert économique de l’intersyndicale, le plan du groupe belge, qui fabrique également des boites de vitesses, « tient la route », davantage que celui de H&Z en 2008.
« Nous sommes actuellement 850 salariés, Punch dit vouloir en garder 400, et 300 partiraient en préretraite. C’est le mieux qu’on puisse faire aujourd’hui. Mais Punch ne ferait pas partir tous les « préretraités » d’un coup, afin de garder du savoir-faire ».
La reprise pourrait même se faire sans licenciement sec si Getrag, usine voisine de Ford Aquitaine Industrie, qui appartenait jadis à Ford, venait à embaucher les 150 salariés qui restant sur la carreau.
Mais tout dépend désormais de la décision du constructeur américain, qui a récemment annoncé son refus de la proposition de Punch.
Cet équipementier automobile avait bénéficié d’un fond de garantie et des commandes passés par General Motors lors de la reprise de son usine de Strasbourg.
Trahison
Or pour l’instant, et malgré les aides financières des pouvoirs publics, Ford rechigne à remettre au pot, et à assurer à son usine de Blanquefort un volume de commande de deux ou trois ans, le temps que Punch trouve ses propres clients.
« Ce serait une véritable trahison si Ford refusait l’offre de Punch et quittait la région, a martelé Didier Lallement. Nous leur disons : ne salissez pas votre image, ce serait une bêtise industrielle si vous partiez ».
Etat, collectivités locales et salariés vont tout faire pour maintenir la pression sur Ford. Les syndicats appellent à manifester ce jeudi 25 octobre à Bordeaux. La CGT souligne que la multinationale n’est pas en difficulté – elle a réalisé 7 milliards de dollars de bénéfices en 2017 -, et a déjà bénéficié pour son usine de Blanquefort de subventions publiques équivalant à « 830 euros par salarié et par mois sur 5 ans pour 1 000 salariés » !
Philippe Poutou prévient par ailleurs Punch, qui aurait annoncé son souhait d’ »améliorer la compétitivité de l’usine » : pas question de toucher aux 13 RTT, ni aux salaires (2000 euros par mois en moyenne pour les ouvriers), et que « les ouvriers payent ainsi la note » de la reprise de Ford. Mais on n’en est pas encore là.
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