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30/04/2024 date de fin
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Nuit de la solidarité : bagarre de chiffonniers sur le chiffre de 848 SDF recensés à Bordeaux

Au lendemain de la Nuit de la solidarité, 561 personnes ont été recensées dans les rues et les camps provisoires à Bordeaux. En ajoutant les « 287 hommes, femmes et enfants actuellement à l’abri dans des squats », 848 personnes nécessitent une mise à l’abri d’urgence, selon la mairie de Bordeaux. « L’amalgame des situations enlève toute crédibilité » à l’opération, critique la préfecture de la Gironde, selon laquelle « le nombre de personnes en situation d’urgence à la rue n’est pas connu ».

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Nuit de la solidarité : bagarre de chiffonniers sur le chiffre de 848 SDF recensés à Bordeaux

Avec la Nuit de la solidarité, la mairie espérait en finir avec un vieux débat sur le nombre de personnes à la rue à Bordeaux et donc sur les besoins réels en termes d’hébergement d’urgence, du ressort de l’État. Depuis des années, la préfecture de la Gironde assure que ses dispositifs ne sont pas saturés. Depuis des années, tous les acteurs associatifs, à commencer par les opérateurs du 115 eux-mêmes, affirment ne pas pouvoir répondre aux demandes.

Las. Loin de clore la polémique, la vaste opération de recensement, supervisée par l’Insee et à laquelle 450 bénévoles ont contribué, l’a relancée.

Dans un communiqué diffusé ce vendredi, la mairie fait état de 561 SDF recensés dans les rues et habitats mobiles de la ville. Ils s’ajoutent « aux 287 hommes, femmes et enfants actuellement à l’abri dans des squats, dont le recensement a été effectué par les services municipaux et métropolitains en parallèle de la Nuit de la Solidarité ».

« Aucun appel n’a été recensé »

Au total, ce sont donc d’après la Ville 848 personnes qui nécessitent une mise à l’abri d’urgence à Bordeaux. Un chiffre à comparer aux 169 places d’hébergement d’urgence ouvertes cet hiver par la préfecture sur la métropole bordelaise.

Aussitôt communiquée, l’estimation de la mairie a donc été contestée par Fabienne Buccio, préfète de la Gironde :

« La réalité des appels au 115 la nuit dernière dément formellement ce chiffre. Aucun appel n’a été recensé pour une demande d’hébergement d’urgence alors que des places étaient disponibles. »

La représentante de l’Etat va plus loin en contestant la nature des publics recensés lors de la Nuit de la Solidarité :

« Ce chiffre recouvre en fait des réalités très différentes : personnes dormant réellement à la rue, campements de roms, personnes en squat. L’amalgame des situations enlève toute crédibilité à cette action. Le nombre de personnes en situation d’urgence à la rue n’est pas connu. C’était pourtant l’intérêt de l’opération. »

Couchsurfing

Aux yeux de la préfecture, les tentes au bord du lac abritent-elles des touristes étrangers qui font du camping ? les logements vacants squattés des couchsurfers ? les bidonvilles des voleurs de poules ?… Doit-on penser qu’elle y voit moins des êtres humains en errance nécessitant un toit, de l’électricité et de l’eau potable, que des sans-papiers ayant vocation à être reconduites à la frontière, ou envoyées en car dans un hôtel Formule 1 en Creuse ?

On n’oserait le formuler ainsi. Et nul doute que Fabienne Buccio, dont les relations avec Pierre Hurmic sont glaciales depuis l’expulsion à la hussarde de la Zone Libre, entend bien travailler jusqu’au bout de sa mission avec les grands élus locaux, quel que soit leur bord politique.

Quant au recensement, les résultats détaillées des questionnaires soumis aux personnes à la rue seront connus d’ici quelques semaines. Ils doivent être étudiés par un comité scientifique. À la base de ces données précises, l’objectif est d’orienter les politiques publiques pour lutter contre le sans-abrisme. Du moins si l’Etat les juge légitime, et envisage de réorienter ses politiques.


#sans toit ni loi

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