La Région Nouvelle-Aquitaine, qui doit présenter le 13 décembre son plan de financement pour GPSO (le grand projet ferroviaire du Sud Ouest), et l’État vont devoir trouver en urgence 281 millions d’euros supplémentaires. C’est la contribution qui était demandée au département de la Gironde, sur les 14,3 milliards d’euros nécessaires aux LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux Dax.
« Une méthode à la hussarde, déplaisante voire inacceptable », a déclaré ce lundi Jean-Luc Gleyze, fustigeant ainsi l’ultimatum fixé au 30 novembre par le gouvernement Castex pour s’engager à financer une infrastructure « de dimension nationale et européenne », hors compétences des départements.
Hostile « à titre d’élu local du Sud Gironde » au GPSO, le président du conseil départemental refuse donc que la collectivité s’engage dans le tour de table. Mais il tenait à ce qu’elle « envoie un signal fort » en faveur du « RER girondin » – communément appelé RER métropolitain, mais dont le département veut souligner que sa portée dépasse la desserte de la seule agglomération bordelaise -, pour « répondre aux préoccupations des habitants en matière de mobilité ».
Des « garanties »
Le conseil départemental a donc voté ce lundi le versement d’un fonds de concours de 170 millions d’euros à destination de Bordeaux Métropole pour « stimuler le démarrage du projet de RER Girondin ». Cela doit par exemple contribuer à la rénovation des voies vers Le Verdon, Blaye, Langon et La Réole, à la réouverture de la gare de Talence-La Médoquine, ou encore au financement de nouvelles lignes de car express.
Bordeaux Métropole doit débattre à partir de ce jeudi d’un financement aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB, une des composantes de GPSO) et de son adhésion à la société de financement, qui lèvera des impôts dédiés à la future infrastructure. Le département de la Gironde ne participera ni à l’un, ni à l’autre, ce qui rassure les conseillers départementaux écologistes, qui ont poussé en ce sens.
« Ce texte apporte les garantie que nous souhaitions, réagit Laure Curvale, élue EELV. Il est spécifié que le Département n’adhèrera pas à la société de financement de GPSO, que les crédits du département ne lui seront pas versés, et que nous serons associés par une convention au fléchage des sommes. Ce sont autant de garde fous qui permettent d’envisager quelles lignes doivent être prioritaires. Or GPSO, qui prévoit d’artificialiser 4800 ha de zones naturelles, dont 8 zones Natura 2000, va pénaliser la réalisation du RER parce qu’il conditionne les AFSB à un projet dont nous ne savons pas quand il sera achevé. »
Embarras
Le texte adopté précise en effet que « le principe d’un fonds de concours sera confirmé lorsque les choix ferroviaires garantiront la réalisation du RER Girondin » – une convention devra alors être à nouveau soumise au vote des élus départementaux, pour préciser notamment la participation de la Gironde aux instances de gouvernance.
La délibération a été votée à la quasi unanimité – 64 pour, deux contre -, l’essentiel des élus de Gironde Avenir rejoignant la position de Jean-Luc Gleyze. « Je ne vois pas comment au titre des solidarités nous pourrions être contre le fait de désenclaver un certain nombre de territoires girondins », justifie Jacques Breillat, d’accord « pour intervenir hors compétences sur le ferroviaire comme la Gironde l’a déjà fait en participant à la rénovation de la ligne Libourne-Bergerac.
Mais pour le président du groupe de droite, ce texte « traduit l’embarras » de Jean-Luc Gleyze, obligé de « trianguler » entre ses « amis politiques », les présidents socialistes de la Métropole et de la Région, et sa majorité départementale, composée d’écologistes et de nombreux socialistes très réservés sur GPSO, comme de communistes et de socialistes qui soutiennent les LGV. Il ajoute que la position du Département ne règle en rien la question du bouchon ferroviaire.
Le président du Département répond qu’il a ainsi souhaité « élargir la focale » du débat technique sur la création d’une nouvelle infrastructure. Soulignant par exemple, avec une des élues de son groupe, la maire de Saint-André de Cubzac, Célia Monseigne, que la LGV Tours-Bordeaux, en faisant sauter le bouchon ferroviaire au nord de l’agglomération, ne s’était pas traduite par davantage de TER vers Blaye et Saint-Mariens. Un point clé relayé par les opposants au projet.
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