Le procureur a requis contre Eric Payen des peines d’amendes fermes – 800 € pour avoir « réquisitionné » des portraits du président de la République dans plusieurs mairies de Gironde, et 200€ pour refus de prélèvement ADN -, ce mardi au tribunal judiciaire de Bordeaux.
Ce membre du collectif Action Non-Violente COP21 Gironde comparaissait pour avoir décroché la photo d’Emmanuel Macron dans des mairies du Médoc (Labarde, Queyrac, Saint-Yzans…) en juillet 2019, « avec l’objectif d’alerter sur l’inaction climatique du gouvernement ».
Déjà jugé dans une affaire similaire, qui passera prochainement devant la cour de cassation, Eric Payen était cette fois poursuivi seul par l’Etat pour “vol en réunion” dans deux mairies, pour tentative de vol dans une autre et pour recel suite à des décrochages dans trois mairies.
Le GIEC pour témoin
Le militant écologiste a fait intervenir à la barre deux témoins. Didier Swingedouw, climatologue au laboratoire EPOC (environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux) de l’université de Bordeaux, a souligné, l’urgence d’une action politique rapide pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre :
« Les travaux du GIEC ont montré la nécessité de rester à un réchauffement bien en deçà de 2° de réchauffement planétaire, seuil au delà duquel la planète connaîtra des changements sans précédent. Et les diminutions de gaz à effet de serre doivent avoir lieu maintenant. Plus on tarde, plus il sera difficile de rester sous ses seuils. Or la France ne suit pas les objectifs ambitieux fixés par son propre Haut conseil pour le climat. »
D’où l’importance de toute action permettant d’alerter l’opinion publique, a-t-il conclu suite à l’interrogation de Maître Sylvain Galinat, l’avocat d’Eric Payen.
« Non, M. Payen n’avait pas d’autre moyen d’agir en tant que citoyen que par des actions de désobéissance civile, face à l’angoisse pour lui, ses enfants, ses concitoyens et les générations futures », a martelé l’autre témoin de la défense, le député (France insoumise) de la Gironde Loïc Prud’homme, indiquant que son groupe à l’Assemblée « aura 40 secondes pour défendre chaque amendement déposé de la loi Climat et Résilience« .
« Je ne comprends pas qu’on retrouve ici Eric Payen, alors qu’il faut qu’on parle de l’inaction du décroché, et non de l’action du décrocheur », a poursuivi l’élu bordelais. « Aujourd’hui, nous avons pris beaucoup plus de temps pour débattre que n’en auront les députés qui défendront cette semaine de meilleures mesures pour lutter contre l’urgence climatique », s’est quant à lui félicité Maître Galinat.
Verdict le 25 mai
Un peu plus tôt, les militants d’ANV-Cop 21 et leurs soutiens, dont le groupe Bordeaux en luttes au conseil municipal de Bordeaux, ont manifesté devant le tribunal, entonnant le hit Bla Bla Bla de Philippe Katerine, devant la banderole reprennant les propos d’Emmanuel Macron sur la reprise « sans filtre » des propositions de la Convention citoyenne sur le climat.
Le délibéré du procès d’Eric Payen sera rendu le 25 mai. Plus de 150 portraits ont été décrochés par des centaines de citoyens à travers toute la France dans le cadre de ces actions « Décrochons Macron », débouchant sur 42 procès, passés ou à venir.
« Parfois les juges suivent les procureurs et condamnent les Décrocheur·ses à des amendes (fermes ou avec sursis), parfois les tribunaux prennent des décisions courageuses et relaxent les prévenu·es, comme à Lyon, Auch, Valence et Strasbourg », souligne ANV-Cop21.
L’organisation indique que lundi dernier au tribunal de Marmande, le procureur a requis 200€ ferme par prévenu pour le décrochage et 100€ supplémentaire pour le refus de prise ADN, pour Arnaud et Florian jugés pour un autre décrochage de portrait présidentiel.
Chargement des commentaires…