Pour sa première année pleine d’exercice à la tête de Bordeaux, Pierre Hurmic espère en 2021 accélérer la transition écologique malgré l’épidémie. Cette dernière « nous conforte dans nos analyses et nos priorités », assure le maire de Bordeaux :
« Beaucoup ont pensé que s’affranchir de la nature était un gage de puissance des hommes. La Covid-19 est en train de nous rappeler que plus on s’en affranchit, plus on devient vulnérable. »
La lutte contre le virus et « contre la crise économique et sociale préoccupante » qui en découle occupent ainsi une grande part des actions de la Ville en 2021, présentées ce jeudi à la presse par Pierre Hurmic et ses adjoints. Deux priorités : « réparer ce qui a été abimé par la crise » et « répondre à l’urgence climatique et écologique ».
1 – Covid-19 : deux centres de vaccination bientôt ouverts à Bordeaux
Avec la reprise de l’épidémie partout en France, « les indicateurs sont au rouge » également à Bordeaux, souligne le maire.
« Le vaccin est notre seul remède face à cette épidémie, il faut que nous accélérions la campagne de vaccination, c’est la clé de ce début d’année. »
Pierre Hurmic annonce que la ville ouvrira des centres de vaccination « dès que le gouvernement sera prêt ». La mairie de Bordeaux a reçu un cahier des charges cette semaine, et propose l’ouverture de deux centres à Caudéran et au Grand Parc, deux quartiers « concentrent le plus grand nombre de Bordelaises et de Bordelais de plus de 75 ans », prioritaires parmi le grand public.
5 ou 6 centres au total seront autorisés par l’Etat à Bordeaux, et ne pourront ouvrir que quand le vaccin Moderna sera accessible, indique Pierre Hurmic. « Les maires partagent une inquiétude sur cette campagne, et nous disons à l’Etat : Nous sommes prêts, n’hésitez pas nous solliciter. »
La prise de rendez-vous pour les plus de 75 ans est dorénavant possible dans les trois centres de vaccination gérés par le CHU de Bordeaux (au 05 57 82 00 05 et sur https://rendez-vous.chu-bordeaux.fr/WebBooking/).
2 – Parer aux urgences sociales et dans les quartiers
Cette crise « jette de plus en plus d’hommes et de femmes à la rue et la ville aux cotés des acteurs et associations de terrain », martèle Pierre Hurmic. Il rappelle l’ouverture pour les sans-abri d’une halte de jour en centre-ville avec le Réseau Paul Bert, et d’un accueil de nuit Salle Gouffrand, aux Chartrons, pour « ceux qui ne trouvent pas de place dans le dispositif d’hébergement d’urgence de la préfecture », cette compétence relevant théoriquement de l’Etat.
La mairie de Bordeaux commence par ailleurs à mettre à disposition des biens municipaux vacants, « une stratégie immobilière et foncière qui jusqu’à présent n’existaient pas dans cette ville », souligne l’édile.
« 30 personnes dont 6 enfants ont ainsi été relogés dans des bâtiments municipaux inoccupés et sont accompagnés par nos services vers des logements pérennes. Ce chiffre peut paraître comme n’étant pas à la hauteur des enjeux mais c’est déjà un début significatif. »
La Ville entend aussi se montrer exemplaire pour la présence des services publics dans les quartiers prioritaires, en ouvrant notamment des permanences municipales au Grand Parc, à Chantecrit, à Saint-Michel, à la Benauge et bien sûr aux Aubiers, et en créant un poste d’adjointe dédiée à ces quartiers.
Véronique Seyral, actuelle conseillère municipale déléguée pour la cohésion sociale et la politique de la ville sera selon le maire « en charge de mobiliser tous nos partenaires (Etat, bailleurs sociaux…) pour permettre une plus grande mixité sociale, accompagner le développement et favoriser le retour des services publics de proximité », notamment des bailleurs sociaux Domofrance et Aquitanis, de la sécurité et des services de propreté.
« La République ne les a pas abandonnés »
Car les quartiers populaires « doivent être traités en priorité », estime le maire. Il affirme que Bordeaux, « endeuillée et blessée par le drame aux Aubiers« , soutient les familles de Lionel, le jeune homme tué. Elle soutient également les autres victimes, ainsi que tous les acteurs d’un quartier « que la République n’a pas abandonné ».
