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Pour un renouveau de la politique sportive à Bordeaux et la métropole

Des associations sportives, des dirigeants, des enseignants, des sportifs professionnels et amateurs, signent une tribune commune pour interpeler les candidats aux élections municipales sur le manque d’installations sportives. Selon eux, cette pénurie perturbe aussi bien les pratiques scolaires, les activités loisirs et les entrainements de compétiteurs.

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Pour un renouveau de la politique sportive à Bordeaux et la métropole

La politique sportive d’une ville comme Bordeaux doit être fondée sur trois ambitions complémentaires : de permettre à tous les enfants de découvrir les pratiques sportives ‐ c’est notamment l’enjeu du sport scolaire dès le plus jeune âge ‐ de permettre à tous les citoyens de pratiquer au quotidien ‐ pour leur santé, leurs loisirs et leur culture de vie ‐ et de permettre aux clubs d’être compétitifs notamment en transformant des jeunes talents en de véritables sportifs de haut niveau. Pour cela, nous ‐ l’ensemble des acteurs du sport ‐ avons besoin d’un environnement adéquat, donc d’installations sportives en nombre suffisant, modernes et accessibles.

Nous avons aussi besoin d’un dialogue constructif et d’une collaboration pérenne avec les collectivités locales, l’ambition commune devant être d’utiliser les installations sportives de façon optimale pour favoriser le développement des pratiques.

Bordeaux, mauvais élève en installations sportives

Aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de constater qu’il existe à Bordeaux, et plus globalement dans la métropole, un important déficit en matière d’installations sportives. Quelques chiffres illustrent cet état de fait.

La ville de Bordeaux est la 9e ville de France en population mais pointe à la 27e place au nombre d’installations sportives. Avec un total de 400 installations (stades, pistes, salles, piscines, dojos, installations extérieures, etc…), son ratio par habitant est inférieur de 31% à la moyenne française des villes de plus de 100 000 habitants (recensement de décembre 2017 du Ministère des Sports). Il devrait y avoir au total 600 installations sportives pour que Bordeaux puisse atteindre la moyenne nationale.

De ce déficit abyssal découle une évidente saturation des installations existantes si l’on considère les besoins d’une population de 256 000 habitants. Tous les publics sportifs ‐ scolaires, loisirs et compétiteurs ‐ sont impactés par cette situation. Les scolaires parce que les écoles primaires ne peuvent appliquer les programmes scolaires incluant 108h par an d’EPS. Les loisirs parce qu’ils ne peuvent accéder suffisamment aux installations sportives aux heures qui leur sont utiles. Les compétiteurs parce qu’ils voient leur créneaux d’entraînement insuffisants pour performer.

Le bassin annexe de la piscine Judaïque à Bordeaux (WS/Rue89 Bordeaux)

Deux fois moins d’athlètes bordelais sur les listes ministérielles

Le résultat ? Nos enfants ne peuvent suffisamment s’essayer aux pratiques sportives. En plus des manques constatés en EPS, l’inscription d’un enfant à une association sportive, ou à une école municipale de sport, est de plus en plus difficile pour les familles.

Nous constatons d’ailleurs la disparition progressive des écoles municipales de sport. Quand, en moyenne, 25% de la population française est licenciée à une fédération sportive, c’est seulement 16% de la population bordelaise qui possède une licence fédérale, tous sports confondus.

Pire, les femmes ne représentent que 30% des licences sportives à Bordeaux, contre 39% en moyenne au niveau national. C’est une double peine : non seulement, il y a peu d’installations sportives accessibles mais elles sont, en plus, majoritairement pensées pour les pratiques masculines.

L’impact sur le sport de haut niveau bordelais est aussi édifiant : la ville a « perdu » 55% des athlètes inscrits sur les listes ministérielles en 20 ans, 38% sur les seules 10 dernières années (chiffres du Ministère des Sports). Juste pour Bordeaux, si nous pouvions en recenser 124 en 1998, ils ne sont plus que 56 en 2019.

Nouvelle ambition pour le sport

Nous, acteurs du monde du sport, nous attendons des candidats aux élections municipales qu’ils prennent en compte ce diagnostic qui est basé sur des chiffres vérifiables et tangibles. Une ambition nouvelle pour le sport bordelais et métropolitain doit voir le jour.

