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Stop aux idées mensongères sur les mineurs non accompagnés

Avant le second tour des élections départementales, plusieurs organisations – parmi lesquels Médecins du Monde, la Cimade, le Collectif du Kabako, les Hébergeurs Solidaires Bordeaux…. – interpellent les futurs élus « sur la situation préoccupante des mineurs non accompagnés (MNA) » en Gironde. Ceux-ci sont notamment la cible d’un tract du Rassemblement national, attaqué en justice par des avocats un peu partout en France, et pointant la place de ces jeunes dans la hausse de la délinquance à Bordeaux. Le signataires de cette tribune rappellent qu’il s’agit de « cas isolés honteusement instrumentalisés par certains médias et politiques pour occulter une vérité tout autre ». 

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Stop aux idées mensongères sur les mineurs non accompagnés

Nous, organisations et associations de solidarité, nous mobilisons à l’occasion des élections départementales pour replacer l’accueil et la solidarité au cœur des discours et des politiques publiques, notamment en ce qui concerne la protection de l’enfance, compétence des départements.

A cet égard, nous souhaitons interpeller les futur.es élu.es sur la situation préoccupante des mineur·es non accompagné·e·s (MNA) sur le département. En effet, et comme le prévoit la loi, ces enfants relèvent de la protection de l’enfance et donc des Conseils départementaux. Pourtant, dès leur arrivée en France, ils sont confrontés au rejet, à la suspicion, à la remise en cause de leur identité, de leur âge, de leur histoire.

L’expression MNA désigne un groupe non homogène d’enfants, aux réalités très différentes. Parmi eux, une infime minorité, victime de réseaux de traite des êtres humains, survit à la rue, forcée parfois à commettre des délits. Les soustraire de l’emprise de ces réseaux qui les maintiennent dans une extrême précarité, devrait être une priorité de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), leur permettant d’accéder à la santé, l’éducation et la formation comme tout autre mineur.

« Ce sont des enfants avant d’être des migrants »

Ces cas isolés sont honteusement instrumentalisés par certains médias et politiques pour occulter une vérité tout autre :

Vrai- C’est un honneur que la France soit signataire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Vrai- Tout mineur isolé est en danger et vulnérable. La France a la responsabilité d’assurer la protection de tous les mineurs, quelle que soit leur nationalité. Ce sont des enfants avant d’être des migrants.

Vrai- Des mineurs quittent leur pays seuls, souvent très jeunes, pour fuir des violences multiples. Ils arrivent abimés, traumatisés, éreintés en France à l’issue de leur parcours migratoire, long et dangereux.

Vrai- Ces mineurs ont le droit d’espérer une éducation, une protection et un espoir de construire un projet de vie dans un contexte de paix.

Vrai- Tout mineur étranger est mis à l’abri par le Département afin de permettre l’évaluation de son âge par des professionnels : le mineur doit faire la preuve de sa minorité au cours d’une procédure stricte.

« En Gironde, plus de 80% de celles et ceux qui ont fait un recours ont été reconnus mineur.es en danger »

Vrai- De nombreux mineurs sont renvoyés à la RUE à l’issue de la période d’évaluation, quand celle-ci n’a pas conclu avec certitude à la minorité. Le jeune ne bénéficie alors d’aucune protection institutionnelle pendant les longs mois durant lesquels, avec un avocat, il fait un recours auprès du juge des enfants.

Vrai- Tous les mineurs à la rue luttent pour subvenir à leurs besoins fondamentaux quotidiens tels que l’alimentation. L’inconditionnalité du droit à l’éducation pour tout mineur n’est pas non plus respectée.

Vrai- L’impact de certaines pratiques institutionnelles sur leur santé physique et psychique est particulièrement inquiétant et compromet gravement leur avenir.

Vrai- En Gironde, plus de 80% de celles et ceux qui ont fait un recours auprès de la justice ont été reconnus mineur.es en danger, et ainsi pris en charge par l’ASE.

Vrai- Nos associations de défense des droits humains demandent aux départements d’assurer l’accompagnement des mineurs, présumés mineurs jusqu’à la décision finale du juge des enfants : la présomption de minorité doit prévaloir.

Vrai- De nombreux citoyens solidaires, moins médiatisés que les discours haineux, incarnent dignement les valeurs d’humanité et de fraternité de notre pays.

SIGNATAIRES : Le collectif MIE, les Etats Généraux des Migrations en Gironde, le collectif du Kabako, Médecins du Monde Aquitaine, RESF33, La Cimade Bordeaux, L’Asti Bordeaux, La Ligue des Droits de l’Homme Gironde, Tremplin Gironde, FCPE33, Les Hébergeurs Solidaires de Bordeaux, AREVE, ARTS, Bienvenue, Amnesty International, Alifs, CCFD- Terre Solidaire, AC ! Gironde, Collectif Egalité des Droits, DAL, FSU33, Solidarité Migrants Eysines, Syrie Démocratie 33, Tri Potes et Mascagne, Bienvenue aux Réfugiés en Gironde, Welcome.


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