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30/04/2024 date de fin
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« Les gens vont se faire plaisir pour les fêtes », espère Gilles, ostréiculteur du Bassin d’Arcachon

Gilles est ostréiculteur depuis 33 ans. Propriétaire d’une maison qu’il loue, le cinquantenaire double ses revenus avec la vente, la pêche saisonnière et un restaurant. Il passe son porte-monnaie au rayon X, rubrique culte de Rue89 ressuscitée par les étudiants de l’école de journalisme EFJ Bordeaux, afin de comprendre comment des anonymes de la région traversent la crise.

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« Les gens vont se faire plaisir pour les fêtes », espère Gilles, ostréiculteur du Bassin d’Arcachon

Gilles (prénom d’emprunt) est ostréiculteur depuis 33 ans sur le bassin d’Arcachon. Pour lui, le premier confinement a été « un peu brutal ». 

« Les clients ne venaient pas. C’était difficile les 15 premiers jours. Ensuite, on a repris une activité presque normale. Les gens avaient besoin de sortir pour décompresser, et de varier leurs repas pour changer de ce qu’ils achètent en grandes surfaces. Ils ont utilisé ce prétexte d’aller faire leurs courses pour prendre l’air sur le port en même temps. »

Le reconfinement n’a pas changé pas grand-chose à son quotidien, à part l’interdiction des loisirs. D’ordinaire, les ventes réalisées pour les fêtes représentent 25% de son chiffre d’affaire.

« Cette année je pense que ce sera pareil, voire plus. Les personnes se sont restreintes, donc quand elles sont libérées elles se font d’autant plus plaisir », estime-t-il.

Respirer librement l’air iodé

Pendant le confinement, son métier lui a permis de sortir environ un jour sur deux. Le port du masque est évidemment obligatoire lors de la vente des huîtres. En revanche, dans les parcs, l’ostréiculteur respire librement l’air iodé. Gilles s’en tire globalement bien. Pourtant, il constate que le métier change :

« La Covid-19, c’est la cerise sur le gâteau. Ce sont des contraintes qui s’ajoutent à celles qu’on avait déjà. »

Gilles, ostréiculteur sur le Bassin d’Arcachon Photo : DR

Gilles travaille dans le secteur de l’huitre depuis ses 17 ans. Il a appris ce « métier passion » aux côtés de son père : « Il y avait ce côté liberté, et la satisfaction de vendre quelque chose qui plaît au client. » Mais aujourd’hui, le quinquagénaire se dit lassé :

« On a pas mal de problèmes à résoudre. Il y a une mortalité assez importante au niveau des huîtres et on ne sait pas pourquoi. Pendant toute ma carrière j’ai produit mes huîtres, et maintenant je suis obligé d’en acheter ailleurs parce que je n’en ai plus assez. » 

En outre, les « contraintes ne font que s’amplifier », estime-t-il :

« Il faut déclarer tout ce qu’on fait… Il y a une espèce d’étau qui se resserre en permanence, une pression. »

Pour s’y retrouver financièrement, Gilles s’est diversifié dans la location immobilière et la pêche saisonnière. « Il vaut mieux avoir plusieurs cordes à son arc », justifie-t-il. Lassé mais pas abattu, le quinquagénaire, futur père d’un troisième enfant, tente au milieu de tout cela de trouver un peu de temps pour lui.

Nolwenn Tournoux

Le porte-monnaie de Gilles

Revenus : 4500€ net par mois

Gilles touche 2000€ grâce à l’ostréiculture, 1000€ issus de la pêche, 1000€ grâce au restaurant qu’il a créé avec deux associés, et 500€ de loyer d’une maison dont il est copropriétaire. Gilles ne perçoit aucune aide publique.

« Je me rémunère en fonction des besoins. »

Dépenses fixes : 3680€ par mois

  • Loyer : 1200€

Gilles est locataire d’une maison de 110m2 à Andernos.

  • Charges : 300€ d’électricité, gaz, chauffage et eau.
  • Téléphonie et internet : 56€
  • Assurances logement et voiture : 72€ par mois
  • Taxe foncière : 1490€ par an soit environ 124€ par mois, pour la maison dont il est propriétaire
  • Impôts sur le revenu : 3713€ soit 310€ par mois environ
  • Remboursement de l’emprunt pour la maison : 1100€
  • Pension alimentaire de 500€ par mois pour ses deux enfants
  • Frais bancaires : 20€ par mois environ

Dépenses aléatoires : 710 environ

  • Transports : 100€ de gasoil, sinon Gilles roule en vélo.
  • Alimentation : 400€
  • Sorties : d’ordinaire, Gilles y consacre environ 200€ par mois.
  • Vacances ou weekend : environ 2000€ par an soit 167€ par mois
  • Nourriture et litière pour son chat : 40€
  • Gilles s’achète des vêtements « à l’occasion », mais c’est rare : « Je fais seulement des achats de nécessité, pas des trucs inutiles. »

Epargne : 150€ par mois

Placés dans une épargne retraite et une épargne maladie ou incapacité de travail.


#porte-monnaie au rayon X

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