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Les Insoumis lancent Bordeaux Debout, « liste citoyenne » pour les municipales

Une nouvelle liste se prépare pour les élections municipales de 2020, celle de Bordeaux Debout. Animée par les militants de la France insoumise, elle prétend rassembler les citoyens autour d’un « projet écologiste, social, solidaire et démocratique », entérinant ainsi la division avec la liste écolo de Pierre Hurmic, vertement critiqué. 

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Les Insoumis lancent Bordeaux Debout, « liste citoyenne » pour les municipales

« Nous lançons un appel à celles et ceux qui veulent construire pour Bordeaux un projet écologiste, social, solidaire et démocratique. Nous voulons rompre avec l’habituelle pratique de tractation entre partis. Face à la droite divisée pour la première fois à Bordeaux nous avons décidé de nous unir ».

L’appel de Bordeaux Debout ne craint pas le paradoxe : lancé officiellement ce mercredi, ce « collectif citoyen (…) a décidé de présenter une liste aux élections municipales de 2020 », précise un communiqué, entérinant ainsi le choix de la France insoumise de ne pas rejoindre les écologistes, et démultipliant ainsi les candidatures à gauche.

Car si les acteurs de Bordeaux Debout se présentent comme des « citoyennes et des citoyens, militantes et militants associatif.e.s, écologistes, syndicaux, politiques engagé.e.s dans les combats pour la justice sociale et la défense de l’environnement », ses membres fondateurs sont pour beaucoup ceux des groupes bordelais de la FI, rassemblant 70 à 100 personnes.

Poutou au soutien

Le parti mélenchoniste a ainsi finalement tranché sur la marche à suivre. Certes, il « ne soutient pas encore officiellement le mouvement », affirme toutefois son porte-parole Clément Agostini, lui même militant insoumis à Sciences Po Bordeaux. Selon lui Bordeaux debout « reste toujours ouvert aux discussions avec d’autres forces politiques », citant notamment la participation de Philippe Poutou (NPA) à sa dernière réunion.

Bien que les priorités de Bordeaux Debout (« mettre fin au bétonnage et la spéculation immobilière », encadrer les loyers, « faire primer la transition écologique et énergétique dans tous les choix politiques »…) soient quasiment identiques à celle de l’appel de Bordeaux des écolos, Clément Agostini ne ménage pas les piques adressées à Pierre Hurmic :

« Nous ranger derrière la candidature de Pierre Hurmic serait une trahison des électeurs. Nous sommes un mouvement participatif et horizontal. Il est normal de s’interroger sur le caractère réellement citoyen d’une initiative dès lors qu’elle a forcément lieu derrière Pierre Hurmic, et pas à d’autres conditions. (..) Nous ne nous reconnaissons pas dans les démarches d’accord de partis et n’envisageons pas de faire cause commune avec le Parti Socialiste. Pour finir, le renouveau que nous incarnons ne peut s’effectuer derrière un homme présent au conseil municipal bordelais depuis 1995. »

Plus étonnant, le porte-parole de Bordeaux debout reproche au candidat des écologistes, pourtant premier procureur de la cogestion métropolitaine, « sa participation à la cogestion à la métropole lorsqu’il vote le budget ».

En outre, les Insoumis ne digèrent pas le rapprochement en cours des écologistes avec le Parti socialiste ; ses figures locales, qu’elles soient toujours au PS (Matthieu Rouveyre, Emmanuelle Ajon) ou l’aient quitté (Vincent Feltesse) payent le bilan du quinquennat Hollande et les fractures laissées à gauche par certains débats, comme celui sur la déchéance de nationalité.

Une liste tirée au sort ?

Dans son appel, le mouvement se réclame de la gauche mouvementiste :

« Les marches pour le climat, les mobilisations des Gilets Jaunes, les collectifs de soutien aux expulsé⋅e⋅s, aux réfugié⋅e⋅s et aux sans-abris, les mouvement sociaux des Fords, des fonctionnaires (Assistant⋅e⋅s maternel⋅le⋅s, Enseignant⋅e⋅s, Soignant⋅e⋅s, Pompier⋅e⋅s…), les revendications pour la justice sociale et une démocratie réelle réclament des choix efficaces et transparents. »

Bordeaux debout invite désormais les citoyen.ne.s à prendre part à une « dynamique programmatique » dont certains points, comme la gratuité des transports en commun, sont bien bornés par la ligne nationale de la FI. L’objectif serait de boucler le programme et la liste pour le 13 décembre.

Quelles femmes et quels hommes les porteraient ? Clément Agostini affirme que la liste est loin d’être établie, et pourrait l’être par des méthodes telles que le tirage au sort ou le vote de ses membres par les militants, à l’instar du modèle revendiqué, l’Archipel Citoyen à Toulouse… qui réunit EELV, la FI et d’anciens socialistes. 

La tête de liste, elle, « ne sera pas tirée d’un chapeau, et sera une figure associative ou militante porteuse de sens ». Donné au coude à coude (entre 13 et 14%) avec Pierre Hurmic dans un premier sondage réalisé en mai dernier à Bordeaux, puis seulement à 6% quand l’écologiste décollait à 24,5% dans l’enquête d’opinion de la Tribune, Loïc Prud’homme est sans doute dans cette « short list », tout comme l’historienne, militante anti-pesticide Sylvie Nony.

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