
Des avions cloués au sol. Des rayons de supermarchés vidés en quelques heures. Des consommateurs à la recherche de fruits et légumes locaux. Des déplacements limités, voire interdits par des couvre-feux. L’épidémie de Covid-19 et le confinement imposé à la moitié du monde pour l’endiguer ont donné un avant-goût grandeur nature de fin d’un monde qui, selon certains, nous attend à plus ou moins brève échéance.
Les collapsologues pronostiquent l’effondrement (collapse, en anglais) de notre civilisation thermo-industrielle, fondée sur les énergies fossiles, mondialisée à outrance, et n’ayant pour ressorts que la consommation et la croissance.
Depuis le rapport au Club de Rome, ces prophètes de malheur démontrent que ce système va dans le mur, s’appuyant notamment sur les conclusions du GIEC et des climatologues sur les conséquences du réchauffement planétaire et sur les études attestant de l’extinction massive du vivant et de l’explosion des inégalités.
Effet papillon
L’effondrement pourrait être lent et progressif si la communauté internationale prend rapidement des mesures drastiques pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Ou au contraire rapide et brutal si les points de bascule provoquant l’emballement du réchauffement climatique sont vite atteints, ou si des zoonoses plus virulentes que le Covid-19 se multiplient. Dans « Comment tout peut s’effondrer » (Seuil, 2015), un Pablo Servigne soulignait ainsi l’effet domino qu’une pandémie, aussi bien qu’un krach financier, est susceptible de générer.
Les « effondristes » prêchaient plutôt dans le désert. Jusqu’à ce qu’un battement d’aile de chauve-souris en Chine fasse en quelques semaines davantage de morts aux États-Unis que toutes les guerres menées par ce pays depuis 1945, et ne provoque la plus grave crise dans le monde depuis 1929. Certes, le coronavirus n’a pas sapé notre civilisation aussi sûrement que la variole importée par l’envahisseur espagnol a contribué à la fin des empires aztèque et inca.
« Mais c’est comme si la crise sanitaire, devenue économique et sociale, avait levé un voile, démontrant que ce qu’on explique depuis des années n’est pas un fantasme, estime Clémence Marque, vice-présidente de l’association Adrastia et docteur en pharmacie. Les interdépendances et vulnérabilités de notre système se sont en effet matérialisées aux yeux de beaucoup de gens, comme le fait que 80% de nos médicaments sont fabriquées en Inde ou en Chine, ou que notre agriculture dépend des travailleurs étrangers. »
Apocalypse soon ?
Comme de plus en plus de membres de sa génération, la jeune Bordelaise a changé de voie, quittant une grande entreprise pharmaceutique pour mener une vie compatible avec ses convictions. Aujourd’hui, elle consacre une grande partie de son temps à sensibiliser le public, via son association ou des groupes tels que Transition 2030 Gironde – Collapso Bordeaux (534 membres).
« On ne croit pas à l’apocalypse absolue, reprend Clémence Marque. L’effondrement n’est pas un évènement soudain, mais un processus insidieux. On a l’impression que ce système résiste mais il est à chaque coup plus affaibli. Beaucoup d’entreprises vont s’en sortir, d’autres auront un tel coup dans l’aile qu’elle ne traverseront pas une deuxième crise. »
En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs acteurs (que vous découvrirez dans un prochain article de ce dossier), dont Sorry Children, sont sollicités par des collectivités comme par des entreprises privées. Leurs missions : éclairer leurs dirigeants, salariés, administrés… sur le « choc » ou au « stress systémique », selon les différents termes employés, leur présenter les alternatives, et les accompagner dans la voie de la « résilience », de la « transition » ou de la « décroissance ».
Retour à la terre
La prise de conscience ne conduit pas à l’ « aquoibonisme » ou au chacun pour soi généralisé, au contraire, observent ces ONG et sociétés mobilisées : elle se traduit par davantage d’engagement, de coopération, d’entraide.
« Quand on a compris la situation, il y a deux options, indique Grégory Poinsenet, de Sorry Children : soit on se cherche des excuses, soit on réagit radicalement pour atténuer notre impact sur la planète, et pour commencer à s’adapter et à reconstruire sur des bases différentes. Et Charles Darwin l’avait noté : dans la nature, ce sont les individus les plus coopératifs qui survivent le mieux. »
C’est dans cet esprit collectif que se créent des écolieux un peu partout en France, dont celui de Lespiet, dans le sud Gironde, objet du premier article de ce nouveau dossier de Rue89 Bordeaux. Nous irons également à la rencontre de Bordelais qui envisagent sérieusement un retour à la terre, mais collectif et solidaire. Nous verrons aussi à travers différents entretiens que, comme dans L’An 01 de Gébé, on peut tout arrêter et réfléchir, sans que cela soit triste.
Le capitalisme qui règle et organise nos sociétés dans la recherche du profit maximum, au risque d'épuiser les hommes et la planète est invisible de cet article..... bizarre NON ?
Alors la solution, partons tous à Uzeste, entre soi, ressortons nos sabots, les robes baba et le soir au coin du feu (de bois) guitare et joints sous les étoiles.
Et pendant ce temps, le capitalisme continue sa route vers toujours plus de croissance, non, c'est pas le bon mot, plus de profit.
Au mot de collapsologie vous pourriez associer celui d’anthroposophie.
Je vous invite à réécouter les propos de Servigne dans un récent documentaire sur France 5 (vers la 49eme min. De mémoire) et à mettre cet appel à la guerre en lien avec la phrase clé sur ce site (en plus de saisir le moment où Servigne affirme qu’il croit dans l’hypothèse Gaïa) :
https://www.sunrisemovement.org/
https://journals.openedition.org/terrain/18101
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/07/MALET/58830
« Selon l’historien allemand Helmut Zander1, elle (l’anthroposophie) se présente à première vue comme un modèle libéral et conforme au pluralisme, alors qu’elle est en fait « autoritaire et anti-pluraliste » (...) »
Source (Aurélie Choné est favorable à l’anthroposophie) : https://journals.openedition.org/rg/854?lang=de
J’invite vos lecteurs à lire ceci :
https://books.openedition.org/bibpompidou/659
Il est plus que temps de cesser de relayer la collapsologie comme un truc de gentils. Elle est associée à une idéologie dont le but est de défoncer la civilisation du Sujet rationnel, doté d’un libre arbitre et promeut l’avènement de la sixième race racine, aryenne. Je vous invite à vous documenter sur les filiations avec le mouvement des territoires en transition de Rob Hopkins, le Schumacher Institute, Extinction rébellion...
Et cerise sur la gâteau :
https://goetheanum.co/fr/nouvelles/un-avenir-que-nous-appelons-de-nos-v%C5%93ux
Nous avons besoin de clarté pas de publi-reportage. Chacun pense ce qu’il veut dans le respect du cadre Républicain bien entendu. Mais de la clarté dans les dossiers c’est, dans le contexte actuel, pas mal non plus.