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« Union sacrée » derrière les Girondins de Bordeaux avant le passage devant le CNOSF

Le Comité national olympique et sportif français auditionnera le 19 juillet prochain le Football club des Girondins de Bordeaux. Il pourra s’appuyer sur les arguments des administrateurs judiciaires du tribunal de commerce de Bordeaux, qui pointent des « erreurs manifestes » dans l’avis de la DNCG. Après la manifestation qui a réuni plusieurs milliers de supporters ce samedi à Bordeaux, aux premiers rangs desquels des élus de tous bords, dont le maire et son prédécesseur, et d’anciens joueurs, après le vote de Bordeaux Métropole rééchelonnant le paiement des loyers du stade, les parlementaires de Gironde ont, à leur tour écrit, à la ministre des Sports. Ils demandent à ce que le gouvernement se saisisse du dossier des Girondins.

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« Union sacrée » derrière les Girondins de Bordeaux avant le passage devant le CNOSF

Leur rétrogradation en National confirmée le 6 juillet dernier par la commission d’appel de la Fédération française de football, les Girondins de Bordeaux ont sollicité la conciliation du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Le club sera reçu en audience le mardi 19 juillet, puis il reviendra au comité exécutif (Comex) de la FFF, chargé de suivre ou pas l’avis qui sera rendu par le CNOSF. Le FCGB pourra alors saisir en référé le tribunal administratif.

Le chrono tourne pour les Girondins, puisque la saison de Ligue 2 à laquelle ils comptent bien participer démarre le 30 juillet. Mais ils croient fermement en leur chance, à l’image de la conférence de presse combattive tenue jeudi en direct (et en survet) par son président Gérard Lopez. Pour plusieurs raisons.

D’abord parce que le club bénéficie d’une véritable union sacrée derrière lui. Une nouvelle descente serait synonyme de liquidation judiciaire de la structure professionnelle, les recettes en National 1 étant insuffisantes pour faire tourner un club qui emploie directement entre 200 et 300 personnes, et à peu près autant chez les sous-traitants.

« La colère de tout un peuple »

Conscients de ce que représenterait la disparition de l’entreprise, et avec elle de son centre de formation et de son équipe féminine, qui joue les premiers rôles en Ligue 1, alarmés par l’impact sur les finances publiques de Bordeaux Métropole – estimé entre 80 et 100 millions d’euros – de l’absence d’un club résident au Matmut Atlantique, les élus ont répondu en masse à l’appel des supporters à manifester.

Ceux-ci estiment en effet que seule une mobilisation de tout le territoire peut contribuer à infléchir le CNOSF et la fédé, comme cela s’était produit en 2002 pour l’OGC Nice, également rétrogradé par la DNCG en National. Samedi, toutes les formations politiques étaient donc représentées au côté de Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, de son prédécesseur Nicolas Florian, et d’anciennes gloires du club, dont Rio Mavuba et Gernot Rohr. Chauffées à blanc par les Ultramarines, environ 3000 personnes ont défilé dans les rues de Bordeaux.

Deux jours auparavant, le conseil de Bordeaux Métropole avait voté le rééchelonnement de la dette du FCGB concernant le loyer du stade Matmut Atlantique, et le versement des prochaines échéances. Alain Anziani, président de la métropole, a exprimé « l’amertume et la colère de tout un peuple », se réjouissant que les élus arrivent « à dépasser [leurs] clivages pour sauver un monument du foot français ».

« Pas là pour mendier »

Sur proposition de Fabien Robert, Métropole Commune(s), le groupe de droite, proposait même d’aller plus loin en apportant une subvention directe de 14 millions d’euros. Celle-ci, selon l’ex premier adjoint (MoDem) de Bordeaux, aurait pu se substituer à la ligne de crédit du même montant accordée en garantie par les créanciers – King Street et Fortress – au club, qui n’a pas convaincue la DNCG en appel, pas plus que la remontée de la dette (26,5 millions d’euros sur 53 millions vers vers la holding JB Dynamie, filiale de Jogo Bonito, l’entreprise de Gérard Lopez).

