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Pierre Hurmic, candidat de l’urgence climatique à la mairie de Bordeaux

Élu pour la première fois au conseil municipal de Bordeaux en 1995, comme Alain Juppé, Pierre Hurmic a officialisé ce jeudi sa candidature à la mairie de Bordeaux. L’avocat écologiste va désormais devoir rassembler largement s’il veut faire basculer la ville à gauche pour la première fois depuis la guerre.

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Pierre Hurmic, candidat de l’urgence climatique à la mairie de Bordeaux

Déclarer Bordeaux en « état d’urgence climatique » comme l’ont fait d’autres grandes villes, comme Bruxelles, décliné en 6 priorités (lire ci-contre) : ce serait la première décision de Pierre Hurmic (EELV) s’il est élu au Palais Rohan en mars 2020.

« Quand vous vous promenez à Bordeaux, qu’il fait 41,2°C [record de température battu le 23 juillet, NDLR], […] quand le dernier rapport du GIEC montre que Bordeaux serait concernée par une élévation d’un mètre du niveau des océans, on ne peut pas se contenter de la politique des petits pas et des petits pots », déclare le conseiller municipal en référence aux arbres installés place Pey-Berland par la mairie cet été.

« Plus écolo que moi tu meurs »

L’avocat de métier – il défend par exemple les opposants à la LGV Bordeaux-Toulouse – a donc officialisé ce jeudi sa candidature. Celle-ci ne faisait guère de doute, après le résultat des élections européennes (la liste de Yannick Jadot a obtenu 21,59% des voix à Bordeaux), puis le lancement d’un appel à se mobiliser pour les municipales. Pierre Hurmic s’est d’abord employé à serrer les rangs :

« Au moment où nos concurrents jouent la carte du “plus écolo que moi tu meurs”, j’ai voulu rassembler tous ceux qui se battent pour l’écologie depuis des années, pas depuis la semaine dernière », affirme le conseiller municipal.

Pour son point presse, il est ainsi entouré des représentants locaux de formations – MEI, Cap21, Génération écologie -, qui s’étaient présentées aux européennes avec la liste « Urgence écologie » menée par Dominique Bourg.

Bref, des membres d’une famille recomposée qui depuis les élections européennes, à l’initiative de Yannick Jadot ou encore Delphine Batho, tente de se ressouder. Pour Pierre Hurmic, elle doit constituer « la force propulsive de l’alternance » à Bordeaux. Il souligne en effet que « l’écologie est devenue la deuxième force politique sur la ville, loin devant toutes les autres ».

Pierre Hurmic au milieu de la famille écolo recomposée (SB/Rue89 Bordeaux)

Une « fabrique de l’alternance »

A Bordeaux, la liste de Yannick Jadot a en effet réalisé 21,54%, derrière celle de Nathalie Loiseau, aucune autre ne franchissant les 9%. Leaders naturels de toutes les listes de gauche contre Jacques Chaban-Delmas puis Alain Juppé, les socialistes, en déroute depuis les législatives de 2017, ne sont plus en position de force.   

En outre, l’élu EELV était le mieux placé selon un sondage dévoilé en mai dernier. Mais avec 13% d’intentions de vote, il est certes au dessus des scores réalisés sur son nom aux municipales (9,59% en 2001, 10,3% en 2006), il est encore loin de la majorité, voire du deuxième tour…

Aussi, le prochain étage de la fusée consistera à rassembler autour des écolos, et de sa personne – élu au conseil municipal depuis 1995, il estime avoir assez de légitimité et d’expérience pour prétendre au poste de maire :

« Alain Juppé obligeait ses opposants à l’excellence, à bosser énormément, car il vous taclait immédiatement si vous étiez approximatif. Et en étant seulement deux dans le groupe écologiste, nous devons potasser tous les sujets. »

Afin d’élargir le cercle, les écologistes participeront ce samedi à une « fabrique de l’alternance », destinée à mobiliser les Bordelais autour de débats thématiques (logement, transports…). L’initiative, qui s’était mise en marche après les élections européennes, émane d’une coordination de tous les partis de gauche (PS, PC, Génération.s, Place Publique…), sauf la France insoumise.

Alliance…

Une partie de la base bordelaise de ce mouvement penche pourtant pour une alliance, en particulier avec les écologistes. Mais ses leaders locaux, à commencer par le député Loïc Prud’homme, refusent de s’associer à des membres du Parti socialiste qui ont, entre autres reproches, soutenu la déchéance de nationalité sous le quinquennat Hollande, ou défendent la cogestion métropolitaine.

Pierre Hurmic, au contraire ne veut pas fermer la porte « à des personnalités qui n’ont pas démérité, telles Emmanuelle Ajon et Matthieu Rouveyre », tous deux conseillers municipaux socialistes, vice-présidents du département de la Gironde… et signataires de l’Appel de Bordeaux.

Plus de 500 personnes ont adhéré à cette déclaration de principes, ce qui pour les Verts est une « condition sine qua non » à une participation à la campagne. C’est aussi un « vivier » de compétences pour sa future liste de Pierre Hurmic, qui se réjouit que les marches pour le climat aient attiré de nouveaux venus et des jeunes en politique.

Horloger bordelais, Paul Bouissou a par exemple décidé de franchir le pas :

« Si ce n’est pas moi et ma génération qui réagissons, compte tenu du réchauffement climatique, l’avenir des mes deux enfants est peut-être compromis, témoigne ce père de famille. Je rejoins donc Pierre Hurmic pour l’aider, lui apporter ma vision de la ville en tant que commerçant, ma jeunesse et mes convictions écologistes. »

… ou pas ?

Des militants associatifs ont aussi apporté leur soutien à Pierre Hurmic, tel Maxime Ghesquière, animateur de Dynam’eau. Deuxième candidat déclaré à gauche, l’avocat et écrivain à ses heures devra en revanche composer avec Vincent Feltesse, dont il était colistier en 2014. 

L’ancien président (PS) de Bordeaux Métropole, et conseiller de François Hollande, est entré récemment en campagne avec un programme très écolo, mais « dans son couloir », comme il le dit lui-même, sans autres troupes que son association BMQ2050 et des personnalités peu connues de la société civile. Démissionnaire du PS et en froid avec certains des caciques de la gauche, le conseiller municipal et métropolitain n’a pas non plus été invité à la fabrique de l’alternance.

Cette dernière risque donc de s’éloigner si les divisions se confirment et se multiplient. Matthieu Rouveyre et son mouvement Bordeaux Maintenant se rallieront-ils aux écologistes ? Le PS, les radicaux, les communistes… seront-ils solubles dans le vert ? La fabrique de samedi, et la décision finale des insoumis, donneront quelques clés. 


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