Si les élus bordelais rappellent que l’antenne de police nationale des Aubiers a été fermée, ils indiquent aussi que l’Agence nationale de rénovation urbaine porte un projet de 100 millions d’euros pour le quartier.
« La concertation va être relancée avec les habitants dès que la situation sanitaire le permettra pour discuter des marges de manœuvres notamment sur la place des jeux pour enfants et des espaces verts », indique Vincent Maurin, maire adjoint du quartier Bordeaux Maritime.
Selon la mairie, les jardins familiaux seront développés, alors qu’ils étaient « promis à disparaître dans le projet initial ».
La mairie a par ailleurs annoncé deux mesures d’ordre social pour tous les Bordelais : la création d’un critère de ressources pour l’attribution de places en crèche, et celle d’un « Passe sport », un chèque pour aider les familles à payer leurs licences dans les clubs, dont le nombre d’adhérents a baissé de 25%.
Pierre Hurmic estime enfin que le rythme de construction de logements – 4500 par an (3000 dans les opérations d’aménagements, 1000 dans le diffus), dont 1500 logements sociaux, permettra de « rattraper le retard inouï de Bordeaux » quant à ses obligations légales de la loi SRU (25% de logement sociaux dans les zones tendues).
La production de logements vendus sous forme de bail réel solidaire va par ailleurs s’accélérer avec la livraison des premières opérations de ce type en centre historique.
3 – Poursuivre le virage vert
« La crise nous confirme la nécessité de changer de voie, affirme Pierre Hurmic. il ne s’agit pas d’aller moins vite sur la mauvaise route mais de prendre la bonne route. »
Oui, mais dans quel sens ? La Ville compte montrer la marche à suivre en souscrivant des contrats chez des fournisseurs d’énergie certifiée renouvelable pour les 560 bâtiments municipaux, quand c’est actuellement le cas pour une dizaine d’entre eux.
Bordeaux entrera par ailleurs au capital de Citiz, la coopérative d’autopartage, à hauteur de 50000 euros, afin d’augmenter de plus d’un tiers les véhicules mis à disposition et de multiplier les stations.
Côté mobilités douces, la mairie souhaite étendre et faire respecter la limitation à 30 km/h dans la ville. Elle va demander à la métropole la transformation en aménagement pérenne de tous les aménagements cyclables provisoires sur les boulevards, qui ont selon elle démontré leur efficacité, et ce dès l’été prochain.
La Ville veut en outre rendre piétonnes les abords des écoles, soit de manière permanente, soit aux heures d’entrées et sorties des élèves. 5 écoles seront par ailleurs cette année concernées par la végétalisation de leurs cours, qui seront également « dégenrées ».
Quand les promoteurs envoient du bois
Les micro-forêts urbaines et la végétalisation des places existantes vont se poursuivre – celle de la place Pey Berland est annoncée pour l’automne 2021- tout comme la révision des opérations d’aménagement. Après avoir présenté celle de la ZAC Bastide Niel, où la place des espaces verts a été multipliée par cinq, le maire a indiqué que le bois rudéral (ayant poussé dans les friches, NDLR), qui occupe près de 2 hectares à Brazza, serait préservé à 79%.
Les négociations pour faire évoluer les projets des promoteurs sont souvent fructueuses, assure Bernard Blanc, adjoint à l’urbanisme résilient, détaillant ainsi les sept opérations immobilières qui bénéficieront les premières du label « bâtiment frugal bordelais », car correspondant notamment à l’objectif de zéro artificialisation des sols.
En revanche, ces négociations l’ont été moins avec l’Etat, à la tête de l’établissement public Euratlantique, et avec le promoteur privé Apsys. Alors que Pierre Hurmic avait promis d’abandonner la Rue Bordelaise, sorte de nouvelle rue Sainte-Catherine entre la gare et les quais, il a ce jeudi laissé entendre que ce serait impossible. Une fois élue, son équipe a en effet constaté qu’arrêter ce projet très avancé coûterait près de 100 millions d’euros d’indemnités.
Pierre Hurmic négocie toujours avec les opérateurs d’ultimes aménagements qui lui offriraient « une porte de sortie » acceptable. Pour éviter pareille controverse à l’avenir, le maire entend encourager la participation citoyenne autour de l’urbanisme, « dont les décisions sont souvent confisquées par des experts ». La révision du PLU va ainsi faire l’objet d’un vaste débat public, promet-il.
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