Les aides publiques aux clubs sportifs étant plafonnées à 2,3 millions d’euros par an, le groupe de droite au conseil a proposé dans un courrier vendredi une subvention directe atteignant ce montant, plus 1,6 million d’achats de publicité et de places. « Nous commettrions une erreur en ne faisant pas tout ce que nous pouvons faire », ont plaidé Fabien Robert et Patrick Bobet, l’ex président de la métropole.

« Ce serait la première fois qu’on accorderait une subvention à quelqu’un qui ne le demande pas car il a d’autres solutions dans sa besace, a répondu Alain Anziani. Il faudrait en outre réaliser un marché public, et nous n’aurons jamais le temps avant la semaine prochaine. On créerait enfin un sacré précédent. Nous verrons d’autres monuments arriver (…) qui demanderons pourquoi avoir donné aux Girondins et pas à nous ? »

« On est pas là pour mendier », a d’ailleurs martelé Gérard Lopez en conférence de presse, rappelant qu’une ordonnance du tribunal de commerce de Bordeaux, saisi pour conciliation par le club, attestait à la DNCG que le club n’est pas en cessation de paiement.

Confusion

Mieux : selon Sud-Ouest, qui a pu consulter leur courrier adressé au président de la FFF Noël le Graët, avec la ministre des Sports Amélie Oudea-Castéra en copie, les administrateurs judiciaires désignés par ce même tribunal ont dénoncé des « erreurs manifestes » dans la notification de la FFF.

Ils épinglent des confusions entre des termes juridiques ou entre dates à propos de l’augmentation de capital de 10 millions d’euros par Jogo Bonito. Surtout, ils « constatent que la Commission d’appel de la DNCG, au mépris des dispositions légales en vigueur, n’attache aucune valeur juridique » à l’ordonnance du tribunal de commerce de Bordeaux. Celle-ci répond pourtant à une critique essentielle de la DNCG : malgré sa dette colossale, les Girondins sont en mesure de tenir leur budget de 40 millions d’euros pour la saison 2022-2023.

Le président des Girondins avait annoncé samedi, en marge de la marche de la survie, avoir mis en séquestre à la banque les 14 M€ exigés par la DNCG. « Le club a réuni les conditions pour évoluer en Ligue2 le 30 juillet, nous nous battrons jusqu’au bout pour que la justice soit respectée », prévient ce lundi le FCGB dans une conversation sur Twitter.

https://twitter.com/girondins/status/1546494480664109056

« Injuste »

Jeudi, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois s’était dit « révolté » que certains, aux premiers rangs desquels Noël Le Graët, fassent la comparaison avec des clubs qui ont dû repartir de zéro après avoir subi les foudres de la DNCG, comme Strasbourg, « qui ne payait même plus leur gazonnière ».

« Nous on n’a jamais failli à payer les factures de nos fournisseurs, on a un budget pour payer les salariés et les joueurs, tout est là pour réussir ».

Ce lundi, Nathalie Delattre, vice-présidente du Sénat, sénatrice de la Gironde et conseillère municipale de Bordeaux a publié sur Twitter un courrier cosigné par les députés de la majorité et par les trois sénatrices de Gironde. Ils demandent « solennellement » à Amélie Oudéa-Castera de « recevoir dans les meilleurs délais une délégation mandatée par le club » afin que le gouvernement se saisisse du sujet.

« La décision de la DNCG viendrait en réalité signer l’arrêt de mort de notre club, sa liquidation judiciaire. Nous ne pouvons nous y résoudre (…) puisqu’il serait profondément injuste qu’un club qui apporte de nombreuses garanties ne puisse être autorisé à intégrer la deuxième division masculine en intégrant les correctifs exigés. »

La sénatrice ajoute que condamner le club, c’est « mettre fin à l’activité d’une équipe féminine qui compte dans ses rangs plusieurs joueuses internationales ».

La semaine dernière, Alain Anziani et Pierre Hurmic avaient également écrit à la ministre des Sports. Elle leur avait répondu que l’État n’était « pas légitime à intervenir dans le traitement de ce dossier, qui répond à un cadre juridique précis ». Amélie Oudéa-Castéra avait néanmoins ajouté qu’elle serait « vigilante au respect des procédures, confiante dans la faculté des instances sportives et en particulier ici de la Conférence des conciliateurs du CSNOSF de permettre une conciliation, dès sa saisine, dans les plus brefs délais ».


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