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Sécurité sociale de l’alimentation : Théodora, animatrice sociale sans emploi, vit avec 1 150€

Théodora Brière est en reconversion professionnelle depuis 2 ans et souhaite devenir animatrice sociale. Elle fait partie des 100 participants sélectionnés à Bègles pour un an d’expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Elle a accepté de passer son « Porte-monnaie au rayon X ». 

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Sécurité sociale de l’alimentation : Théodora, animatrice sociale sans emploi, vit avec 1 150€
ccipeggy/ Pixabay

En septembre 2022, Théodora Brière a décidé d’abandonner son poste d’assistante administrative pour devenir animatrice sociale. Actuellement, elle est à la recherche d’une alternance pour passer son Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). Assistante administrative pendant 4 ans, elle n’apprécie plus de travailler dans le privé et souhaite « se sentir plus utile ».

Vivant à Bègles, la future animatrice participe à l’expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Pour y candidater, elle a dû justifier sa domiciliation et donner son revenu mensuel. Cette nouvelle « sécu » fonctionne de la même manière que la sociale : en échange de cotisations, les participants reçoivent des Monnaies Alimentaires (MonA), une monnaie numérique et expérimentale : 150 MonA par foyer – l’équivalent de 150€ – plus 75 MonA par personne supplémentaire dans le foyer.

La reconversion professionnelle a un prix

Vivant seule avec son chat, Théodora Brière va pouvoir bénéficier de 150 MonA chaque mois pour faire ses courses. Avec son revenu mensuel net de 1 150€, cette aide alimentaire est une bonne manière d’arrêter de piocher dans ses économies. 

« C’est terrible, je n’avais pas réalisé l’état de mon compte épargne. Quand j’arrive à la fin du mois, je me dis, je vais prendre un peu dessus pour pas me retrouver à découvert. Sauf que je ne remets jamais d’argent », explique t-elle.

À l’âge de 37 ans, elle estime son épargne suffisante « en cas de coup dur mais qui ne permet pas de devenir propriétaire ». Elle espère cependant que la SSA lui permettra de préserver ce compte.

Les limites financières

Pour sa petite maison de 19 m2 à Bègles, elle débourse 492€ plus 55€ d’électricité et environ 20€ d’eau par mois. Elle possède une allocation personnalisée du logement de 76€, aide dont elle ne voit pas la couleur, puisqu’elle est directement versée à son agence.

S’ajoute à cela 34€ pour son abonnement internet et 14€ pour son forfait téléphone. Théodora Brière a aussi ses petits loisirs, un abonnement Netflix et Voici pour faire ses mots croisés. En outre, elle dispose d’un budget de 20-30€ pour partager un restaurant avec ses amis.

« Le budget loisir est le premier budget qu’on rogne quand on est limite financièrement, et aussi le budget de l’habillement », regrette-t-elle.

Un régime alimentaire bien particulier

Depuis quelques années, faisant partie des 12 millions de Français intolérants au gluten, Théodora Brière a dû changer ses habitudes alimentaires. Son régime particulier ne permet pas à la Béglaise de fréquenter les magasins conventionnels à commencer par les boulangeries.

« Je ne sais pas si je vais pouvoir me nourrir correctement longtemps. Je mange cher, car je mange sans gluten, des produits une fois et demi plus chers en moyenne que les aliments avec blé. »

Surtout quand il s’agit de pâtisseries ! Pour rester dans une note de courses raisonnable, elle va chez VRAC, un réseau commun, où elle obtient une réduction de moins 10% sur tout le magasin. Ce qui aboutit à un budget mensuel de 250 à 300€ : une dépense qu’elle a vue augmenter ces dernières années d’environ 50€ dans son panier moyen à cause de l’inflation.

Changer ses habitudes

Son ralliement à l’expérimentation va lui imposer quelques changements, notamment d’adresses. Les magasins et épiceries doivent être conventionnée par la SSA, et certains ne correspondent ni à ses habitudes, ni à ses moyens. Comme les épiceries bio, où la Béglaise espère consommer plus sainement.

« Je vais pouvoir manger local, à commencer par manger français, parce qu’en grande surface, on a des patates douces qui viennent de Pérou ou je ne sais où. J’espère aussi pouvoir végétaliser mes assiettes et voir si cela a un impact sur ma santé. »

Toutefois, Théodora Brière s’interroge sur la viabilité financière de la SSA. Si chaque participant doit verser une cotisation minimum de 10€, ce qui représente 40% la sécurité sociale de l’alimentation, le reste étant pris en charge par les différents partenaires, elle ne sera pas en mesure de donner plus… sauf si sa situation s’arrange.

Le porte-monnaie de Théodora

Revenu : 1150€ net par mois

  • Allocation chômage versée par France Travail (l’ancien Pôle emploi) + 76€ d’allocation logement

Dépenses fixes : 625€

  • Loyer : 492€
  • Electricité : 55€
  • Eau : 20€
  • Internet : 34€
  • Forfait téléphone : 14€
  • Abonnement Netflix : 10€
  • Abonnement magazine Voici : 9,99€

Dépenses variables : 347€

  • Courses alimentaires : 250-300€
  • Transports : 8-17€ environ (TBM). Théodora se déplace principalement en vélo, elle bénéficie d’un tarif solidaire pour acheter ses tickets de bus et de tramway.
  • Loisirs : 20-30€

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