Une tyrolienne à Mériadeck, des poulaillers urbains, des composteurs communs dans l’ensemble de la ville… Pour sortir de terre ces initiatives auront besoin du soutien des Bordelais. Dans le cadre du budget participatif, sans distinction d’âge ou de nationalité, ils pourront voter tout au long du mois de mai, pour 3 projets de leur choix par ordre de préférence.
L’enveloppe de 2,5 millions d’euros prévue par la mairie sera ensuite répartie jusqu’à épuisement pour réaliser les projets qui auront remporté le plus de suffrages.
Pour Chloé qui propose d’installer un composteur commun au jardin public, et Vincent qui veut végétaliser les blocstop du centre-ville, la campagne est lancée. Leurs projets, évalués respectivement à 1936 euros et 150 000 euros par la mairie, ont déjà recueilli 132 et 85 votes sur la plateforme internet du budget participatif.
Plus de 5000 votes sur le site
L’évaluation financière peut parfois étonner, comme ce fut le cas pour Lucie : son projet de réaménager la place des martyrs à Saint-Seurin, en agrandissant et délimitant matériellement l’espace en herbe, a été chiffré à 2 millions d’euros ! Il nécessiterait la réalisation de fouilles archéologiques proches d’un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Après 10 jours de scrutin, plus de 5170 votes sont déjà recensés sur la plateforme internet du dispositif, et 2809 personnes ont participé au suffrage.
Les Bordelais peuvent également faire entendre leur voix en insérant leur bulletin dans les urnes en place dans les mairies de quartiers. Elles seront également disposées à l’hôtel de ville lors du forum destiné à la présentation des projets par leurs porteurs, le 18 mai prochain.
Dominante écolo
Sur les 418 projets déposés, 134 ont passé l’examen de la recevabilité effectué par les services municipaux. Parmi eux, 11 sont issus d’une fusion de plusieurs propositions et sont alors présentés comme des projets de la Ville de Bordeaux. C’est le cas du projet de végétalisation des blocstop du centre-ville de Vincent ou encore du projet de créer du mobilier urbain en adéquation avec la pratique du skateboard qui totalise aujourd’hui le second plus grand total de votes avec 231 contributions.
Portés par une dynamique de développement durable, condition indispensable requise par la ville, la majeure partie des projets s’inscrivent dans une forte dominante écologique.
« Comme souvent, la directisation de la démocratie fait émerger les thématiques écologiques », indique Marion Paoletti, maitresse de conférences à l’université de Bordeaux spécialiste de la sociologie politique de la démocratie participative.
Trois comités de suivi ont été chargés de vérifier la recevabilité des projets, préalablement évalués par les services de la Ville. Ils étaient composés en majeure partie d’élus de la majorité, plus un représentant de chaque groupe de l’opposition et de huit habitants, tirés au sort sur liste électorale, représentant chacun un quartier de la ville.
Sans filtres
Cette démarche est différente de celle proposée à Grenoble où une trentaine de projets sont directement présélectionnés par les Grenoblois avant d’être instruits par les services municipaux puis soumis au vote de la population. Ce filtre citoyen, appelé de ses vœux par Pierre Hurmic en conseil municipal, la mairie n’a pas voulu l’appliquer afin de « ne pas restreindre la liste des projets présentés aux habitants ».
Après une brève période d’adaptation lui permettant d’apprendre à interpeller les élus, Brett, un des citoyens tirés au sort et représentant Bordeaux maritime, a eu l’occasion de défendre les projets qui lui tenaient à cœur. Nicolas, représentant de Bordeaux Sud, a eu le sentiment de pouvoir y « échanger en profondeur sur chacun des projets non retenus ; cela a toujours débouché sur une unanimité sur les conclusions ».
Les projets dont le refus a été annoncé au début du mois ont été accompagnés d’une réponse de la part des services de la Ville. L’un des 407 projets proposait la création d’un parc comestible, reprenant l’initiative des écologistes pour renaturer la Jallère, où la métropole veut créer 2000 logements. Il s’est vu retoquer du fait de « l’impact de la pollution importante détectée » sur le site.
En campagne
Désormais, les porteurs de projets sont entrés en campagne. Conseiller de quartier et membre de la Commission permanente de Bordeaux centre, Johny propose de remettre en valeur la place Lucien-Victor-Meunier située près de l’Eglise Saint-Seurin afin d’y organiser des fêtes de quartier. Pour faire la promotion de son projet, il a déjà réalisé une vidéo explicative postée sur les réseaux sociaux. Des flyers à l’image des projets déposés ont également été mis à disposition pour la campagne.
Comme beaucoup, Claire, qui propose d’implanter un poulailler urbain à Bastide, espère trouver un soutien de taille parmi ses voisins :
« Je vais aller prospecter et distribuer les flyers chez les commerçants du quartier pour parler du projet et je vais bien sûr défendre le projet lors du forum du 18 mai. »
L’occasion de créer du lien social, et d’impliquer directement les bordelais comme le promettait le principe du budget participatif. Après l’annonce des résultats qui interviendra en juin, il faudra attendre juillet pour voir sortir de terres les premières réalisations.
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