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Bordeaux Maintenant largue Pierre Hurmic dans sa course à la mairie de Bordeaux

Tandis que les forces écologistes et de gauche sont toujours en pourparlers afin d’établir une liste commune pour les municipales à Bordeaux, le collectif Bordeaux Maintenant a annoncé le 5 décembre son retrait du processus.

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Bordeaux Maintenant largue Pierre Hurmic dans sa course à la mairie de Bordeaux

La nouvelle est tombée sur les réseaux sociaux de Bordeaux Maintenant hier soir. A travers un long texte, le collectif de citoyens bordelais fondé par l’élu socialiste Matthieu Rouveyre a expliqué les raisons qui l’ont conduit à se retirer du processus d’union toujours en cours entre écologistes et forces de gauche.

« Les citoyen-n-es de Bordeaux Maintenant ne se reconnaissent pas ni sur le fond, ni sur la forme, dans le processus engagé par EELV et qui vise le rassemblement des forces écologistes et de gauche à Bordeaux aux Municipales 2020 » pouvait-on lire, sans équivoque, dans le texte publié.

L’information, communiquée peu de temps avant aux intéressés Verts et de Gauche, n’a pas manqué de surprendre. Aucun élément ne portait pourtant à croire que l’association prendrait une telle décision, à moins de quatre mois des élections municipales à Bordeaux. 

Bordeaux Maintenant engagé pour le rassemblement

Bordeaux Maintenant, qui a avancé des solutions pour la Ville, tout en ouvrant le débat aux citoyens sur des questions fondamentales, ne se revendique pas parti politique. Il avait pourtant pris part aux discussions entamées par les forces écologistes et de gauche en vue des municipales.

En juin dernier, l’élu PS Matthieu Rouveyre confiait à 20 minutes Bordeaux « qu’une “fenêtre de tir” existe si la gauche se rassemble ». Plus encore, un livret avait été réalisé autour de huit thématiques fortes présentées aux forces de gauche. D’ailleurs, en novembre dernier, Matthieu Rouveyre et son équipe avait dévoilé 100 propositions pour Bordeaux, qui auraient pu ressembler à une ébauche de programme électoral. Son édito mentionnait que « Bordeaux Maintenant concourra à créer les conditions d’un rassemblement de la gauche et des écologistes qui soit le plus fort et le plus large possible, avec l’objectif de réussir l’alternance à Bordeaux ».

Le collectif avait également participé au « forum pour l’alternance » organisé fin septembre dernier à Bacalan, qui avait réuni 10 mouvements de gauche (dont le PS, EELV, Place publique, Génération.s, PC…) afin de collecter  des avis citoyens, et de tenter d’avancer groupés en vue des municipales. 

Au centre, Matthieu Rouveyre et Pierre Hurmic au « forum pour l’alternance » organisé le 28 septembre 2019 (CM/Rue89 Bordeaux)

« Claquer la porte »

La place laissée au collectif dans la future équipe municipale était-elle insuffisante ? Une raison supputée par Emmanuelle Ajon, vice-présidente du département de la Gironde, élue PS. 

« Ils avaient demandé 16 places, ce qui est énorme. C’est peut-être ce qui les a poussé à partir. On était tous sur les dents, on s’est dit que quelqu’un pouvait claquer la porte. Mais pas comme ça » s’étonne-t-elle. 

« Ce n’est pas du tout la raison » explique Delphine Caszalot, présidente de Bordeaux Maintenant :

« Depuis le départ on était pour ce rassemblement, mais pas à n’importe quel prix. » 

Emmanuelle Ajon, confie qu’une réunion commune s’est tenue ce 5 décembre, et que Pierre Hurmic les a « rassurés ». Si Bordeaux Maintenant avait pris part aux premières discussions, ses représentants ont été les grands absents de cette réunion, après une annonce quelques heures plus tôt.

« Ils nous ont envoyé un email en fin d’après-midi. Le même texte fut ensuite publié quelques heures plus tard sur les réseaux sociaux du collectif » explique Emmanuelle Ajon non sans déception sur la façon de procéder du collectif. 

Une union difficile… 

Les candidats aux municipales à Bordeaux sont toujours bien décidés à avancer contre vents et marrées pour tenter de gagner les clés du palais Rohan. Si Vincent Feltesse (sans étiquette), Thomas Cazenave (LREM) et Nicolas Florian (sans étiquette) font cavaliers seuls, les forces écologistes et de gauche ont bien compris qu’une union pourrait peser dans la balance.

Le dernier sondage en date publié par La Tribune indiquait en octobre dernier qu’ « une liste menée par Pierre Hurmic soutenue par les écologistes et par le Parti socialiste cumulerait 30,5 % des intentions de vote ».

Pourtant, si le premier tour des élections est prévu pour le 15 mars prochain, l’union est encore en construction entre les deux forces politiques. Pierre Hurmic s’est exprimé « confiant » lors de sa conférence de presse du 3 décembre, mais les discussions coincent encore sur la problématique de la place à donner à chacun sur la liste. Une union qui devrait « voir le jour d’ici une dizaine de jours » a avancé le candidat EELV.

Ainsi, de réunions en réunions, les discussions vont bon train. Mais pour certains élus qui prennent part à ces travaux préliminaires, l’urgence est réelle, tandis que les autres candidats avancent, eux, dans leur campagne.

… et « incompatible »

La publication de Bordeaux Maintenant, détaillée sur la page facebook du collectif, explique entre autre :

« Nous sommes convaincus, depuis le départ, de la nécessité d’un rassemblement des forces écologistes et de gauche. Néanmoins, cet impératif est devenu peu à peu profondément incompatible avec les intérêts et les pratiques qui se sont dégagés des échanges tenus pour créer ce rassemblement. Nous nous sommes attachés autant que faire se peut à participer à cette perspective d’union. Pour autant, nous ne croyons pas qu’elle caractérise le renouvellement tant attendu du personnel politique. Nous ne croyons pas non plus que ces discussions aboutissent à un partage permanent de la prise de décision avec les citoyens. »

D’après ce communiqué, une réponse à l’urgence écologique, réelle, ne peut pas, à elle seule « régler les problèmes immédiats auxquels font face les habitants ». Des questions sont soulevées, telles que « quelles solutions à la précarité vécue par les 42 500 bordelais.es vivant sous le seuil de pauvreté ? Quel modèle économique résilient pour Bordeaux ? Quelle stratégie d’insertion professionnelle pour les 30 000 chômeurs que compte la ville ?  » 

Pour Delphine Caszalot :

« On ne se reconnait pas dans ces discussions, dont nous avions pris part depuis le début. Nos exigences étaient de faire passer les idées avant les personnes. Beaucoup de citoyens ne se reconnaissaient pas dans des partis politiques traditionnels. Nous voulions créer du débat d’idées et non pas être dans des problématiques d’appareil politique, de retomber sur un regroupement de partis politique à défaut de laisser plus de place à la société civile. »

Car si Pierre Hurmic a dévoilé les visages de sa campagne, pour moitié de néophytes en politique ce 3 décembre, l’intérêt pour la société civile est « récent » pour la présidente. 

« Il n’y a pas eu de co construction, de dynamique citoyenne en ce sens, contrairement à Talence » ajoute-t-elle. 

Quant à une liste aux municipales menée par l’association, Delphine Caszalot ne balaie pas totalement cette idée, tout en concluant :

« On ne s’interdit rien, on veut continuer sur notre ligne, peser sur le fond et le débat d’idées. Mais on a pas forcément besoin d’être élus pour exister ». 


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