Cette ambition ne porte pas seulement sur le nombre d’installations sportives, qu’il faut évidemment augmenter, mais sur tout ce qui fait une dynamique sportive dans une grande ville comme Bordeaux. Il s’agit de redonner espoir à l’ensemble des acteurs locaux qui font le sport, que Bordeaux redevienne une ville ambitieuse au niveau de sa politique sportive.

Un dernier chiffre pour s’en convaincre ? En 2018, la création de nouvelles associations à Bordeaux n’était que pour 6,9% dans le domaine du sport, contre 17,4% au niveau national (chiffres tirés du « Panorama des associations Bordelaises 2018 » de l’association Recherches et Solidarités). Y a-t-il un découragement général à s’impliquer dans le sport à Bordeaux ? Les associations forment pourtant le principal pilier sur lequel les collectivités peuvent s’appuyer pour développer des activités sportives.

Une ville sportive est une ville qui propose à sa population des installations permettant de s’exercer aux pratiques modernes. Le recensement de 2017 des installations sportives par le Ministère des Sports montre que Bordeaux est fortement déficitaire en salles de danse, d’escalade, de gymnastique, en city-stades, en salles polyvalentes et de fitness.

Les parcours extérieurs, les pistes cyclables, les parcours Vita avec agrès, les grandes infrastructures homologuées pour les compétitions nationales et internationales. Tout cela est sousdimensionné à Bordeaux ! Il y a certes le stade « Matmut‐Atlantique », mais il est loin des Bordelais. Il y a aussi le stade Chaban‐Delmas, en centre-ville, mais il n’est pas restauré. Il y a pénurie au niveau des piscines, pour beaucoup vétustes et, ou, en travaux de rénovation sur de longues durées.

Un grand plan « installations sportives » est à penser au niveau de la métropole, qui n’a d’ailleurs pas de vraie « compétence sport ». Bordeaux Métropole est d’ailleurs l’une des dernières en France dans ce cas. Et c’est une urgence pour le prochain exécutif que de lui conférer cette compétence.

Pratique du judo lors d’activités extra-scolaires (WS/Rue89 Bordeaux)

Plans et moyens

Une ville sportive est aussi une ville qui structure et pérennise un dialogue constructif avec les associations. La gestion de la pénurie des installations sportives au quotidien fait que la qualité du dialogue s’est progressivement délitée entre la municipalité et les associations.

La population augmente, donc les besoins aussi, mais pas l’offre en installations sportives. On observe donc que la mairie, qui ne peut plus répondre aux demandes toujours plus croissantes, se voit dans l’obligation de faire des choix qui ont un impact sur la vitalité d’un nombre non négligeable d’associations sportives. Les conditions d’un dialogue constructif sont évidemment difficiles à maintenir, voire à mettre en place. Il est donc impératif qu’une nouvelle vision du sport soit mise en œuvre au plan local.

Comment permettre à tous les acteurs du sport de réaliser pleinement leurs objectifs ? Comment leur donner les moyens de la réussite ? Une première étape est de remettre tous les acteurs autour de la table et de discuter d’un « grand plan sport » pour Bordeaux et sa métropole.

Les associations sportives, les clubs, sont au service des différents publics. Leurs éducateurs et entraîneurs sont les meilleurs experts du sport. Ils ont la compétence technique pour les scolaires, les loisirs et les compétiteurs. Il faut s’appuyer sur ces acteurs clés pour faire revivre le sport à Bordeaux.

S’ils sont diplômés, qu’ils ont l’expérience avec eux et qu’ils savent prendre en charge les différents publics sportifs, ils sont aussi majoritairement dans une situation professionnelle précaire. Ils sont le plus souvent à temps partiel, en CDD, et éprouvent de réelles difficultés pour valider un parcours professionnel complet. Cela nuit fortement à la structuration de solides projets sportifs associatifs à moyen et long termes.

Il est urgent qu’un plan local pour l’emploi des éducateurs et entraîneurs sportifs soit mis en place. Et cela ne se fera qu’en donnant aux associations un accès plus large aux installations sportives. L’équation est simple : l’augmentation des créneaux alloués aux associations permet d’augmenter le niveau d’activité et donc de recettes (cotisations), et donc in fine la capacité financière à salarier l’encadrement sportif ; vers du temps plein, vers des CDI.

