Président du conseil général de la Gironde pendant 36 ans, Philippe Madrelle est mort ce mardi 27 août. Incontournable éléphant du parti socialiste girondin pendant quasiment un demi-siècle, le sénateur a succombé à un cancer à l’âge de 82 ans.
Fils d’un maire (SFIO) de Saint-Seurin-de-Cursac, ce professeur d’anglais de métier décroche un premier mandat de conseiller municipal à Ambarès-et-Lagrave en 1965. Trois ans plus tard, il est élu député, et lâche le Palais Bourbon pour celui du Luxembourg en 1980. Madrelle enchaînera alors 5 mandats de sénateur, avec une dernière réélection en 2014.
Pendant ce temps, il cumule les mandats locaux : de 1976 à 2001, il est maire de Carbon-Blanc, de 1981 à 1985, président du conseil régional d’Aquitaine, et de 1976 à 1985, puis de 1988 à 2015, président du conseil général de la Gironde.
Immortel
Lorsqu’il passe la main en 2015, c’est lui qui arbitre pour Jean-Luc Gleyze entre ses candidats à la succession. Dans son fief de Carbon-Blanc, c’est son fils Philippe qui reprend – brièvement, de 2013 à 2014 – le fauteuil de maire.
Proche de François Mitterrand, principal opposant à Jacques Chaban-Delmas en Gironde, Philippe Madrelle était un des derniers représentants encore en activité de la génération née avant la guerre.
Et tel un membre de l’Académie Française, il aura été quasi immortel jusqu’au bout : peu après 19h, les médias locaux ont en effet annoncé sa mort, avant de retirer leurs publications du web – pour certains à deux reprises. Confirmé à la presse par des sources proches de la famille, le décès a même été infirmé par cette dernière, pour être finalement officialisé vers 20h25…
Certains responsables politiques ont aussi retiré leur post d’hommage sur Facebook, avant de le republier un peu plus tard. Alain Anziani, maire de Mérignac a notamment déploré la perte « d’un ami » et d’un « homme d’une générosité et d’une énergie rares, toutes les deux mises au service du bien public ».
« Les élus du Conseil départemental, ses agents, comme l’ensemble des habitants de la Gironde, éprouvent, aujourd’hui, un immense chagrin en apprenant la disparition de Philippe Madrelle, a réagi pour sa part le département de la Gironde. Il est juste de dire qu’une grande majorité de Girondines et de Girondins se sentent orphelins tant cet homme d’exception a eu partie liée avec leur vie quotidienne. »
« Girondin dans les deux sens du terme »
Pour Jean-Luc Gleyze, celui que la presse a surnommé « le vieux lion » était « Girondin dans les deux sens du terme, il a accompagné les destinées de la collectivité départementale, la faisant passer de la tutelle de l’Etat à la souveraineté pleine et entière issue de la décentralisation de 1982 ».
« L’ensemble de son action a été marquée par un même corpus de valeurs, poursuit le successeur : celles du Parti Socialiste. Des valeurs solidement ancrées à Gauche, soucieuses d’aider les plus fragiles, tendues vers des objectifs d’égalité, de fraternité, d’humanisme. »
« Nous lui devons, pour beaucoup, notre engagement en politique », estime Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et qui a été son premier vice-président au département de la Gironde.
« Philippe Madrelle incarnait profondément et intimement la Gironde. Un département dont il était l’émanation dans ses valeurs de tolérance, de solidarité, de modération, de tempérance, d’humilité. Un département qu’il avait mis au service de tous les territoires, du Médoc à l’entre deux mers, du Blayais au sud Gironde. »
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