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30/04/2024 date de fin
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Sécurité globale : la préfète de Gironde exclut d’interdire les manifestations

Suite aux incidents qui se sont déroulés rue Sainte-Catherine après la Marche des libertés à Bordeaux, des représentants de commerçants réclament l’interdiction de manifester dans les zones de commerces. Mais la préfète de la Gironde a rappelé ce lundi que le droit de manifester était inaliénable, même en temps de Covid-19. 

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Sécurité globale : la préfète de Gironde exclut d’interdire les manifestations

Fabienne Buccio a refait le film des évènements de ce samedi, avant lesquels trois manifestations différentes avaient été déclarées en préfecture : Marche des libertés, manifestation contre la loi Sécurité globale et manifestation contre le port du masque pour les enfants -, qui débutaient toutes du même endroit, place de la Bourse, et à la même heure.

Pas question pour la préfète de la Gironde de les interdire, au risque de se faire retoquer par la justice comme son collègue à Paris (et prédécesseur à Bordeaux) Didier Lallement :

« Le Conseil d’Etat a rappelé que la liberté de manifester est un droit incontestable et imprescriptible. Mais nous avons eu un échange constructif avec les organisateurs. Nous leur avons dit que ce jour là n’était pas le meilleur pour manifester par solidarité avec les commerçants. Ils ont maintenu leur demande, mais nous leur avons fait modifier le parcours pour éviter les rues commerçantes. »

La préfecture signale avoir consulté la mairie de Bordeaux, ainsi que les associations de commerçants, dont la Ronde des quartiers, sur le tracé de la manifestation. Elle a en outre pris un arrêté de protection de l’hypercentre, et fait surveiller par drone la manifestation pour « repérer les mouvements de foule » dans un cortège fourni – entre 6 et 10000 participants selon la police, 20000 selon les organisateurs.

Aucun blessé

Cela n’a toutefois pas empêché des petits groupes, après l’arrivée place Pey-Berland, de remonter la rue Sainte-Catherine, ils s’en sont pris à quelques vitrines – Fnac, MacDonald’s, Galeries Lafayette et Apple Store. Bien que positionnées en queue d’une manifestation, et contraintes de « cisailler » celle-ci, les forces de l’ordre ont cependant pu intervenir rapidement, repoussant les casseurs à l’aide de lacrymogènes.

Puis jusqu’à 20h, la police a tenté de disperser ceux qui essayaient de revenir vers le centre par les petites rues ou d’incendier des poubelles. Trois personnes ont été interpellées, deux rapidement libérées et placées sous contrôle judiciaire. Une autre était ce lundi toujours en garde à vue.

A la fin de la marche des libertés place Pey Berland (SB/Rue89 Bordeaux)

Fabienne Buccio a salué le comportement « très professionnel » des policiers : « Nous n’avons pas eu de blessé ni parmi les manifestants ni parmi les forces de l’ordre. » Déjà un sacré soulagement dans le contexte hautement inflammable.

Alors que d’autres rendez-vous contre la loi Sécurité globale sont prévus dans les prochains jours à Bordeaux, dont ce vendredi 4 décembre, la préfète écarte la proposition de la Ronde des quartiers et de la CAMF (commerçants et artisans des métropoles de France) : ne pas autoriser de manifestation « dans les zones de très forte concentration commerciale, les jours de forte affluence, dans un souci de protection des personnes, du droit du travail de circuler librement en transport… »

« Personne n’a de carte de manifestant »

Les services de l’Etat n’entendent pas non plus faire du centre-ville une « zone commerciale protégée » sous contrôle policier, comme le voudrait la Ronde des quartiers.

« La rue Sainte-Catherine a deux extrémité mais 12 rues qui la coupent, justifie Patrick Mairesse, le directeur départemental de la sécurité publique. Il faudrait tenir 26 points de filtrage, personne n’a de carte de manifestant ou d’envie de commercer, et il n’est pas marqué sur le visage des gens s’ils sont des manifestants normaux » ou s’ils veulent en découdre.

D’autant que le DDSP estime que la participation très familiale de la manifestation de samedi n’a rien à voir avec les plus tendues du mouvement des Gilets jaunes. Il prône donc une présence discrète des forces de police, qui jusqu’aux premiers heurts samedi ont su se faire oublier. A l’exact opposé de la ligne de Didier Lallement, auquel le patron girondin de la police a adressé un petit SCUD :

« J’ai travaillé pendant trois ans avec lui…. [se reprenant] pardon, trois mois. Trois ans, je ne l’aurais pas supporté… »

En verve, l’inspecteur général a aussi regretté que Bordeaux refuse d’installer davantage de caméras de vidéosurveillance qui permettrait de lui mâcher le travail. La Ville a tout de même installé l’an dernier 21 caméras, avec une aide de 100000€ de l’Etat. Insuffisant selon Patrick Mairesse pour rembobiner tout le film de la manifestation, et arrêter ces casseurs qui courent toujours.


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