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Alliance(s) à gauche, pourquoi ça coince à Bordeaux

Si Pierre Hurmic a reçu ce lundi la visite médiatisée de Yannick Jadot, la tête de liste EELV aux municipales n’est pas encore parvenue à fédérer toute la gauche derrière sa candidature. Les négociations sont particulièrement ardues avec le Parti socialiste, peu résolu à jouer les seconds rôles dans une élection majeure.   L’indécision règne aussi à la gauche de la gauche.

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Alliance(s) à gauche, pourquoi ça coince à Bordeaux

« Bordeaux est l’une des villes cibles pour les écologistes », lance Yannick Jadot. Le chef de file EELV aux européennes espère bien que son candidat aux municipales, Pierre Hurmic, fera encore mieux que lui (21,54%), et ramènera, après Bègles et Grenoble, une autre grande ville dans l’escarcelle verte. Et ce lundi, en visite à Bordeaux, il lui assure sa confiance :

« Vous savez l’indépendance, l’autonomie de Pierre Hurmic, et sa volonté de respecter des principes. Il n’est pas question qu’il soit le candidat des Verts à la tête d’une coalition de partis, mais le candidat des Bordelaises et des Bordelais. »

L’avocat écolo considère en effet qu’un attelage décidé par des états-majors serait une « machine à perdre ». Mais pour fédérer les forces militantes à gauche, il est bien obligé d’en passer par là. Et ce n’est pas simple… 

Leadership

« Pierre Hurmic a pris le melon depuis le sondage de la Tribune (qui le donne second du premier tour, derrière Nicolas Florian), ça devient compliqué de lui parler », disent les mauvaises langues d’un côté. « Les socialistes sont trop gourmands, et mettent dans la balance les autres villes et les places aux élections cantonales », entend-t-on d’un autre.

Les volontés claironnées tous azimuts de faire de la politique autrement se heurtent toujours à des considérations bassement humaines lorsqu’il s’agit de désigner des chefs de file aux élections. Surtout quand la victoire semble possible : donnée à 30,5% au premier tour, une alliance écologistes-PS aiguise forcément les appétits.  

Contrairement aux scrutins précédents, les socialistes ne sont plus en position de force : testés avec une candidature de Matthieu Rouveyre, ils émargeraient à 5,5%, non loin du score réalisé par la liste Glucksman aux européennes à Bordeaux (8,49%). Ils ont néanmoins refusé la proposition initiale des écologistes – les 6e, 7e et 8e positions –, exigeant au moins trois places entre la quatrième et la dixième place. 

La moitié du gâteau

Selon nos informations, au delà de l’ordre protocolaire, c’est le nombre de sièges éligibles qui est en jeu. Désireux de garder du poids au conseil municipal, et surtout à la métropole où se joueront les décisions clés, le PS en voudrait la moitié.

Hors de question pour les écolos : ils veulent réserver la moitié des places à des représentants de la société civile, notamment des jeunes émergeant des Marches pour le climat, un quart aux Verts et à leurs alliés écologistes, et un quart aux autres forces de la gauche (PS, mais aussi Parti communiste, Génération.s, etc.). 

Sortie de déjeuner pour Clément Rossignol-Puech, Sylvie Cassou-Schotte et Pierre Hurmic (SB/Rue89 Bordeaux)

« On est décidé à être raisonnable, on veut le rassemblement et on est prêt à lâcher du lest, mais on attend de nos alliés qu’ils fassent preuve de la même souplesse, prévient Pierre Hurmic. Tout le monde ne sera pas sur le podium. »  

Matthieu Rouveyre et Emmanuelle Ajon, figures socialistes au conseil municipal, doivent-ils se sentir visés ?

« Quand nous étions plus en avant par le passé, nous avons fait ce qu’il fallait pour donner des places à ceux qui l’étaient moins, plaide pour sa part Pascale Bousquet-Pitt, secrétaire de la section de Bordeaux du PS. Nous n’ignorons pas dans quels sens sont allés les scores aux européennes. Mais on essaye de trouver un accord qui soit respectueux et raisonnable. On ne veut pas des places pour avoir des places, mais pour des gens investis dans la vie bordelaise, engagés dans leur travail ou dans des associations. Ils ne doivent pas être pénalisés parce qu’ils sont encartés au PS. »

Fumée blanche vendredi ?

Ou à la limite de ce dernier, comme Matthieu Rouveyre. Toujours encarté, le conseiller municipal et vice-président du département de la Gironde joue surtout la carte de l’agitateur d’idées, avec son association Bordeaux Maintenant ! : il présentera ce mardi 100 propositions pour les municipales, « un travail de fond » que selon lui ne font pas suffisamment les autres.

Mais il souligne que dans une liste d’alliance, les personnes mandatées par leurs organisations respectives se voient proposer des places parmi les10 premiers de la liste. Une tradition dont feraient fi les écologistes…  

Tout le monde veut néanmoins croire qu’une réunion de la dernière chance permettra ce vendredi de dégager la fumée blanche.

« On a envie de partir en campagne car le temps perdu l’est en faveur de Thomas Cazenave et Nicolas Florian, et qu’il faudra mettre les bouchées doubles pour le rattraper », estime Pascale Bousquet-Pitt.

Le temps presse aussi à la gauche de la gauche : lancée récemment, la tentative de liste citoyenne Bordeaux Debout, portée entre autres par des militants de la France insoumise, n’est pas encore parvenue à fédérer largement autour d’elle. Le NPA de Philippe Poutou s’est notamment désolidarisé de l’initiative, pour probablement monter sa propre liste anticapitaliste. 

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