Attentes

Ce que nous attendons de nos futurs élus, que ce soit au niveau municipal ou métropolitain, c’est qu’ils retrouvent le sens du dialogue avec les associations sportives. C’est qu’ils retrouvent l’envie de s’appuyer sur elles pour redynamiser la vie sportive bordelaise. C’est de prendre le train des J.O. de Paris 2024 pour insuffler une nouvelle ambition pour le sport de haut niveau. C’est de faire du sport le premier des loisirs des Bordelaises et des Bordelais au quotidien. C’est de faire une place plus large aux pratique féminines. C’est de promettre à toutes les écoles, et aux parents, que les enfants auront leur quota annuel d’EPS. C’est de faire de nouveau en sorte que le sport joue son rôle dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’entraide, du vivre ensemble et de la solidarité.

Franck Ledoux, professeur d’EPS
Lenguin Michel, président honoraire du Bordeaux Etudiants Club
Jerome Streiff, parent de joueurs de water-polo
Jean-François Pinson, ancien sportif de haut niveau
Lestienne Zoé, patineuse artistique
Perrin Kendall-Ledoux, professeur d’EPS
Marco Dos-Santos, dirigeant handball
Yann Moreau, co-président du BEC Handball
Amaya Larrouys, internationale twirling bâton
Cyril Petibois, pratiquant et dirigeant
Christophe Vincent, dirigeant associatif, Ancien athlète de haut niveau
Véronique Duravier, professeur d’EPS
Patrice Pecqueur, ancien international natation
Bordat Morgane, dirigeante gymnastique
Jean Lonné, sportif
Marie-Amélie Bauche, ancienne internationale
Cathy Cosson, dirigeante Gymnastique
Aurélien Fouchard, sportif et arbitre natation
Stéphane Hugot, sportif
Anaïs Guérin, danseuse classique
Michaud Véronique, basketteuse
Sébastien Roccon, industriel matériels sportifs
Sibé Pascal, dirigeant
Laurence Delobel, nageuse
Abiodun Ogunleke, joueur de football
Desmier Christine, dirigeante gymnastique
Dujio Franck, professeur d’EPS
Anna Salence, danseuse
Addad Mohamed, boxeur
Ayayi Valériane, basketteuse professionnelle 
Céline Ginesté, professeur de danse
Claudine Thiringer, blogueuse sportive
Clémence Pollet, étudiante et sportive
Gérard Lonné, nageur compétiteur Maîtres
Larzabal Jose-Maria, entraîneur athlétisme
Esteban Gonzalez, sportif bordelais
Melet Jonathan, sportif Bordelais
Estelle Pétricat, dirigeante d’entreprise sport et bien-être
Fatima Camarra, danseuse zumba
Hervé Cohat, sportif bordelais
Matheo Streiff, sportif bordelais
Pernille Larua, directrice centre fitness
Florence Allouard, entraîneure
Ana Cristina Pinero, médecin sportif
Renaud-Alexis Vol, sportif Bordelais
Tom Cathudal, sportif bordelais
Bérangère Melon, entraîneur GRS
Mehdi Gharbi, sportif bordelais
Maria-Mercedes Fernandez, entraîneur danse
Victoire Saint-Hébert, éducatrice sport
Brice Perrin, Dirigeant de club
Andréa Danet, sportive bordelaise
Barrière Eugénie, sportif bordelais
Floriane Guérini, danseuse et bénévole
Fabricio Werdum, MMA
Ghislaine Guérini, professeur de danse classique
Mathieu Mercier, éducateur sportif
Jordane Ceriani, sportif et bénévole stade Bordelais
Moktar Bel-Kacem, entraîneur de kickboxing
Benjamin Petibois, rameur
Amine Galiouri, international de kickboxing
Périne Gautier, triathlète distance olympique
Jean-Thomas Acquaviva, parent de sportif de haut-niveau
Giorgio Margaritondo, ancien international

Anciens et actuels sportifs de haut niveau, dirigeants d’associations sportives, pratiquants, entraîneurs, éducateurs sportifs, parents, bénévoles, vous pouvez signer la tribune en envoyer vote nom, prénom, et situation (dirigeant, sportif, parent…) à tribune.sport@orange.fr


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