Il n’osait pas s’avancer sur la question à la sortie de son bureau de vote. A Rue89 Bordeaux, il avait lâché discrètement :
« C’est pour nous une élection avec de gros enjeux, on espère avoir des élus. Je ne viens pas voter juste pour un score mais aussi pour écrire une histoire militante et jouer un rôle dans la ville. Il y a donc du travail après, et une équipe qui devra résister au sein du parlement bordelais. »
Voilà qui est fait. Philippe Poutou entre au conseil municipal de Bordeaux et embarque avec lui Evelyne Cervantes-Descubes et Antoine Boudinet. La liste Bordeaux en luttes ayant décroché 9,39% des suffrages au second tour des élections municipales, trois sièges lui sont réservés.
Cerise sur le gâteau : la victoire de Pierre Hurmic lui évite le procès pour machine à perdre et de solides inimitiés qui n’auraient pas manqué de fleurir en cas de renouvellement du bail de Nicolas Florian.`
« Historique à Bordeaux »
A 53 ans, ce natif de la Seine-Saint-Denis marque ainsi l’histoire de la cité bordelaise. Porté triomphalement par ses soutiens rue des Douves, il savoure la joie d’une fin de campagne menée avec le NPA (nouveau parti anticapitaliste), la France insoumise et la société civile.
« C’est historique à Bordeaux. Trois camarades, une liste de gauche anti-capitaliste, radicale, de militants du mouvement social, gilets jaunes, syndicalistes… rentre dans le parlement bordelais. On est fier de tout ce qu’on a fait. […] On a réussi à faire entendre la colère sociale, à rendre visibles les quartiers populaires et les inégalités sociales, et faire la démonstration que Bordeaux n’était pas qu’une ville bourgeoise », a-t-il déclaré ce dimanche.
Après des débuts chez Lutte ouvrière puis un transfert vers la Ligue communiste révolutionnaire devenue le NPA, Philippe Poutou incarne l’anti-capitalisme et s’engage dans les législatives de 2007, les européennes de 2009 et les régionales de 2010. Sans oublier sa candidature à l’élection présidentielle en 2012 et en 2017 où il marque les esprits avec ses échanges musclés et accusateurs envers Marine Le Pen et François Fillon.
Ouvrier syndicaliste CGT chez Ford Blanquefort de 1999 à 2019, il a été l’emblème du combat contre la fermeture de l’usine du constructeur automobile américain. Prônant les transports gratuits et la réquisition des logements vides dans son programme des municipales, il impose l’extrême gauche au conseil municipal de Bordeaux, plus de 120 ans après un certain Calixte Camelle, un autre ouvrier devenu adjoint au maire de Bordeaux de 1896 à 1904 et député de la Gironde de 1910 à 1919.
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