Présentée ce mercredi lors d’une conférence de presse, la liste Talence en transition est le fruit de mois de discussions entre partis et citoyens sur les idées, au terme d’un processus inédit coordonné par l’association CoorCiTal.
Conseillère municipale écologiste depuis 2014, responsable administrative et financière de l’Alec (agence locale de l’énergie et du climat), Isabelle Rami, 47 ans, a été élue par « jugement majoritaire » le 13 novembre dernier.
A l’issue d’une série d’entretiens et de présentations publiques, elle a en effet obtenu une majorité de mention « excellente », son concurrent Johnny Hardy (sans étiquette, mais proche de la France insoumise) récoltant lui plutôt des mentions « Bien » de la part des 80 adhérents du collectif.
« Les citoyens de Talence ont lancé un appel permettant à l’ensemble des forces politiques écologiques et de gauche de rallier ce mouvement, s’est félicitée la candidate ce mercredi lors d’une conférence de presse. Nous avons un socle commun : un même constat sur 40 ans de politique locale à droite, et des valeurs communes pour faire entrer la ville en transition écologique. »
Ce travail « s’est appuyé sur le terrain, et sur l’action de citoyens réunis en groupes de travail, mené par l’association CoorCiTal et dépassant les clivages partisans », abonde Benoît Pic, représentant de la France insoumise. De quoi fédérer les huit partis représentés dans ce collectif, dont le PCF, Cap 21, EELV, Génération.s, et le PS.
Papier peint et hydrogène
Fait notable et pour l’instant unique dans la métropole bordelaise : la FI et le Parti socialiste feront ainsi liste commune en 2020. Même si le représentant socialiste mandaté pour négocier cet accord, Arnaud Dellu, candidat en 2014, doit depuis composer avec la fronde de deux conseillers municipaux PS, partisans d’une ligne plus centriste.
« Le constat partagé, c’est que malgré le changement de maire, rien n’a changé, juge l’élu socialiste. Nous avons beaucoup de peinture verte et de com’, un peu de démocratie participative, mais on laisse surtout aux gens la capacité de choisir la couleur du papier peint dans les toilettes. On soumet par exemple à la concertation un projet de THNS (transport à haut niveau de service) du CHU Pellegrin à Thouars, sans exposer aux gens quelles seraient les alternatives, tout en menant une concertation différente pour une branche du tram B qui longerait en partie le tracé de ce projet ! »
Cette ligne E, comme il l’appelle, est le fer de lance d’Emmanuel Sallaberry (sans étiquette), qui défend une option de trambus roulant à l’hydrogène. Ancien arbitre de tennis professionnel, le maire de Talence a succédé en octobre 2017 à Alain Cazabonne, suite à l’élection au Sénat de l’indéboulonnable (depuis 1993) patron Modem de la quatrième ville de Gironde (près de 44000 habitants).
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Probable candidat à sa réélection en 2020, même s’il ne s’est pas encore déclaré, Emmanuel Sallaberry a tenté de poser sa marque, avec « le premier budget participatif de Gironde ». Se posant en écolo convaincu, il affirmait avoir mis le holà aux projets immobiliers et, lors de sa conférence de presse de rentrée, déclarait multiplier les espaces verts – 4 hectares depuis 2014, réunification à venir des parcs des châteaux Margaux et Peixotto…
« Hyperurbanisation »
De quoi faire tousser Monique de Marco, conseillère municipale Verte et membre de Talence en transition :
« C’est une écologie de façade comme le montrent deux projets de la ville dans le bois de Thouars, pourtant protégé : la création d’une salle d’athlétisme et celle d’un parking pour le lycée hôtelier. Tous deux grignotent un espace vert qu’on aurait dû sanctuariser. »
Graziella Danguy, de CoorCiTal, considère qu’Emmanuel Sallaberry, ex adjoint aux finances d’Alain Cazabonne, est comptable du bilan de ce dernier, à savoir l’ « hyperurbanisation » de Talence :
« Tous les espaces publics ont été vendus aux promoteurs immobiliers. Nous avions par exemple combattu en vain la vente des terrains autour de la gare de la Médoquine pour créer un pôle multimodal. La gare va rouvrir, mais ce ne sera pas avec les mêmes conditions d’accès. »
Pour la militante associative, porte-parole de Talence en transition, « tout est fait pour la bagnole », au détriment des pistes cyclables.
« C’est l’ancien monde, irréaliste par rapport au changement climatique, on veut en changer et donner la parole aux Talençais », poursuit-elle.
Des groupes de travail vont désormais s’atteler au programme, qui donnera notamment la priorité à la rénovation des logements et à la démocratie locale. Les 200 personnes ayant suivies de près ou de loin la création de la liste sont invitées à y contribuer. Talence en transition espère créer une dynamique, et faire basculer une ville votant plutôt à gauche lors des scrutins nationaux.
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