« Pour la prochaine réunion, on réservera le grand stade », plaisante Pierre Hurmic. La salle de l’Athénée municipal est, il est vrai, pleine à craquer (plus de 500 personnes) pour le premier grand meeting de campagne du candidat écolo. Une preuve que l’intérêt manifesté par les Bordelais dans les sondages (30% pour la liste Bordeaux Respire) se traduit aussi sur le terrain.
Parvenu à ranger une bonne partie de la gauche derrière sa candidature, notamment le Parti socialiste, l’avocat se sait toutefois très attendu au tournant, à commencer sur sa capacité à galvaniser les militants, qui constituent le gros du public de l’Athénée, et à convaincre au delà de ces cercles.
« Ce soir j’ai franchi un cap », affirme donc le conseiller municipal lors de son discours. Exit l’ « opposant proposant », à l’origine du budget participatif, finalement adopté par Alain Juppé :
« Inspirer Bordeaux fut notre ligne de conduite, mais comme je l’ai dit au maire : “Nous n’avons plus vocation à vous inspirer, mais à vous remplacer” ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « Florian maire sortant rime un peu comme Hurmic, maire écologique ».
Expédition punitive
Le candidat vert focalise d’ailleurs ses attaques sur le successeur de Juppé, raillé pour sa conversion sur le tard aux enjeux environnementaux :
« Nos concurrents parlent beaucoup d’écologie, tant mieux, mais ceux qui parlent de canopée urbaine sont les mêmes qui ont abattu 17 marronniers sains sur la place Gambetta (…). Nous serions selon eux les partisans d’une écologie punitive. Mais est-ce punitif de vouloir offrir aux Bordelais des quartiers apaisés où la place de la voiture et la pollution sont limitées, et de vouloir construire une ville résiliante ? »
Car Pierre Hurmic veut rappeler et dramatiser l’enjeu majeur à ses yeux de l’élection :
« Ce mandat est celui de la dernière chance pour le climat. Car le GIEC (groupe d’experts internationaux du climat) nous dit que l’échéance pour rester sous le seuil fatidique des 1,5 °C de réchauffement, c’est 2030. 50% à 70% des solutions sont dans les mains des villes, où se gagnera la bataille du climat. Or les émissions de gaz à effet de serre de Bordeaux Métropole ont augmenté de 4% entre 2007 et 2016. »
« Je ne le ferai pas seul »
Comment s’y prendrait celui qui veut « changer de modèle de développement » ?
« Sans arrogance, avec disponibilité, humilité et bienveillance, et surtout je ne le ferai pas seul. »
C’est ce que s’est attachée à montrer la première partie de la soirée : que Pierre Hurmic est bien entouré, avec dans son équipe des compétences issues de la société civile. Ses membres (Camille Choplin, Emmanuelle Ajon, Delphine Jamet, Harmonie Lecerf…) ont égrainé les propositions concrètes du programme, de l’écologie du quotidien (repair cafés dans chaque quartier, collecte des déchets électroniques en porte à porte, plan cyclable…) à la redistribution des richesses (carte de réductions sur les services publics municipaux en fonction des revenus) en passant par la végétalisation, la démocratie permanente ou la construction écologique.
Des experts comme Bernard Blanc, ancien directeur de l’office HLM Aquitanis, et l’urbaniste Antonio Gonzalez, ont insisté sur la crédibilité de certaines propositions. Oui, il est possible de « construire la ville sur la ville » et de densifier, pourvu que les riverains soient associés dès le départ aux projets, et contribuent à leur amélioration.
Ecologie éducative
Et si, on peut supprimer du stationnement de voitures en surface, et libérer de la place pour les piétons et les îlots de fraicheur, en incitant les ménages à se passer de leur deuxième véhicule, à condition par exemple de leur donner accès à tarif préférentiel aux parkings souterrains de la ville, à moitié remplis la plupart du temps.
« Quand nous aurons proposé dans chaque quartier des solutions – bus, autopartage… – nous pourrons travailler à l’abandon de la voiture individuelle, complète Emmanuelle Ajon. Nous sommes pour une écologie éducative, qui offrira aux Bordelais des moyens de s’en défaire. »
A part quelques personnes guère convaincues par la performance oratoire du candidat, un peu trop rivé à ses notes, l’optimisme est plutôt de rigueur à la sortie de l’Athénée.
« C’est réjouissant d’avoir une alternative à gauche, crédible et rassembleuse, relève Baptiste Auliac, secrétaire fédéral du PS. On commence à avoir un programme, il va falloir faire du porte-à-porte et être actif sur les réseaux sociaux, où La République en marche est affûtée. »
« Le programme est ambitieux, mais c’est nécessaire, et ils sont assez précautionneux, observe Marie, 23 ans, au chômage. En revanche ils n’ont pas beaucoup parlé d’emploi. Comment va-t-on en créer en changeant de modèle ? »
L’économie et la culture sont deux thématiques que Bordeaux Respire promet de développer dans ses propositions à suivre. La composition de la liste est par ailleurs promise pour la mi-février.
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